Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
A chaque nouvelle sortie de Children of Bodom, et ce depuis 2005, je m’attends au pire, me dit que ces heures passées à écouter avec passion les premiers opus du groupe vont être renouvelées par un nouvel album qui combinera de nouveau ce côté heavy, mélodique et ce death efficace. Après deux albums légèrement au dessus de la moyenne qui ont marqué une nouvelle orientation du groupe vers un métal plus lourd et un tantinet plus thrash, ce n’est pas sous les meilleurs auspices que cet album est arrivé entre mes mains.
Après une première écoute, on fait le même constat que pour les deux précédents opus, à savoir que si certains titres sont assez catchys et restent en tête, l’essentiel du contenu de cet album va aller droit dans la grande poubelle des chansons de death mélodique, retrouver la discographie de Norther (à 3 exceptions près). « Relentless Reckless Forever » ressemble parfois à du Lazarus A.D un peu plus mélodique avec des riffs thrashy et une vois d’Alexi bien moins gutturale que par le passé. Mais surtout ce qui choque à mon sens, c’est l’absence de synergie entre les partitions de clavier et de guitare qui empêchent la plupart des titres de revêtir ce côté fédérateur qu’un HateCrew Deathroll avait pu avoir. Seuls certains passages sont un peu plus satisfaisants comme au beau milieu de Roundtrip To Hell And Back.
Ugly relève un petit peu le niveau avec des changements de rythmes et de tempos assez intéressant mais qui encore une fois donnent l’impression d’être décousues. On a l’impression que COB a tous les bons ingrédients, mais une mauvaise recette avec des chansons brouillonnes, sans réel fil conducteur. On se cantonne à trois-quatre passage de headbanging avant de se perdre dans ce flot incohérent de notes.
Côté mélodie, car c’est ce qui motive l’écoute de beaucoup d’entre nous, l’ensemble du groupe est toujours aussi technique et intense que ce soit dans chansons mid-tempo (Cry for the nihilist) ou plus rapides (Ugly, Not My Funeral). Certains solos sortent d’ailleurs du lot comme celui d’Ugly qui est bien plus groovy qu’à ce que Laiho nous a habitué. Néanmoins, la pression retombe assez vite à cause de l’omniprésence de ces leads destructurées à travers tous les titres. Et c’est là ou le bas blesse, dans Hatebreeder le jeu de guitare était au service de la composition. Dans cet opus, et comme sur Blooddrunk, le groupe néglige la cohérence et le caractère catchy de leurs chansons. Not my funeral est un exemple criant avec cette texture de clavier infâme sur tous les couplets qui frôle l’amateurisme.
Heureusement, certains titres sont vraiment punchys comme Cry of the nihilist ou Was it worth it ?, qui nous rappelle que même si Children of Bodom a abandonné depuis bien longtemps son côté « dark », il lui reste au moins cette énergie débordante. Le jeu de batterie, très enjoué et entrainant (bien que moins original que sur les anciens opus) y est assurément pour quelque chose.
Côté parole, Children of Bodom frôle toujours le néant. A vrai dire, avec des titres comme Shovel Knockout, Cry of the Nihilist et Northpole Throwdown, il ne fallait pas s’attendre à une revolution. De même pour la pochette, pour laquelle le groupe rivalise de mauvais goût avec celle de Blooddrunk.
Au fond, qu’est ce qui manque à cet album ? Si mon avis est relativement critique, c’est probablement parce qu’au fil des albums, les finlandais ont mis l’accent sur une musique rentre-dedans, privilégiant un jeu de guitare agressif, un son bien gras, à cette recherche plus mélodique voire progressive des premiers albums. Et on ne m’enlevera pas de la tête qu’Hatebreeder et des chansons comme Downfall constituent l’apogée du groupe. Certains de mes “confrères” ont réussi à dénicher au sein de cet album un ensemble d’éléments qui seraient “old school”, nous rappelant les débuts du groupe, mais je me place à l’opposé de cette these. Je pense que COB continue son bonhomme de chemin vers un metal mélodique champagne qui n’est pas dépourvu de sens, qui est efficace et toujours basé sur un jeu de guitare incisif, mais qui perd surtout à mon sens tout le charme de la musique originaire des finlandais. Cet album sonne en effet définitivement le glas du COB aux influences néoclassiques que j’aimais tant.
Je me fais vieux.
1. Not My Funeral
2. Shovel Knockout
3. Roundtrip to Hell and Back
4. Pussyfoot Miss Suicide
5. Relentless Reckless Forever
6. Ugly
7. Cry of the Nihilist
8. Was It Worth It
9. Northpole Throwdown
10. Party All The Time (Japanese Bonus Track)