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dimanche 9 février 2025

Bullet for my Valentine + Trivium + Orbit Culture @Paris

Zénith - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

La nostalgie ça marche toujours, surtout en musique. Nous avons tous tendance à assimiler des sons à certaines périodes de notre vie, leur donnant une importance ou une signification d'autant plus singulière. Alors forcément, quand deux groupes comme Trivium et Bullet for my Valentine ont annoncé une tournée commune pour fêter les 20 ans de leurs albums Ascendancy et The Poison, qui ont marqué toute une génération de jeunes metalleux, il était certain que le Zénith de Paris ferait salle comble et qu'on se replongerait tous dans notre époque collège / lycée. Un petit plaisir coupable assumé, pour une soirée pleinement réussie.

 

Orbit Culture

La tâche d'ouvrir le plateau du soir a été confiée aux Suédois de Orbit Culture qui officient, sur le papier, dans le death metal mélodique. Sur le papier car la musique du groupe va en réalité lorgner vers d'autres genres, du heavy au groove metal. Un mélange riche et le plus souvent réussi, avec en point d'orgue leur album Nija, sorti en 2020, que j'avais trouvé tout simplement remarquable.

J'avais déjà eu l'occasion de voir le groupe sur scène, au Bataclan et au Brutal Assault, donc je savais à quoi m'attendre. Et force est de constater que si les années passent, le groupe continue son bonhomme de chemin en maintenant les mêmes ingrédients : beaucoup de communication avec le public, du mouvement, de l'énergie et un Niklas Karlsson toujours en verve. Il est forcément difficile de les juger avec un son pas optimal (première partie oblige) et une setlist aussi réduite, surtout lorsqu'elle contient trois titres du dernier album (Descent, sorti en 2023 chez Nuclear Blast) qui m'a moins convaincu que les efforts précédents. Pas de quoi gâcher mon plaisir pour autant, le petit combo « North Star of Nija » en début de set et « Vultures of North » jouée en clôture assurant de lancer les hostilités de la soirée avec brio.

J'ai hâte de les revoir en tête d'affiche, dans de meilleures conditions.

Setlist :
Descent
North Star of Nija
While We Serve
From the Inside
Vultures of North

 

Trivium

Ce qui est assez amusant dans cette soirée, c'est que la courbe d'évolution des deux derniers groupes du soir est résolument différente. Là où Bullet for my Valentine a progressé assez doucement avec une carrière en dents de scie, alternant entre albums médiocres (Temper Temper en tête) et d'autres très bons (Venom et le petit dernier), Trivium a maintenu tout au long de sa carrière un certain succès d'estime en pondant d'ailleurs un dernier album qui en avait surpris plus d'un et qui avait été acclamé par la critique (et notamment votre serviteur !). L'étiquette de groupe des années 2000 leur a un peu moins collé à la peau, aussi grâce à la personnalité de son frontman, très présent sur les réseaux sociaux, et qui a assis peu à peu sa réputation de fin connaisseur du metal, bien au delà de sa propre scène.

Malgré tout, pour avoir vu le groupe un paquet de fois sur scène, la première étant lors de la tournée de promotion de Shogun, il est clair que ce sont les titres des années 2000 et d'In Waves qui continuent à soulever les foules. Et pour cause, certains de ces albums ont marqué au fer rouge les kids de la génération MSN. Avec une setlist du soir dédiée à Ascendancy sorti en 2005, Trivium nous a régalé du début à la fin. Le rendu live de cet album est, y compris pour les titres que l'on a pas entendu en live depuis très longtemps, excellent. Ma préférence va aux titres « A Gunshot to the Head of Trepidation »« Like Light to the Flies » et «​ Dying in your Arms » que j'ai toujours trouvé au dessus du reste.

A cette setlist de gala, vous pouvez ajouter un son plutôt bon, des lights riches et dynamiques, et des prestations sans le moindre accroc. En somme,Trivium a récité sa partition à la perfection, comme ils le font toujours en live. Le seul petit reproche que l'on peut faire est toujours le même : Matt Heafy peut exaspérer en live. La langue tirée toutes les quatre secondes, les comparaisons entres les villes visitées pendant la tournée pour essayer de motiver le public à montrer qui est le meilleur... Ces gimmicks se retrouvent depuis plus de quinze ans à tous les concerts du groupe ; si vous allez les voir régulièrement, cela peut lasser. Mais avec un jeu aussi propre, une voix bien posée et une énergie communicative, on pardonne aisément au virtuose ses petits errements.

