Dark Tranquillity + Moonspell + Wolfheart @Paris
Bataclan - Paris
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Ladies & Gentlemen, le death metal mélodique n'est pas mort ! Le metal mélodique n'est, d'une manière générale, pas en soins palliatifs ; il se porte au contraire à merveille. Et cela nous va à ravir, chez Horns Up, puisqu'il reste quelques chroniqueurs qui en sont des fans invétérés.
Voir une date regroupant Hiraes, Wolfheart, Moonspell et Dark Tranquillity faire sold out à la Machine du Moulin Rouge, puis être déplacée au Bataclan et faire de nouveau sold out, c'est un immense plaisir. Amoureux des bons riffs et de la mélodie, nous vous saluons !
Wolfheart
Varulven : Mon collègue Michael et moi avons malheureusement raté les Allemands de Hiraes. Mais d’après les échos glanés ça et là auprès de mes amis, leur prestation, loin d’être indigne, aurait eu à y gagner si elle avait bénéficié d’un bon mix toute la prestation. C’est un problème que l’on retrouvera à plusieurs reprises dans la soirée. Et que l’on verra malheureusement beaucoup chez Wolfheart. Présents depuis 11 ans sur la scène, les Finlandais guidés par le compositeur Tuomas Saukkonnen sont résolument prêts à en découdre avec nous ce soir, et l’on ressent toute la puissance et l'envie qui se dégage des musiciens.
Mais personnellement, c’est bien la seule chose qui m’aura marqué chez eux ce soir. Bon, je pense qu’il y a plusieurs facteurs qui jouent dans ce ressenti. Déjà un mix affreux, où seules les rythmiques et la batterie ressortent de l’ensemble. Et autant dire que pour du mélodeath, ça la fout mal. Ensuite, le fait que j’ai lâché le groupe après Shadow World et que la setlist soit axée sur les cinq albums suivants n’aident pas non plus. Mais je crois surtout, d’après ce que j’arrive à assimiler, que ce type de death mélo très moderne, qui mise davantage sur des orchestrations et des riffs saccadés, ce n’est pas ce que je préfère. Moi, l’amoureux de mélodies ciselées et d’atmosphères mélancoliques. Bon, sur ce, je vous laisse. Je vais plutôt me réécouter Dawn of Solace et Before the Dawn.
Setlist:
Strength and Valor
Zero Gravity
Burning Sky
The Hunt
Evenfall
The King
Grave
Moonspell
Varulven : C’est un peu l’intrus de cette soirée. Pour co-headliner un plateau essentiellement death mélodique, ce sont les Portugais de Moonspell qui ont la lourde tâche de nous chauffer avant l’arrivée de DarkTranquillity. Si on est d’abord surpris par une telle association, c’est au final assez cohérent. Pour compléter les vibes gothiques des derniers albums de Dark Tranquillity, rien de mieux qu’un des représentants de la scène goth metal des années 90. Avec toute de même une petite touche plus chaleureuse pour concurrencer la froideur du Nord...
Je n’ai jamais été déçu par Moonspell en concert. Que ce soit pour la qualité du son, l’attitude, le charisme, les compos. Et çe n’est pas ce soir que cela a changé. Contrairement aux deux premiers groupes, la qualité du son est bonne, et l’on peut profiter de tous les détails des titres joués. Pas une seconde n’est à jeter dans cette grosse heure de show. Les leads accrocheurs d’« Opium », les envolées sublimes de « Awake », les vibes goth rock et les gros refrains des titres d’Extinct. Sans oublier les atmosphères plus tortueuses d’« Abysmo » et les rythmes scandés d’« Everything Invaded » ou rageurs de « Night Eternal ».
Fernando est très en forme, il nous berce de sa voix de basse à la Peter Steele, nous violente de ses cris. Et nous charme avec son flegme et ses interventions en français, qui sont franchement loin d’être ignobles. Il ne manque plus que la doublette old school pour en finir définitivement avec nous. On chante en choeur sur la fédératrice « Alma Mater » et l’on se perd dans l’aura poignante de « Full Moon Madness », avant que les musiciens ne nous saluent longuement. Avec toute la classe et l’ humilité qui font de Moonspell un groupe unique et intègre. Força Portugal !
Setlist :
Opium
Awake!
Extinct
Abysmo
Night Eternal
Finisterra
Everything Invaded
The Future is Dark
Breathe (Until We Are No More)
Alma Mater
Full Moon Madness
Dark Tranquillity
Michaël : Tout juste deux ans après leur dernier passage à Paris, Dark Tranquillity était de retour sur les planches du Bataclan pour présenter son dernier opus, Endtime Signals, que l'on a beaucoup aimé au sein de la rédaction d'Horns Up. Comme nous l'avait indiqué Johan Reinholdz (ndlr : le guitariste lead) dans une interview cet été, l'idée derrière cet album était de ramener le côté plus rapide de Dark Tranquillity. On avait donc hâte de voir si cette volonté d'en découdre allait se retranscrire en live, tant pour ces nouveaux titres que dans la construction de la setlist.
