While She Sleeps + Malevolence + thrown @Paris
Elysée Montmartre - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
En ce mercredi 6 novembre, la belle salle de l'Élysée Montmartre accueillait une soirée placée sous le signe du metalcore avec, au programme, Resolve (France), thrown (Suède) et deux groupes natifs de Sheffield, en Angleterre : Malevolence et While She Sleeps. Des courants bien différents au sein de la scène metalcore, mais, au final, une soirée très cohérente - et sold out - qui aura manifestement ravi le public parisien.
thrown
Après s’être fait un nom dans la scène underground avec la sortie de son EP Extended Pain en 2022, le groupe a sorti son premier album complet en 2024, intitulé Excessive Guilt. Un album qui réussit le pari de proposer un metalcore très hardcore (un titre de plus de deux minutes étant une hérésie) à grand renfort de sons électroniques, sans sombrer dans les clichés éculés que l’on connait bien dans la scène. La raison de cet équilibre vient très certainement du travail de Buster Odelholm, batteur du groupe, qui n’est autre que le guitariste et compositeur principal de Humanity's Last Breath, qui nous a pondu l’un des albums de l’année en 2023. Les ambiances lourdes, ça le connait.
Et si thrown tire son épingle du jeu, c’est précisément en conservant ce côté massif sur scène. Peu de communication avec le public (Marcus Lundqvist arpente la scène de long en large sans s’user en discours), des lights minimalistes (i.e. un enfer pour les photographes) et un son bien massif pour une prestation bien meilleure que ce à quoi je m’attendais. Avec ce style musical, l’épreuve de la première rencontre sur scène est toujours une entreprise risquée ; on peut facilement être déçu par un groupe de metalcore peuplé de cool kids qui passent plus de temps à faire des pirouettes sur eux-mêmes et à poser pour le public qu’à délivrer une prestation qui n’est pas uniquement destinée à être en trend sur Tiktok. Et pari réussi, ce soir.
Dans leur plus pur héritage hardcore, le groupe enchaine les titres courts sans laisser le public de l’Élysée Montmartre respirer. Et si « on the verge » reçoit clairement la palme du public, c’est bien le final sur « grayout » qui a fini de me convaincre. Décidément, les pays du Nord savent tout faire dans le metal. On a hâte de les revoir.
Setlist :
guilt
dwell
backfire
parasite
dislike
on the verge
bloodsucker
nights
grayout
Malevolence
La crème, tout simplement. Au risque de me répéter avec mon live report du dernier passage du groupe à Paris, à Petit Bain, Malevolence est un immense caméléon dans la scène. Les Anglais sont en effet capables de séduire les fans de hardcore avec leur approche très pure, les fans de metalcore qui aiment breakdowns et passages chantés, ainsi que ceux qui ont plutôt tendance à lorgner vers le sludge, les influences de la scène de la Nouvelle-Orléans étant évidentes (notamment sur des titres comme « On Broken Glass »). La street cred' du groupe n'est plus à prouver, et elle est fortement supportée par des prestations toujours très solides en live.
Impossible de ne pas avoir envie de transformer le pit en champ de bataille lorsque « Life Sentence » résonne dans l'Élysée Montmartre ; deux breakdowns dans le même titre, entremêlés de riffs absolument parfaits. D'une manière générale, la setlist n'était pas particulièrement originale ce soir, si ce n'est le fait d'avoir joué « Trenches », nouveau titre sorti le jour même, lequel tire d'ailleurs plutôt bien son épingle du jeu. Pour le reste, rien que du très classique, dans les hauts (« Malicious Intent » pour démarrer le set est une excellente idée) comme les bas (j'ai beau aimer « Higher Place » sur album, elle peine toujours à trouver sa place entre deux titres bien dynamiques dont l'excellent « Karma », a fortiori dans une setlist courte). On peut espérer que, lors des prochains passages, le groupe variera un peu plus les titres joués, mais aussi leur placement dans la setlist.
