REVUE D'ACTU #26 : Vektor, Alexi Laiho, Wolvennest, Stortregn, Darkestrah, etc.
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Qui aurait cru que l'année 2021 commencerait avec un évènement qui a secoué le monde du Metal ? La disparition du frontman de Children of Bodom, dont Michaël vous parlera nous aura tous attristés. Mais ce début d'année ce sont aussi des sorties, et donc des ouvertures vers de belles promesses, quels que soient les styles, les origines ou la renommée. On a envie de croire que cette année sera faite de belles choses, qui vont nous ravir les oreilles. Et surtout que ces promesses déboucheront sur des scènes, devant lesquelles nous nous retrouverons. En attendant, on vous souhaite une bonne lecture avec ce premier partage de l'année par la rédaction et que les forces telluriques nous accompagnent tous en 2021 !
The Melvins
S.A.D.E : A l'écoute de Caddy Daddy, nouvel extrait du prochain album des Melvins, je me suis dit que King Buzzo et Dale Crover ont jeté un oeil dans le rétro et se sont dit qu'un retour vers un son et une composition typés 90's aurait de la gueule. Il y a en effet un côté rétro sur ce titre aux relents de stoner grungé (ou l'inverse), assez loin des bizarreries énigmatiques du dernier album en date, Pinkus Abortion Technician. Mais il n'a pas fallu longtemps pour que ces éternels allumés me donnent tort : en fouillant un peu pour les besoins de cette Revue, je suis tombé sur le deuxième titre relayé juste en dessous. Une drôle de reprise des Beach Boys acollé à un autre titre... Bref, The Melvins sait toujours aussi bien faire n'importe quoi et c'est pour ça qu'on les adore ! Working with God sortira le 26 février prochain chez Ipecac Records.
Wolvennest
Dolorès : Les étranges Wolvennest venus de Belgique nous ont dévoilé il y a quelques jours l'annonce d'un nouvel album ainsi qu'un premier titre. Le 5 mars, paraîtra Temple chez Ván Records, mais en attendant, nous avons « Disappear » pour découvrir l'orientation de cet opus.
Nouveauté notable : le titre nous permet d'entendre à nouveau Déhà, membre dans l'obscurité qui s'était déjà montré lors du fameux live au Roadburn au chant (et dans d'autres projets musicaux qui se comptent sur les doigts de 137 mains). Ce chant masculin, moins commun dans Wolvennest, est ici central, bien que les harmonies de Shazzula viennent consolider ses lignes très Moonspelliennes.
Dans l'ambiance, le morceau me rappelle pas mal (DOLCH) pour son côté titre s'étirant en boucle hypnotique parsemé de chants minimalistes et efficaces. Chant se transformant peu à peu en litanie avant de revenir sur le chemin tracé. De quoi rendre curieux(se) quant aux autres titres à venir !
Salò
S.A.D.E : Des samples de dialogues et de musiques des 120 Journées de Sodome de Pasolini vont et viennent au coeur de ce premier titre violent et incisif des Français de Salò. Entre Black Metal et Crust, avec donc des habillages de samples et de sonorités industrielles, ce premier contact ne se fait pas dans la tendresse. Le son y est opaque et mat, le riffing nerveux et haché, l'ambiance noire et haineuse. Difficile qu'il en soit autrement lorsque le matériau sous-jacent au concept est l'un des films les plus désespérés quant à la nature humaine et son rapport au pouvoir et à la puissance. Prévu pour février prochain sur le label Coups de couteau, Sortez vos morts s'annonce déjà comme une sortie à suivre de près.
Alexi Laiho
Michaël : De toute évidence, 2020 a été une annus horribilis avec le confinement, les décès liés à la pandémie, mais aussi une vague importante de décès majeurs dans le domaine de l'art (MF Doom, Kenny Rogers, Eddie Van Halen...). L'espoir d'une nouvelle année et d'un fin de pandémie devaient apporter son lot de réjouissances. Mais non, il faut qu'on apprenne le décès d'Alexi Laiho, guitariste de feu-Children of Bodom, pour venir nous accabler dès les premiers jours de 2021. Non pas que l'on ait été très surpris, les abus et problèmes de santé du charismatique guitariste finlandais étaient un secret de polichinelle, mais l'on ne s'attendait probablement pas à ce que cela intervenne si tôt. 41 ans, putain ! On avait tous hâte d'entendre ce qu'Alexi allait nous offrir avec son nouveau groupe Bodom After Midnight, mais la maladie en a décidé autrement, pour notre plus grand désarroi.