Dès les premiers titres joués, Dark Tranquillity a confirmé qu'il est l'un des meilleurs groupes de la scène metal en live, tous genres confondus. On peut en effet s'interroger longtemps sur le sexe des anges, la reflexion est moins longue quand il s'agit d'analyser le rendu sur scène de la bande à Mikael Stanne. Tout y est propre, millimétré - du son jusqu'aux jeux de lumières, sans jamais perdre en authenticité et en humilité. C'est surtout ça, à mon sens, le point fort du groupe : à aucun moment il ne donne l'impression de pondre une prestation identique à celle de la veille. Il y a toujours un petit mot, une petite touche, une attention vers le public du soir.
Et ce ressenti est largement à mettre au crédit de Mikael Stanne, qui est rayonnant. C'est juste fou de faire montre, après toutes ces années, d'un enthousiasme et d'une émotion palpable. Pas de séances théâtrales à la Robb Flynn ; le frontman de Dark Tranquillity a de toute évidence une sensibilité particulière et voir le public parisien scander le nom du groupe et applaudir pendant de longues minutes le touche réellement. C'est beau à voir, à la vérité.
Cette émotion est surement encore plus forte pour le groupe quand il constate que sa fanbase est toujours aussi fidèle et répond avec enthousiasme aux nouveaux titres issus de Endtime Signals qui, tournée de promotion oblige, étaient particulièrement nombreux ce soir (6). Il faut dire que la plupart d'entre eux risque d'entrer dans les setlists best-of pour leurs prochains passages... On pense notamment au combo « Shivers and Voids » et « Not Nothing » qui est du meilleur effet et se marie parfaitement au milieu de la setlist du groupe que ce dernier veut souvent être l'instant émotion, pris en sandwich entre deux salves de titres plus fédérateurs et agressifs.
L'été dernier, Johan Reinholdz nous confiait, s'agissant de la tournée à venir, que « Nous allons essayer de changer davantage notre setlist parce qu'elle s'est un peu essoufflée ces derniers temps. Nous jouions les mêmes chansons encore et encore, donc nous essayons bien sûr de jouer beaucoup de nouvelles chansons du nouvel album, mais aussi de ramener d'anciennes chansons et des chansons qui n'ont jamais été jouées en live ».
Et ben ils n'ont pas menti ! Car côté setlist, justement, le groupe a visé assez juste en parvenant à balayer sa discographie. Alors évidemment, on aurait aimé que tel ou tel titre soit joué, surtout en provenance de certains albums qui sont souvent injustement délaissés ; mais quand on a autant d'années de carrière et que l'on cherche à promouvoir son dernier album, difficile de satisfaire tout le monde. D'autant plus que certains titres n'ont pas toujours bien vieillis ou ne sont tout simplement plus dans les tonalités ou le rythme des autres titres choisis, indéboulonnables comme nouveaux.
En dépit de ce constat qui vaut pour tout groupe qui a plus de 6 ou 7 albums, le groupe nous aura offert sur un plateau la très rare « Empty Me » ou bien encore « Cathode Ray Sunshine » qui est un délice en live. De quoi ravir tous les fans de la première heure qui ont surement vu le groupe en live un très grand nombre de fois et qui sont toujours en attente d'une petite pépite à se mettre sous la dent. Pari réussi.
Et que dire du final ? Il est toujours difficile pour un groupe de cette trempe d'abandonner les grands classiques qui font se déplacer le public. Il suffit d'ailleurs de voir l'enthousiasme général quand les premières notes de « Phantom Pain » et « ThereIn » ont résonné dans le Bataclan pour comprendre que Dark Tranquillity ne peut certainement pas se passer de ces bangers absolus. Alors forcément, aucune surprise quand le groupe nous a offert le combo final « The Wonders at Your Feet » (meilleur titre live du groupe ?), « Lost of Apathy » et « Misery's Crown » d'une traite. Pas de surprise ne signifie toutefois pas une absence de plaisir. Cet enchainement est parfait, tout simplement !
Dark Tranquillity fait partie de ces groupes qui font souvent l'unanimité en live, y compris en dehors du cercle restreint des fans qu'il génère. Et le concert de ce soir en aura encore été la démonstration la plus évidente. C'est avec un sourire jusqu'aux oreilles que l'on quitte la fameuse salle parisienne, en se disant que jamais on ne se lassera de voir les Suédois sur scène.
Setlist :
The Last Imagination
Nothing to No One
Wayward Eyes
Unforgivable
Hours Passed in Exile
The Dark Unbroken
Final Resistance
Cathode Ray Sunshine
Atoma
Shivers and Voids
Not Nothing
Empty Me
Our Disconnect
Phantom Days
ThereIn
The Wonders at Your Feet
Lost of Apathy
Misery's Crown
Un grand merci à Garmonbozia pour l'accréditation et au Bataclan pour l'accueil.