Slipknot célèbre son premier album à Paris !
Accor Arena - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Célébrer l’anniversaire d’un album fondateur d’une carrière est important. Pour le groupe en question, naturellement ; mais aussi pour les fans de la première heure qui veulent revivre ce moment et les fans plus récents qui étaient sûrement trop jeunes pour écouter en live leurs titres favoris. La pratique des groupes est assez disparate à ce sujet. La plupart se borne à faire un post sur les réseaux sociaux et exclut toute tournée spéciale (In Flames, on vous voit !) quand d’autres décident d’offrir à leur public un set dédié pour célébrer le bon vieux temps.
Forcément, quand Slipknot a annoncé une tournée spéciale pour les 25 ans de l’album éponyme, nous sommes nombreux à avoir exulté. Cet album, qui a bercé mes années collège avec Iowa, est un titre fondateur pour nombre de millenials qui ont découvert le metal par le prisme du néo à la fin des années 90. Même si Iowa a certainement eu une plus grosse résonnance médiatique, l’éponyme a projeté les Américains sur le devant de la scène avec une musique puissante et cette juste dose de sons et samples malsains qui ont longtemps résonné dans la tête de cette jeunesse.
Alors justement, ça donne quoi sur scène cet album ? Pour le dire simplement, c’était parfait. On savait déjà que les classiques de cet album étaient excellents en live, de la puissante « (sic) » en passant par l’hymne qu’est « Surfacing », la plus mélodieuse « Wait and Bleed » ou la pleine d’émotion « Purity » (qui est dans mon top 3 des titres du groupe). On savait également, depuis l’album live Disasterpieces, que « Eyeless » et « Eeyore » sont des bangers plein d’énergie. J’ai toutefois été fasciné « Only One », « Me Inside » et surtout « Prosthetics ». Ce dernier titre a été l’alpha et l’omega de la prestation du groupe ce soir. Le rendu des samples et autres sons étranges de l’album éponyme était un grand point d’interrogation avant ce soir ; tout a vite été balayé pour laisser place à un sourire immense sur mon visage.
Surtout que, contrairement au cœur des années 2000, le groupe a décidé de jouer les titres au tempo d’origine. Pas d’accélération comme à l’époque, ce qui a permis de respecter au plus près leur ambiance. L’introduction de « Prosthetics » est encore gravée dans ma tête ; tout comme un « Spit it Out » encore plus groovy que d’habitude. En parlant de groovy, il ne fait guère de doutes que l’immense prestation du soir est liée au nouvel homme fort du groupe, derrière les fûts. Eloy Casagrande a été absolument monstrueux de puissance, de précision et de groove, justement. Quel plaisir de l’entendre battre la mesure sur des titres dynamiques comme « Liberate » ou exigeants comme « No Life ». De toute évidence, cela faisait très longtemps que le groupe n’avait pas eu autant de talent dans ce compartiment. Une cure de jouvence.
Et les autres membres, alors ? La plupart des types ont désormais 50 ans. Espérer revivre le bordel inexplicable des concerts des années 2000 n’a aucun sens. Pour cela, on a le live Disasterpieces qui restera au panthéon de mes expériences live en vidéo. Et pourtant, cela marche toujours globalement très bien. Corey a ce charisme fou et continue d’être solide, les « nouveaux » apportent ce petit plus d’énergie qui vient compenser les historiques qui sont rattrapés par le poids des années. Pas parfait, mais vraiment bien.
Les choix opérés par Slipknot pour cette tournée ont d’ailleurs été assez convaincants. Pas de pyrotechnie, pas de tambours des percussionnistes qui s'élèvent, pas de batterie qui tourne sur elle-même. Les natifs de l’Iowa sont venus dans un show propre, carré, millimétré avec pour seule fantaisie des retours vidéo. A titre personnel, j’ai beaucoup aimé cette approche épurée, loin des standards passés du groupe qui en faisait parfois trop.
On peut cependant - légèrement - regretter la durée du set, d’1h15 tout juste. Le groupe n’a jamais été réputé pour faire de longs sets. Un show physique et la place laissée aux ambiances et aux samples (et donc à Sid) ont toujours guidé les prestations de Slipknot. Simplement, comme beaucoup de groupes l’ont fait par le passé, pourquoi ne pas jouer tous les titres de l’album en cause et ajouter trois autres bangers en guise de rappel ? C’est par exemple ce qu’avait fait Thy Art is Murder dans sa tournée d’anniversaire de l’album Hate. Slipknot a fait le choix d’une prestation monolithique et c’est tout à leur honneur ; la cohérence a porté ses fruits et le final sur « Scissors » a été absolument délicieux. Simplement, pour près de 100 euros le concert, on pouvait peut être espérer un peu plus… Et gare aux fans récents autour de moi qui ont découvert qu'il s'agissait d'une tournée anniversaire et, partant, ont vite déchanté.
On peut également regretter un son de guitare toujours aussi compressé et noyé dans le mix, qui ne permet pas de rendre leurs lettres de noblesse à des titres comme « (sic) », « Me Inside » ou la pourtant parfaite « Prosthetics ». Cela a toujours plus ou moins été le cas, j’ai rarement assisté à des prestations du groupe très clean au niveau du son. Dommage.
Quoi qu’il en soit, Slipknot a offert ce soir à tous les kids qui ont grandi avec leur musique le plus beau des cadeaux de fin d’année, celui de se replonger intégralement dans le meilleur album de leur carrière.
Je n’ai désormais plus qu’un souhait, que le groupe fasse une tournée anniversaire pour Iowa ; que je perde ma voix sur « Everything Ends », « I Am Hated » et « Gently ». Après ça, et seulement après ça, le groupe pourra partir à la retraite pour que jamais l’image de ce groupe qui a tant façonné ma jeunesse ne soit ternie.
Setlist :
(sic)
Eyeless
Wait and Bleed
Get This
Eeyore
Tattered & Torn (mixé par Sid)
Me Inside
Liberate
Frail Limb Nursery (samples)
Purity
Prosthetics
No Life
Only One
Spit it Out
Surfacing
Scissors
Crédits photos : Dan Virchow (@danvirchow).