Tout a déjà été dit au sujet du guitariste finlandais. Indéniablement talentueux, il était idolâtré par tout un public qui a découvert le metal "extrême" à ses côtés, et vertement critiqué par d'autres, notamment pour ses facéties et l'évolution musicale du groupe. Quoi qu'il en soit, nous sommes nombreux à avoir grandi et évolué avec la musique du groupe, bercé par les mélodies de Something Wild, Hatebreeder ou bien encore Follow the Reaper. Children of Bodom (qui n'était pas loin d'être Alexi Laiho seul et quelques faire-valoir autour - difficile de prétendre le contraire, même pour un fan comme moi) a indubitablement atteint le statut de groupe culte de la scène Death mélodique et pour de bonnes raisons. Il n'y a pas deux groupes comme COB et il n'y avait pas deux types comme Alexi Laiho.
Un coup dur en ce début d'année. Pour l'honorer comme il se doit, je vous laisse avec l'un des meilleurs lives filmés du groupe, lors du Tuska de 2003.
Vektor
S.A.D.E : 2016 voyait le line-up de Vektor se réduire au seul chanteur/guitariste David DiSanto, et cette annonce pouvait laisser croire à la fin des princes du Thrash Progressif. En 2020 est annoncé le retour de Erik Nelson et l'arrivée de deux nouveaux membres, et en toute fin d'année le premier extrait d'un split avec Cryptosis (intitulé Transmissions of Chaos, il sortira le 25 février chez Century Media Records). "Activate" surprend par un format relativement court pour Vektor, mais à l'écoute on retrouve rapidement la patte du groupe : exécution à la rapidité folle, riffing tordu, son très tranchant. Pourtant il manque un je-ne-sais quoi au morceau pour être pleinement satisfaisant, une touche de la folie d'antan. La voix a également changé, moins stridente qu'auparavant. Pas d'accident total, mais léger bémol en attendant de voir la suite.
Sang Froid
Dolorès : « Il pleut sur Nantes », disait Barbara. Cette semaine, il pleut même du sang, des monolithes industriels et des chauve-souris sur une architecture emblématique de cette belle ville, cachée dans la pochette signée Newsålem, artiste nantais également.
Sang Froid, c'est un premier EP de trois titres qui revisite l'amour pour la musique gothrock/coldwave de trois musiciens, dont deux membres de Regarde Les Hommes Tomber et un de The Veil. Entre clin-d’œil évident à The Sisters of Mercy, orientation catchyDepeche Mode et pointe d'originalité et d'inattendu sans tomber dans le recyclage d'un autre siècle, Sang Froid a tout pour plaire aux fans de ce genre de musique. C'est d'ailleurs à nouveau une bonne manière de prouver que le chanteur est un profil à suivre, après la sortie d'Ascension il y a un an pour RLHT, dans un registre tout à fait différent. Je leur souhaite de premiers lives en 2021...
