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lundi 30 septembre 2024

Cannibal Corpse + Municipal Waste + Immolation @ Paris

Elysée Montmartre - Paris

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

À peine un an et demi après leur dernière date parisienne, les Américains de Cannibal Corpse étaient de retour ce lundi 23 septembre sur les planches de l'Elysée Montmartre. Pour l'occasion, les leaders de la scène de Tampa ont bénéficié d'une affiche plus cohérente - et solide - avec leurs amis de longue date Immolation, ainsi que les thrashers de Municipal Waste et Schizophrenia.

Retour sur cette soirée, avec les mots et les photos de Sleap et Michaël.

Sleap : Même si plusieurs de mes concerts parisiens annuels se déroulent dans ce coin là (Trianon, Cigale, Backstage by the Mill, etc.), je dois bien avouer que la dernière fois que j’ai foulé le sol de l’Élysée Montmartre, ce devait être avant l’incendie – autant dire une éternité. Je (re)découvre donc avec joie cette salle emblématique à l’occasion de l’une des plus grosses dates metal extrême de cette rentrée 2024. Deux des titans du death US accompagnés des cadors du crossover thrash, et le tout à guichet fermé !

Ayant oublié la fâcheuse tendance des concerts parisiens à commencer extrêmement tôt (dès 17h50 pour être précis), je n’assiste malheureusement qu’aux tout derniers instants du concert d’ouverture. Comme l’indique leur patronyme, les Belges de Schizophrenia pratiquent un thrash death dans la droite lignée du Sepultura de la grande époque – même si, du peu que j’entends, cela évoque bien plus Beneath the Remains et Arise que l’album précédent. Je suis donc le premier désolé de rater l’essentiel de leur prestation. Une prochaine fois, je l’espère !

 

Immolation

Sleap : Et histoire d’enchainer sur les frustrations, je suis également attristé de voir Immolation « ouvrir » dès 18h30 pour Municipal Waste. À cette heure-ci, une bonne partie du public est toujours dans les transports – voire encore au travail – et les mastodontes du death américain ne bénéficient que d’un modeste créneau de quarante minutes. Certes, les thrashers qui suivent ont aujourd’hui acquis un statut bien plus fédérateur, d’où leur place sur l’affiche, mais le fanboy en moi reste quelque peu inassouvi par cette courte prestation d’Immolation

Mais parlons-en tout de même un peu. Car oui, la bande à Ross Dolan reste toujours d’une incroyable classe sur scène. Arrivant sobrement sur l’intro du dernier album, les quatre gaillards, tous vêtus de noir, entament leur concert par une fournée de morceaux récents. À ce titre, Acts of God reste à mon sens le meilleur effort du groupe depuis Providence et c’est toujours un plaisir d’entendre le puissant « Age of No Light » ou l’inquiétant « Noose of Thorns » en live. De plus, le public présent est déjà bouillant dans la fosse derrière moi. Je me retourne d’ailleurs régulièrement tant le spectacle est presque aussi fascinant sur scène que dans le public. Aucune baisse d’intensité, y compris sur des titres plus solennels comme « A Glorious Epoch ». Mais, comme d’habitude, celui qui accapare l’attention est évidemment Bob Vigna. Le gratteux emblématique d’Immolation n’a rien perdu de son attitude scénique si particulière. Sa capacité à combiner un jeu death metal très dense (tremoli hyper cadencés, nombreuses harmoniques sifflées, soli fulgurants, etc.) et mouvements amples et quasi-robotiques en font toujours l’un des guitaristes les plus impressionnants du circuit.

