Dying Fetus + Chelsea Grin + Despised Icon + Vitriol @Paris
Elysée Montmartre - Paris
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Il fait froid, il pleut, le contexte géopolitique est tout aussi navrant que déprimant ... Y-a-t-il meilleur remède qu'une date de Dying Fetus dans la belle salle de l'Elysée Montmartre, a fortiori accompagnés de Vitriol, Chelsea Grin et Despised Icon ? La réponse est non ; et rien que pour ça, les concerts de Garmonbozia devraient être remboursés par la sécurité sociale. En attendant, retour sur cette soirée en texte et en images.
Vitriol
Pingouin : Lourde tâche que celle d'ouvrir un plateau pareil dans une salle de cette stature. Il est encore tôt, à peine 18h30, et Vitriol a au début de son set bien du mal à trouver sa place sur une scène où deux batteries sont encore bâchées pour les groupes à venir et où le backdrop de Despised Icon est déjà déployé. D'autant que les Américains ne sont que deux, car « notre bassiste s'est barré » explique le guitariste-chanteur. En effet, Adam Roethlisberger, membre fondateur, a annoncé son départ du groupe en milieu de tournée.
Toutefois, l'alchimie entre Kyle Rasmussen (guitare/chant) et Matt Kilner (batterie) fonctionne à merveille. Les deux virtuoses jouent avec charisme et enthousiasme : qu'importe le cadre pas foldingue de fin d'après-midi/début de soirée, le duo de l'Oregon livre une prestation incarnée et irréprochable, en grande partie grâce à l'énergie degagée par Kilner, tout en grimaces et en sueur derrière ses fûts. Le pit finit par s'ouvrir pour les deux derniers morceaux, le fantastique « Shame and its Afterbirth » et « The Parting of a Neck », et c'est mission accomplie pour Vitriol, qui quitte la scène sans s'embarrasser d'aucune frioriture.
Setlist:
I Drown Nightly
Violence, a Worthy Truth
Weaponized Loss
Victim
The Parting of a Neck
Shame and Its Afterbirth
Despised Icon
Michaël : Ma première fois avec le groupe date du Summer Breeze 2010, lors de la « tournée d'adieu » des Canadiens. Devant un public absolument hystérique, ils avaient absolument tout retourné lors d'une prestation sous tente qui m'a laissé un souvenir impérissable. Bien que peu friand de leur deathcore old school qui lorgne plus du coté hardcore que du côté death / brutal death de la scène deathcore moderne, difficile de contester que le groupe fait partie des patrons de la scène. Leur premiers albums - Day of Mourning en tête - sont des témoignages passés d'une scène qui avait pris tout le monde de court.
Forcément, depuis leur retour en 2019, leur statut d'anciens de la scène est toujours présent mais cela ne leur offre pas des masses de privilèges. Comme le dira Raton ci-dessous, cela fait un peu bizarre de les voir avant Chelsea Grin sur le line up du soir, mais, après tout, peu importe tant ils ont surclassé leur homologues Américains.
Portés par une setlist en mode best of et des conditions techniques plutôt bonnes, les Canadiens ont fait montre de leur énergie habituelle en offrant un show solide, énergique et plein d'humilité. Difficile de ne pas retourner direct à l'époque du collège ou du lycée en écoutant les riffs de « A Fractured Hand » ou bien encore la puissance de « Retina ». Alors certes, ce deathcore brut, sans effet, n'a pas toujours très bien vieilli. On est loin des grandiloquences des Shadow of Intent et consorts, mais il est bon de voir un groupe qui renvoie une telle énergie sans artifices, sans backing tracks, sans orchestrations. Un deathcore à l'ancienne comme on en fait peu, voire plus.
C'est en tous cas un immense plaisir que de voir le groupe revenir sur le devant de la scène. Outre le plaisir que l'on a de recevoir nos amis d'Outre-Atlantique et leur bel accent quebecois, qui plus est quand ils arborent un maillot de France 98, difficile de ne pas s'enthousiasmer pour les bangers que sont « MVP » ou les plus récentes « Snake in the Grass » et « Purgatory » venues clore le set. Merci, messieurs, pour vos vingt ans de bons et loyaux services.
