Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
1997, Espoo, Finlande. Cinq jeunes finlandais formant le groupe Inhearted viennent à bout d’un album dénommé Something Wild. Cet album, voué à une diffusion limitée par une petite maison de disque, va bénéficier de l’intérêt de Spinefarm Records qui va immédiatement signer le groupe. Inhearted changera dès lors d’appellation pour devenir « Children of Bodom ». Bodom provenant d’un fameux lac en Finlande qui fut, dans les années 60, le théâtre d’un triple meurtre jamais élucidé.
L’album démarre sur « Deadnight Warrior » et son fameux sample du film « Ca » de Stephen King. Dès les premières minutes, on constate à quel point la musique des finnois a évoluée à posteriori. Cet opus est sombre, et la qualification même de death mélodique peut être discutée. Les influences classiques sont évidentes dans « Red light in my eyes part II » dont les premiers arpèges ne sont que le premier thème de la 25e symphonie de Mozart et dont le refrain utilise les premières mesures du mouvement "Confutatis" du requiem en ré mineur de Mozart. Alexi Laiho emprunte dans ses compositions des éléments de Black métal en jouant notamment sur une voix bien plus criarde que sur les futurs opus et un accordage de guitare plus bas.
Cet album peut difficilement être classé et est l’un des précurseurs d’un métal qui se nourrit de diverses influences, black, heavy, mélodique, trash… Bien qu’extrême, l’écoute est fluide et ne lasse en aucun cas, quand bien même le black métal vous rendrait catatonique.
Des couplets épiques de «The nail » aux mélodies endiablées de « Red light in my eyes part I », le cœur de l’album est vraiment prenant. « Lake Bodom » reste probablement la chanson la plus aboutie dont l’introduction reste une référence et l’une des seules qui continue à être jouée par les finlandais. L’accord guitare/clavier est fort maitrisé malgré le jeune âge à cette époque des musiciens (Alexi Laiho et Janne Wirman n’avait que 17 ans). Laiho commence alors tout doucement à se forger une réputation de « Guitar Hero » notamment par l’épique outro de « The Nail » dont les passages en Sweep picking auront raison des nerfs des guitaristes en herbe.
« Touch like an angel of death », achève un album court (seulement 36 minutes), mais intense, dont les compositions témoignent de l’immense talent des jeunes finlandais.
Le bémol est évidemment à mettre sur la production qui est de piètre qualité. Néanmoins, j’ai tendance à croire que c’est ce qui fait le charme de cet album. Loin d’un son édulcoré et « trop carré » d’un Are you Dead yet ?, Something Wild mérite plus que jamais son appellation. Comme une substance insaisissable, sauvage… un diamant brut.
Cet album reste certainement le plus confidentiel de Children of Bodom dans notre pays bien qu’il eut un succès immédiat en Finlande. Même de nos jours, peu sont ceux qui se sont penchés sur cet opus. Bien que très hétérogène, le death/black mélodique qu’il contient est d’une grande qualité, et préfigure à ce qui sera un des plus grands groupes de death mélodique de ces dix dernières années. Il suffit de constater le nombre de vocations de guitariste que le groupe a crée, ou le nombre de groupe qu’ils ont influencés (Norther…). Malheureusement, s’il est oublié par les récents fans de Children of Bodom, il l’est également par les membres du groupe, qui n’ont pas joués la plupart de ces chansons depuis plus de 7 ans.
A ne pas manquer : Red light in my eyes part I, Lake Bodom, The nail.
1. Deadnight Warrior
2. In The Shadows
3. Red Light In My Eyes, Pt1
4. Red Light In My Eyes, Pt2
5. Lake Bodom
6. The Nail
7. Touch Like Angel Of Death