Malgré la joie de revoir l’un de mes groupes préférés, je reste frustré par cette setlist un peu trop centrée sur les dernières sorties. Une bonne moitié de set est ainsi consacrée à la période 2013-2023, qui ne regroupe que trois albums sur dix ! Même si Immolation est l’un des rares titans du death américain à ne jamais avoir sorti de mauvais disque, je me languis d’une tournée consacrée à la période 90s ou même 2000s. Et histoire de continuer à pinailler, le son est encore assez brouillon en ce début de soirée. La guitare d’Alex Bouks est trop en retrait et les triggers de grosses caisses au contraire bien trop surmixés, notamment sur des titres comme « Kingdom of Conspiracy ». Mais j’arrête de râler, le jour où je serai véritablement déçu de revoir Immolation est encore loin d’être arrivé. Et à la vue du public, certains ont même l’air d’avoir pris une immense claque. Du vieux briscard ayant assisté à la toute première date européenne du groupe (au Gibus en 1989) au plus jeune venu découvrir le death metal en live, les sourires sont sur toutes les lèvres. À la revoyure, je l’espère pour un set un peu plus long !

Setlist :
An Act of God
The Distorting Light
Kingdom of Conspiracy
The Age of No Light
A Glorious Epoch
When the Jackals Come
Noose of Thorns
Father, You're Not a Father
Into Everlasting Fire

 

Municipal Waste

Sleap : Même si j’apprécie toujours Municipal Waste sur scène, ce concert était censé constituer une « pause » entre mes deux groupes préférés du plateau. Eh bien je suis surpris de le dire mais ce sera peut-être mon meilleur moment de la soirée finalement. D’abord posé au fond de la salle, je regarde avec amusement le début de set. Puis, les tubes s’enchainant à une vitesse folle, je me fraye un chemin dans un Élysée Montmartre maintenant plein à craquer pour finir à l’orée du pit. 

Tout le monde se rentre dedans, les slams pleuvent et les chorus sont repris par la quasi-totalité de la fosse. Mention spéciale aux fédérateurs « You’re Cut Off » et « Headbanger Face Rip » sur lesquels je lève moi aussi le poing. Mais en plus du véritable festival qui se déroule en fosse, je suis également impressionné par le show du quintet américain. Les deux gratteux et le bassiste au look identique (cheveux longs hirsutes, veste à patchs, bandana…) ne cessent de bouger sur toute la largeur de la scène. Tantôt pied sur le retour à scander les backing vocals, tantôt tous alignés à headbanger en rythme, ils déploient tous une énergie vraiment communicative. Et que dire du frontman Tony Foresta… Arborant le même style que ses comparses (veste à patchs en moins), il n’a de cesse de solliciter le public, que ce soit pendant ou entre les morceaux. Une vraie pile électrique ! Et à la différence d’autres groupes taillés pour le live mais trop calibrés et sans bavures, Municipal Waste dégage toujours ce caractère imprévisible. Ça descend aux barrières près du public, ça se décapsule une bière sur la ride du batteur, et le chanteur finit même par balancer dans le public deux énormes poubelles (heureusement vides) pour un boxon encore plus dantesque !

En plus de la doublette « Sadistic Magician » / « Slime and Punishment » qui ravage une énième fois la fosse, c’est évidemment le final sur « Born to Party » qui achève définitivement le public. Les « fuck you up ! » sont repris par la quasi-totalité de la salle alors que les two-step se mêlent au circle pits et aux slams de dernière minute. J’ai l’impression de décrire un live habituel de Municipal Waste mais il faut se rendre compte à quel point leurs shows sont impressionnants. Une attitude des musiciens à la fois décontractée et survitaminée ; aucun temps mort entre les morceaux (très important) ; des titres hyper véloces et en même temps extrêmement fédérateurs ; des conditions sonores optimales… Bref, un show à l’américaine, à la fois incroyablement carré et totalement bordélique. Je ne venais pas du tout pour Municipal Waste mais ça restera pourtant mon souvenir le plus marquant de la soirée.