Setlist :
A Fractured Hand
Snake in the Grass
Bad Vibes
The Aftermath
Retina
Furtive Monologue
MVP
Purgatory
Chelsea Grin
Raton : Chelsea Grin a toujours été un groupe un peu particulier dans la scène deathcore post-scene. Avec tous les codes de l’outrance de ce qui l’a précédé tout en adoptant un sérieux en décalage, il représente à mes yeux l’errance du deathcore et les difficultés qu’il a eu à se renouveler au cours des années 2010. Alors que pour moi Chelsea Grin a toujours été un second couteau, les voilà projetés au-dessus de Despised Icon, pourtant leurs aînés et patrons de la scène. Probablement car le groupe est plus actuel, s’est mieux renouvelé auprès de la nouvelle génération et a sorti deux albums récemment là où Despised Icon n’a rien publié depuis 2019. Pourtant, le constat reste amer, car les Américains sont deux crans en dessous des Canadiens.
Perdu entre les stigmates d’un deathcore crabcore syncopé et un gloubi-boulga deathcore moderne à atmosphère qui rappelle un mauvais Lorna Shore ou Fit for an Autopsy, Chelsea Grin paraît engoncé dans ses propres clichés, statique sur scène et peu fédérateur. Au chant, Tom Barber, ex-Lorna Shore, est excellent techniquement mais se retrouve perdu dans le mix, surtout derrière un timbre de guitare sourd et plastique.
Alors il reste bien quelques segments efficaces, notamment dans les breaks ou certains ponts, mais à cause d’une setlist disparate, principalement consacrée aux débuts du groupe (seulement deux morceaux des deux derniers ont été joués), le concert tournait trop souvent au mauvais goût.
Setlist :
Hostage
The Isnis
My Damnation
Crewcabanger
Playing With Fire
Dead Rose
Cheyne Stokes
Sonnet of the Wretched
Sing to the Grave
Recreant
Dying Fetus
Michaël : Il est difficile de décrire Dying Fetus. Le groupe produit une musique technique et racée mais elle conduit à ce que le public transforme immédiatement la salle en zoo de Beauval. Le groupe est absolument immobile sur scène, Sean Beasley et John Gallagher n'étant pas des showmen, mais à aucun moment on ne s'ennuie. Alors que, sur le papier, on a de bonnes raisons de douter de la qualité de ce que l'on va voir, c'est toujours bien en live. Dying Fetus est résolument un groupe de contraste. C'est en tous cas loin d'être la première fois que je les vois sur scène et je n'ai jamais été déçu. Jamais. Et ce soir n'aura pas dérogé à la régle.
Des lights pas terribles ? Peu importe. Peu de communication avec le public ? M'est égal. Un show de tout juste une heure et quelques ? Suffisant. Les Américains, bien aidés d'un son massif et très bien défini, ont mis en route leur rouleau compresseur habituel. Ils n'ont d'ailleurs pas vraiment fait dans la dentelle dans cette soirée avec une setlist qui prend des allures de best of du passé, accompagné de quatre titres du nouvel album qui trouve sa place dans le panthéon du groupe.
Dying Fetus n'a en effet rien trouvé de plus intelligent que de nous ouvrir en deux dès le début du set avec « From Womb to Waste », « Unbridled Fury », « Weaken the Structure » et « In the Trenches ». Les slammeurs sont légions face à cette prestation monolithique et fédératrice. Le groupe a vraiment cette touche très américaine en montant sur scène sans cérémonial, en jouant sans aucune interruption, en ne prononçant quasiment aucun mot pour le public et en repartant comme si de rien n'était, alors que la moitié du public panse ses plaies et soigne ses acouphènes. Quand on voit John Gallagher débarquer sur scène avec ses lunettes de comptable, on ne se doute en effet pas qu'une heure plus tard, on sera en soins palliatifs.
A mon sens, Dying Fetus fait partie du top tier des groupes de death metal en concert. La date de ce soir m'aura en tout cas convaincu, s'il en était encore besoin, que les Américains sont une valeur sûre en live et qu'il convient de cocher dans son calendrier chaque passage dans notre contrée.
Setlist :
From Womb to Waste
Unbridled Fury
Weaken the Structure
In the Trenches
Compulsion for Cruelty
Intentional Manslaughter
Dvout Atrocity
Raised in Victory / Razed in Defeat
Wrong One to Fuck With
Throw Them in the Van
Grotesque Impalment
Subjected to a Beating
Un grand merci à Garmonbozia pour l'accréditation et à l'Elysée Montmartre pour l'accueil.