Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Plutôt que de me lancer à corps perdu dans une chronique réalisée avant même la sortie de l’album, après tout juste quelques écoutes et quelques informations glanées ici ou là, j’ai préféré prendre mon temps pour digérer pleinement ce nouvel album, le dixième du groupe, intitulé Hexed. Grand fan du groupe depuis de nombreuses années, j’ai toujours alterné les moments de joie absolue et de frustration avec ce groupe. Soit à cause d’évolutions musicales difficilement compréhensibles pour un groupe aussi talentueux individuellement (évolution de la musique du groupe vers un metal plus direct, plus lourd, certainement moins technique et en tout cas moins porté sur les mélodies), soit à causes d’albums pas fondamentalement mauvais mais très (très) inégaux.
Il y a 4 ans désormais, le groupe avait sorti I Worship Chaos qui nous avait laissé une impression bizarre. Un album moins médiocre que le ventre mou de la carrière des finlandais (Relentless Reckless Foreveren tête) mais qui, en dehors de certains titres, flirtait avec l’insipide. Surtout, le groupe avait semblé bien moins inspiré que lors du précédent opus Halo of Blood qui nous avait redonné le sourire. Du coup, avec tous ces signaux contraires, difficile de savoir à quoi s’attendre et sur quel pied danser, surtout qu’il s’agissait du premier album avec le nouveau guitariste Daniel Freyberg.
Dans une interview récente où Alexi Laiho faisait son top 10 des albums de COB, il avait déclaré qu’il considérait Hexed(en 2ème position) comme une sorte de retour aux sources, un album qu’ils auraient pu composer à l’époque de Hate Crew Deathroll(son album préféré). De quoi s’enthousiasmer, donc. Et, à vrai dire, on ne pourra pas le contredire sur ce point. Le groupe avait déjà parfois renoué avec son passé sur des albums comme Halo of Blood en ayant de nouveau recours à des mélodies entêtantes et des riffs très thrashy. Je pense notamment au titre All Twisted qui, bien que résolument moderne, aurait tout à fait pu se retrouver dans un album coincé entre HCDRet AYDY?. Mais dans ce nouvel opus, plus aucun doute : Laihoa repris les choses en main. Et sans toutefois arriver au niveau de ses illustres prédécesseurs (Hatebreeder, Follow The Reaper ou Something Wild), Children of Bodom m’a bluffé en faisant enfin la part belle aux instruments de chacun et à la mélodie.
Inutile de faire une liste à la Prévert des moments qui sonnent comme le bon vieux temps - tout en apportant une grosse dose de modernité, évidemment - mais je ne peux résister à la tentation d’insister sur la très réussie Platitudes and Barren Woods. Des riffs et mélodies entêtants, un refrain puissant et un break génial. Dès la première écoute, j’ai retrouvé ce petit frisson que je ressentais étant gosse, en écoutant la musique du groupe. Ajoutez à cela une production vraiment bonne, un son puissant et bien défini pour un hit assuré.
Et le reste de l’album est du même acabit : This Road, qui débute l’album sur les chapeaux de roues avec des riffs à 100 à l’heure ; Under Grass and Clover qui renoue avec une voix façon Needled 24/7 et de nombreux leads tous inspirés ; ou bien encore Glass Houses et son énergie débordante. A mon sens, le titre qui illustre toutefois le mieux la musique actuelle du groupe est Hexed. Les riffs sont rapides, entraînants, la voix de Laiho gutturale à souhait, on retrouve également des chœurs sur le « Hexed ! », des fills de guitare placés un peu partout et, surtout, le titre fait un lien avec le passé en mêlant des mélodies néoclassiques comme à leurs débuts et des riffs plus rentre-dedans. Que l’on aime ou pas, Children of Bodom c’est ça aujourd’hui.
A ce retour aux sources et à un retour en grâce évident d’un Alexi Laiho qui a décidé de ressortir le bleu de chauffe, Children of Bodom n’en oublie pourtant pas ce qu’il est devenu depuis quelques années, à savoir un groupe qui fait la part belle au rendu live avec des riffs très lourds et un son de guitare beaucoup plus gras que par le passé. Le groupe poursuit dans cette veine avec Hexed. On pourrait notamment citer la très punchyKick in a Spleen et son break bien puissant ou la version remise au goût du jour de Knuckleduster (initialement sortie sur l’EP Thrashed, Lost & Strungout).
Autre fait marquant, on ressent une certaine noirceur et une mélancolie très prégnante dans beaucoup des titres de cet album - je pense notamment à Say Never Look Back ou Soon Departed -, et ce n’est pas sans me déplaire compte tenu du metal champagne sans profondeur souvent produit par le groupe ces dernières années. Il faut remonter à quelques albums pour retrouver une telle armosphère (Blooddrunk ?).
Tout au plus pourrait-on regretter que la seconde moitié de l’album ne soit pas du niveau de la première. Mais, quoi qu’il en soit, Children of Bodom nous livre ici un album d’une excellente qualité. Je ne pensais pas autant vibrer et écouter en boucle certains titres comme j’ai pu le faire par le passé. Le groupe ne renie pas son évolution mais nous offre sur un plateau un album qui ne manquera pas de ravir anciens fans et fans plus récents. Espérons que cet album ouvre une nouvelle ère dans la carrière du groupe, celle de la fin des albums faciles et d’un Alexi Laiho en mode service minimum.
Tracklist:
1. This Road
2. Under Grass And Clover
3. Glass Houses
4. Hecate's Nightmare
5. Kick in a Spleen
6. Platitudes And Barren Words
7. Hexed
8. Relapse (The Nature Of My Crime)
9. Say Never Look Back
10. Soon Departed
11. Knuckleduster