Bien que l'objet de la prestation était de jouer Ascendancy en entier, Trivium a tout de même choisi de mettre un petit rappel d'un titre, pour maximiser son temps sur scène et offrir un petit « In Waves » des familles au public parisien. Tout le monde est assis, puis tout le monde saute, comme à l'accoutumée. L'occasion de se rendre compte que nos genoux, eux aussi, ont pris 20 ans ; mais on a survécu. L'occasion également de confirmer que lors de son passage récent à Bercy, Slipknot aurait pu faire l'effort de caler un petit rappel avec un ou deux titres en mode best-of à la suite de sa prestation dédiée à son album éponyme, surtout vu le prix... Mais ne revenons pas sur ce sujet brûlant !

Prenons simplement le temps de remercier Matt et sa bande pour ce bon moment. C'est toujours un plaisir ce genre de tournées d'anniversaire, surtout pour des albums qui ont marqué notre évolution musicale.

Setlist :
Rain
Pull Harder on the Strings of Your Martyr
Drowned and Torn Asunder
Ascendancy
A Gunshot to the Head of Trepidation
LIke Light to the Flies
Dying in your Arms
The Deceived
Suffocating Sight
Departure
Declaration
In Waves

 

Bullet for my Valentine

Bullet for my Valentine, c'est la définition même du petit plaisir coupable. Quand j'ai vu que le groupe interpréterait The Poison en entier, je n'ai pas réfléchi plus d'une seconde ; je savais que je serai présent. Comme pour beaucoup de personnes présentes au Zénith ce soir là, des titres comme « Tears Don't Fall », « All These Things I Hate (Revolve Around Me) » ou bien encore « 4 Words (to Choke Upon) » sont des marqueurs temporels. Je me rappelle encore des après-midis passées à jouer à NHL 2006 sur Playstation 2 dont la bande originale comprenait ce dernier. Enquiller des buts et des assists avec Joe Sakic, détruire des pitchs à la pomme et écouter Bullet for my Valentine, c'était ça le programme de l'après-cours.

Bien que le groupe ait évolué, il garde cette fibre un peu adolescente dans les titres, l'attitude et les thèmes évoqués. C'est pleinement assumé, d'ailleurs. Mais à cette légéreté s'oppose des prestations live qui, elles, ont pris du muscle et de la maturité. Pour avoir revu le groupe quelques fois ces dernières années, ce qui me marque le plus c'est à quel point leur son est devenu massif. Si leurs albums récents ne parviennent pas toujours à convaincre, il est indéniable que leurs prestations live ont pris une autre dimension. Les causes en sont multiples, mais il me semble qu'elles tiennent surtout à deux facteurs.

Le premier est que le groupe fait de plus en plus d'efforts sur la scénographie, très réussie ce soir avec ces écrans en forme de crâne, bien utilisés. Le second est que je suis convaincu qu'il s'agit du meilleur lineup du groupe depuis le début de sa carrière. Jason Bowld a énormément apporté au groupe avec son jeu de batterie puissant, tout comme Jamie Mathias dont les back vocals sont solides, en voix claire comme en growl. J'ai souvenir de m'être amusé en voyant au Motocultor 2023 des haters du groupe admettre, en serrant les dents, que ça sonnait bien plus fort que dans leurs souvenirs...

Il n'y a pas grand chose à dire sur la setlist du soir, quasi entièrement dédiée à The Poison. Si ce n'est que l'on aimerait, à l'avenir, que le groupe incorpore davantage de titres de cet album dans ces setlists, ou qu'il varie les plaisirs. Des titres comme « Hit the Floor » ou, surtout, « Room 409 » ont montré tout leur potentiel en live.

Et c'est après une grosse heure de jeu que les Gallois sont revenus sur scène pour un rappel de deux titres, appartenant à d'autres albums de leur discographie. La très récente « Knives » que je trouve réussie avec son rythme un peu martial et la grande classique « Waking the Demon » que je n'ai jamais trop aimée mais qui fait clairement le boulot. L'histoire de s'achever après une belle soirée. C'est d'ailleurs sous un tonnerre d'applaudissements que le groupe va quitter la scène du Zénith. Comme je le disais en introduction, la nostalgie ça paye. Nombreux sont ceux qui ne suivent plus le groupe depuis quelques années mais qui ne pouvaient rater pour rien au monde de pouvoir réentendre en live la bande son de leur adolescence. Et le pari a été réussi. Merci pour le voyage dans le temps, les amis.

Setlist :
Her Voice Resides
4 Words (to Choke Upon)
Tears Don't Fall
Suffocating Under Words of Sorrow (What Can I Do)
Hit the Floor
All These Things I Hate (Revolve Around Me)
Hand of Blood
Room 409
The Poison
10 Years Today
Cries in Vain
The End
Knives
Waking the Demon

Un grand merci à AEG pour l'accréditation et au Zénith pour l'accueil.

Photos