Quoi qu'il en soit, Konan Hall aura encore sorti une grosse prestation vocale, de même qu'Alex Taylor. Vraiment, l'alchimie de Malevolence sur scène fait toujours plaisir à voir. C'est une parfaite combinaison d'expérience et de naturel ; rien ne semble calculé. En bref, ce fut un immense plaisir de revoir les Anglais sur scène, en attendant la prochaine.
Setlist :
Malicious Intent
Life Sentence
Still Waters Run Deep
Waste of Myself
Trenches
Karma
Higher Place
Keep Your Distance
On Broken Glass
While She Sleeps
Au risque de faire grincer des dents les lecteurs de ce live report, j'ai toujours eu un rapport délicat avec While She Sleeps. Conscient de l'immense talent du groupe et de la qualité certaine de ses compositions, j'ai toujours été échaudé par ses prestations sur scène, trop démonstratives à mon goût. Difficile pour moi d'assister à une alternance de titres très doux - presque mielleux - avec des titres plus agressifs ou enjoués, le tout avec un Lawrence Taylor en lunettes de soleil qui court partout et saute à la moindre occasion. Il y a toujours eu ce sentiment d'inadéquation entre le message véhiculé, l'ambiance des titres, et le jeu de scène du groupe. Cela m'avait d'ailleurs fortement gonflé lors de son passage en première partie de Parkway Drive il y a deux ans.
Ce soir était donc l'occasion pour moi de donner une nouvelle chance au groupe en live ; puisque je continue à écouter assidument ses sorties sur album, même si je dois dire que les derniers efforts m'ont parfois laissé de marbre. Et le sentiment à l'issue de cette soirée pourrait être : c'est mieux mais ce n'est pas encore ça. C'est toujours un peu frustrant de suivre le groupe sur scène, comme notamment sur l'émouvante « TO THE FLOWERS » où le bassiste continue de bouger dans tous les sens façon Texas In July...
Je dois toutefois admettre que la prestation était très solide. En toute objectivité, difficile de reprocher quoi que ce soit au groupe si l'on va au-delà de ma sensibilité personnelle. Le travail effectué sur la setlist a été très intelligent, bousculant l'ordre des titres auxquels on était habitué et en intégrant subtilement ceux du dernier opus sorti en mars dernier. Le groupe a même offert au public parisien deux titres qui n'avaient encore jamais été joués : « PIECE OF MIND » et « LEAVE ME ALONE » qui rendent globalement très bien. Sur un plan plus technique, les lights et le son ont bien servi la musique.
Ensuite et surtout, Lawrence Taylor a un charisme indéniable et est accompagné par le public dans ses moindres mouvements et sollicitations. Bien que, manifestement, une partie du public était venue pour Malevolence à en croire un Élysée Montmartre qui s'est légèrement vidé à l'arrière, le public était absolument en feu pour accompagner While She Sleeps pendant près d'une heure 20. Cela faisait longtemps que je n'avais pas vu cette salle s'enflammer autant en son cœur (ou peut-être avec Municipal Waste, il y a deux mois…?).
Au fond, le travail d'un chroniqueur est aussi de rendre à César ce qui appartient à César. Si While She Sleeps n'est pas fait pour moi en live, pour les raisons évoquées, il serait malhonnête de ne pas constater que le public a manifestement passé une excellente soirée et que le groupe dégage une aura conséquente. Quand on voit ce genre de soirées, on se dit que, contre vents et marées, le metalcore a encore de beaux jours devant lui. Et c'est tant mieux.
Setlist:
PEACE OF MIND
LEAVE ME ALONE
ANTI-SOCIAL
YOU ARE ALL YOU NEED
THE GUILTY PARTY
RAINBOWS
Trophies of Violence
Four Walls
SELF HELL
SYSTEMATIC
DOWN
Hurricane
ENLIGHTENMENT(?)
Silence Speaks
TO THE FLOWERS
SLEEPS SOCIETY
Un grand mercy à Veryshow pour l'accréditation et à l'Élysée Montmartre pour l'accueil.