Setlist :
The Executioner
Breathe Grease
Grave Dive
You're Cut Off
The Thrashin' of the Christ
Poison the Preacher
Crank the Heat
Headbanger Face Rip
Blood Vessel
High Speed Steel
Wave of Death
Sadistic Magician
Slime and Punishment
Under the Waste Command
Restless and Wicked
Pre-Game
The Art of Partying
Demoralizer
Born to Party

 

Cannibal Corpse

Sleap : En temps normal, on pourrait se dire qu’il est très difficile de passer après un show aussi déjanté. Mais ce soir, il s’agit de Cannibal Corpse et l’essentiel de l’assistance est déjà totalement acquis à la cause du groupe. Même si je trouve que « Blood Blind » ne constitue pas la meilleure entrée en matière, la fosse entre en éruption dès les premières secondes. Et l’arrivée du midtempo écrasant de « Scourge of Iron » vient justement enfoncer le clou. Même si ce n’est absolument pas le titre de Torture que je retiens le plus, je suis forcé de reconnaitre que le morceau a aujourd’hui acquis un statut de classique dans la setlist du groupe. Pour ma part, j’exulte en particulier sur « Disposal of the Body » que je n’avais pas entendu en live depuis près de dix ans (!!) mais aussi sur l’ultra-rapide « Unleashing the Bloodthirsty » qui est à nouveau joué à la bonne vitesse ! Je pensais que ce problème de tempo sur les dernières tournées venait de Corpsegrinder (qui ne peut évidemment plus débiter aussi vite qu’il y a vingt ans), mais c’était peut-être un problème de guitariste. La vigueur d’Erik Rutan était déjà venue redonner un coup de fouet au groupe en studio, mais c’est également le cas en live. Ce dernier est d’ailleurs le seul à véritablement se démener sur scène. Il headbangue autant que l’emblématique frontman, hurle également certains refrains, se déplace à plusieurs reprises, balance des médiators au public, etc. Certes, j’étais déjà un fanatique d’Erik Rutan avant son arrivée dans Cannibal Corpse, mais je suis honnêtement persuadé que sa venue fait vraiment du bien au groupe (ndlr : Erik Rutan a malheureusement dû quitter la tournée des Américains quelques jours après cette date, l'ouragan Hélène ayant impacté son domicile). 

Corpsegrinder, de son coté, est toujours un énorme moulin à vent. Autant par son headbanging circulaire ultra rapide que par ses interactions et annonces de morceaux identiques depuis plus de dix ans. « This one goes out to all the women out here » pour « Fucked with a Knife » ou encore « unfortunately, this is our last song » pour « Stripped, Raped and Strangled » avant d’annoncer le rappel. La seule différence réside dans le fait qu’il n’articule plus du tout lors des morceaux rapides. Triste mais compréhensible. Quant aux autres musiciens, ils sont toujours aussi statiques qu’avant, mais on y est habitués. Malgré un set fort classique dans la forme comme dans le fond (une setlist sans trop de prises de risque), les fans sont inarrêtables. On a même droit à deux walls of death dans lesquels, filles comme garçons, vieux comme jeunes, se mettent sur la gueule dans la joie et la bonne humeur.

Ce n’est clairement pas un concert inoubliable de Cannibal Corpse mais je suis très heureux de voir que les vieux briscards américains rassemblent toujours autant de monde. Et à ce titre, le rappel sur « Hammer Smashed Face » est assez beau à voir. Un titre que je suis presque las d’entendre, mais qui, à chaque performance, me rappelle à quel point il est fédérateur. Et c’est une formule que je peux finalement appliquer au groupe en lui-même. 

Setlist :
Blood Blind
Scourge of Iron
Inhumane Harvest
Chaos Horrific
Death Walking Terror
Disposal of the Body
Pounded Into Dust
Summoned for Sacrifice
Fucked With a Knife
The Wretched Spawn
Unleashing the Bloodthirsty
Pit of Zombies
Kill or Become
Staring Through the Eyes of the Dead
Stripped, Raped and Strangled
Hammer Smashed Face

Merci à Garmonbozia pour l'accréditation et à l'Elysée Montmartre pour l'accueil.

Photos