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jeudi 6 février 2025

Cattle Decapitation + Shadow of Intent @Paris

Elysée Montmartre - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

En ce mardi 4 février 2025, la belle salle de l’Elysée Montmartre accueillait le « Terrasite Reconquest Tour » avec beaucoup de death metal au programme : Vulvodynia (slam death), Revocation (death technique), Shadow of Intent (deathcore symphonique) et, enfin, Cattle Decapitation (deathgrind). Une soirée qui se présentait en réalité sous un format « double headliner », ce qui n’aura malheureusement pas réussi à soulever les foules…

Quoi qu'il en soit, concert en semaine oblige, j’ai malheureusement manqué les prestations de Vulvodynia et de Revocation et vous prie bien évidemment de bien vouloir m’en excuser. Je ne vais pas refaire un discours sur l’heure de début des concerts à Paris qui se marie assez mal avec certaines activités professionnelles. Bien déçu en tous cas d’avoir manqué Revocation, que je n’avais pas vu en live depuis 2013 lors d’une étrange date avec TBDM et Aborted à Savigny...

 

Shadow of Intent

Depuis 2022, Shadow of Intent a vu sa popularité exploser. La sortie de l’album Elegy, encensé par la critique, a certainement contribué à faire monter sa cote, en sus du vent en poupe dont bénéficie le deathcore symphonique dans le sillage de Lorna Shore.

J’avais grandement apprécié, comme beaucoup, la prestation remarquée du groupe au Glazart début 2023, en compagnie notamment de Enterprise Earth. La bande à Ben Duerr avait détruit les lieux et le public présent en masse dans ce qui restera, en dépit de mon amour très relatif pour le Glazart, une date marquante. Ce n’est donc pas vraiment une surprise de les retrouver en coheadliner de cette tournée qui passe par des salles plus grandes, en compagnie d'un groupe majeur de la scène death américaine.

Cette date à l’Elysée Montmartre était donc attendue, même si l’impatience était doublée d’une certaine inquiétude. Pourquoi me direz-vous ? Car si le groupe a toujours été solide dans les petites salles, il a soufflé le chaud et le froid sur les plus grandes scènes, notamment en festival open air. J’avais été déçu au Motocultor et au Brutal Assault en 2023, par exemple, où j’avais trouvé le groupe en deçà ; notamment en raison d'un déficit de puissance en live (un comble !).

Qu’en est-il en 2025 ? Avec un son globalement bon et un jeu de lumières plutôt réussi, Shadow of Intent a délivré ce soir une prestation qui a manifestement plu. Ben Duerr est, sans surprise, une immense machine en live ; Chris Wiseman est également très propre, tout comme Bryce Butler (en dépit de quelques pains en début de prestation). Simplement, autant le dire tout de suite, je ne parviens toujours pas à sortir de l’un de leur concerts avec une impression complètement positive. Le mix avec les backing tracks n’est pas toujours optimal, comme cette basse noyée dans le son. Surtout, l’absence d’un second guitariste me semble toujours aussi problématique. Compte tenu de la quantité de leads et de soli, la perte régulière d’une guitare rythmique vient affaiblir le son du groupe, ce qui n’est pas terrible pour un groupe de death qui joue autant sur le côté « too much » de son pendant -core. Ajoutez à cela un groupe qui n’est pas réputé pour être des plus mobiles sur scène et vous obtenez une prestation certes solide, mais qui manque de ce petit je-ne-sais-quoi pour marquer durablement.

Bien évidemment, je chipote sur des détails. Shadow of Intent a malgré tout proposé un concert très fort, notamment porté par une setlist solide et variée. Les Américains ont clairement mis à l’honneur l’album Reclaimer (« The Horror Within », « The Heretic Prevails », « We Descend » et même l’excellente « The Tartarus Impalement ») et Melancholy (« Malediction », « Melancholy » et « Barren and Breathless Macrocosm »), ce qui n’est pas pour me déplaire. Même si l’on a tous aimé Elegy, le groupe avait beaucoup poncé les titres le composant lors des tournées de promotion ; on ne se plaindra certainement pas de ces variations. Autre enseignement du soir : le nouveau single du groupe, « Flying the Black Flag », passe très bien en live. Son introduction survitaminée, son solo, son breakdown bien bête et son break sont vraiment des réussites, surtout avec un Bryce Butler qui excelle sur ce genre de titres. On espère que cela donnera des idées au groupe : on veut un nouvel album !

Après près d'une heure de show, les Américains quittent les planches sous des applaudissements nourris. Une prestation carrée qui confirme tout le bien que l’on pense du groupe. Ne reste plus désormais qu’à peaufiner quelques points pour faire de Shadow of Intent un des monuments du genre pour les années à venir.

Setlist :
We Descend...
The Horror Within
Intensified Genocide
The Migrant
Flying the Black Flag
The Heretic Prevails
Melancholy
Blood in the Sands of Time
Barren and Breathless Macrocosm
The Battle of the Maginot Sphere
Malediction
The Tartarus Impalement

 

Cattle Decapitation

Quel plaisir de revoir Cattle Decapitation sur scène, surtout après un dernier album (Terrasite) qui nous avait ravi, sur Horns Up ! Plaisir toutefois légèrement gâché par le constat d'un Elysée Montmartre très loin d'être rempli et qui, au surplus, s'est un peu vidé après la prestation de Shadow of Intent. On aurait aimé un meilleur hommage de Paris à ce groupe qui continue, année après année, à sortir des albums et des prestations live de qualité. C'est malheureusement le deal actuel des concerts !

Sur scène, la recette de Cattle Decapitation n'a pas tellement changé. Le groupe est porté par un Travis Ryan toujours aussi solide et facétieux entre deux titres,  un Josh Elmore très carré et un Dave McGraw dont la frappe est toujours aussi violente. Quel plaisir de l'entendre marteler ses fûts et taquiner la double, comme sur « The Prophets of Loss ». Il y a toujours, du reste, ces petits mots en français prononcés entre les titres, des gestes sympas pour le public ; le plaisir d'être sur scène est palpable et, surtout, communicatif.

Cöté setlist, et sans surprise, le groupe a fait la part belle à son petit dernier en jouant la surprenante « Scourge of the Offspring », la printanière « We Eat Our Young » et les deux très massives « Solastalgia » et « Dead End Residents ». On aurait aimé entendre un petite « A Photic Doom », mais on ne va pas trop faire la fine bouche. Pour le reste, rien que de très classique et efficace, avec un final sur « Death Atlas » en guise de petite madeleine. Le groupe n'a pas perdu de sa patte, de son énergie. Ce death à tendance grind est résolument plus varié et moins bête qu'il en a l'air.

En somme, Cattle Decapitation a fait du Cattle Decapitation. Rien de très original, mais toujours aussi efficace. On signe en bas de la page.

Setlist :
The Carbon Stampede
The Prophets of Loss
We Eat Our Young
Scourge of the Offspring
Bring Back the Plague
One Day Closer to the End of the World
Solastalgia
Forced Gender Reassignment
Dead End Residents
A Living, Breathing Piece of Defecating Meat
Plagueborne
Death Atlas

Un grand merci à Garmonbozia pour l'accréditation et à l'Elysée Montmartre pour l'accueil.

Photos