Darkestrah
ZSK : L’emblématique groupe originaire du Kirghizistan, Darkestrah, va bientôt signer son retour, 5 ans après Turan. Pour l’instant, seul un EP 3 titres est en prévision, Chong-Aryk. Qui s’accompagnera déjà d’un changement de line-up vu que 3 nouveaux membres sont intégrés au collectif. Qui prendra d’ailleurs une tournure vraiment internationale vu que Darkestrah, d’origine kirghize mais basé en Allemagne depuis bien des années, accueille deux musiciens… iraniens ! Qui font partie, avec le batteur/percussionniste Asbath, du groupe Nashmeh, mais on les retrouve également au sein de Beaten Victoriouses, Mogh et Tears Of Fire. Outre Magus, préposé à un certain nombre d’instruments traditionnels, il y a aussi la chanteuse Charuk. 7 ans après le départ de Kriegtalith, Darkestrah retrouve donc une de ses particularités. Ce premier extrait de Chong-Aryk, "The Gift of Mud and Venom", nous permet donc déjà de découvrir les vocalises de Charuk, qui sans surprise sont dans la lignée de celles de Kriegtalith, avec même un petit passage en chant clair au programme. Pour le reste, c’est du Darkestrah pur jus, avec quelques moments épiques et toujours ces incursions orientales et folk dépaysantes et des ambiances shamaniques, notamment pour l’intro. Dommage que ce morceau de 10 minutes soit un peu longuet, avec des compos Black-Metal un peu traînardes. Il va être difficile d’égaler à nouveau des albums comme The Great Silk Road et Manas (ce que Turan n’avait pas réussi à faire, tout en restant satisfaisant), mais on va attendre plus pour vraiment se prononcer, en commençant par les deux autres morceaux de l’EP…
In Tormentata Quiete
ZSK : Quatre ans après Finestatico, le groupe italien In Tormentata Quiete va faire son retour en bacs le 19 février avec un cinquième album nommé Krononota. Que dire si vous ne connaissiez pas encore la formation ? Que ITQ est un groupe assez formidable, sorte de Metal avant-gardiste théâtral mais avec de savantes touches extrêmes, auteur d’un véritable chef-d’œuvre en 2009 (Teatroelementale) et qui sinon a toujours sorti des albums plaisants et raffinés. Finestatico était d’ailleurs pour ma part son 2ème meilleur album derrière Teatroelementale, et il va falloir lui succéder. Morceau très enlevé, "Color Daunia" remet déjà en place toutes les particularités d’ITQ sans véritable surprise, entre ces beaux claviers, ce paysage mélodique éthéré et bien sûr l’alternance toujours si particulière entre vocaux clairs masculins et féminins, et ce chant Black ultra-criard. Et si Marco Vitale est toujours fidèle à ce dernier poste, ITQ a une énième fois changé ses deux autres vocalistes, Davide Conti et Samantha Bevoni (du groupe de Folk Metal Diabula Rasa) succédant respectivement à Simone Lanzoni et Irene Petitto (snifff). Cela ne change pas grand-chose au style ITQ dans l’absolu, bien que Davide Conti ait un chant un peu différent de celui de ses prédécesseurs. Un pur morceau d’ITQ, enchanteur et épique, ajoutant au passage quelques spoken-words déroutants, et toujours dans cette atmosphère très théâtre traditionnel italien (enfin, j’imagine). Ne reste plus qu’à attendre un gros mois pour découvrir si In Tormentata Quiete confirmera cette belle forme !
Evergrey
Storyteller : Evergrey a connu des périodes inégales ces dernières années, même s’il semble que le groupe soit sur une pente ascendante, ils doivent encore reconquérir une partie de leur public. Ils se voient d’ailleurs en pleine renaissance puisque leur douzième album s’intitule Escape of the Phoenix. L’artwork est magistral et "Eternal Nocturnal", ce deuxième single est un bon coup de poing dans l’oreille des fans. Car s’il faut reconquérir des auditeurs, le bande à Tom Englund montre ici ce qu’elle sait faire de mieux : du heavy, maîtrisé à l’extrême au tempo assez enlevé et surtout d’une régularité presque mécanique. La voix de Tom Englund est unique et transporte facilement des émotions. Sur ce titre, il respecte une ligne sans fantaisie, droite pour appuyer sur le côté heavy. Vous y trouverez une chanson classique dans la structure : quelques binômes couplet / refrain, des soli, un rebond pour appuyer la dramaturgie et une fin en feux d’artifice. Mais voilà, ça fonctionne, car les riffs sont bien trouvés et surtout ils portent la patte Evergrey, sans en faire trop, juste en flattant l’oreille de l’auditeur. Et surtout en lui donnant envie d’en entendre plus à la sortie de Escape of the Phoenix, le 26 février prochain chez AFM.
Stortregn
Prout : On s’en doutait avec le dernier album en date Emptiness Fills the Void mais ce nouveau morceau « Cosmos Eater » teasing du prochain album Impermanence des suisses de Stortregn dont la sortie est prévue pour le 12 mars 2021 chez The Artisan Era sonne le glas. Stortregn a bel et bien troqué son Black Metal à la Dissection pour un Death Technique scandinave, mais la mélodie elle, reste bien en place. On sent des influences suédoises prononcées, un côté jazzy et le tout nous donne un effet Obscura indéniable, la mélancolie en plus. L’interprétation sans faille de ce premier morceau laisse présager un album qui risque bien de surpasser l’intensité du précédent. A suivre de très près.