Shawn

Anciennement responsable du webzine U-zine.org. Actuellement chroniqueur éclectique et live reporter basé à Toulouse.

Décidément, ce mois d’avril est définitivement le mois du hardcore. En effet, après Rised Fist, Rise of The Northstar, Madball, et à la veille du concert les légendes de Sick Of It All, Toulouse accueille les Canadiens d’Obey The Brave. Un mois qui met donc à l’honneur les pits ouverts, le bon gros riff beatdown qui cogne et qui permet également à quelques associations d’orga de concert de reprendre des couleurs. Et c’est justement Toulouse Hardcore Shows, que l’on avait senti un peu en sommeil depuis quelques semaines qui est sur le devant de la scène ce soir.

Curieusement, le passage à un jour d’intervalle d’Obey The Brave et de Sick Of It All en a fait tiquer plus d’un qui se demandaient pourquoi les deux dates n’ont pas été programmées le même soir, à l’instar du Day Of Hardcore à Angoulême deux jours plus tôt. En vérité, les asso SPM Prod et Noiser (organisant Sick Of’) avaient pourtant essayé de le placer le même soir qu’Obey pour organiser une grosse date hardcore mais la logistique des tournées en a voulu autrement et c’est donc sur deux soirs distincts que l’on retrouvera tous ces groupes. Et ce soir, place donc à Obey The Brave, Malevolence, Napoleon et Kublai Khan.
 

KUBLAI KHAN

Et pour débuter la soirée, place aux texans de Kublai Khan. Curieusement, un rapide coup d’œil à la salle suffit à se rendre compte que le public a pour l’heure peu répondu à l’appel du metalcore. Une impression qui se confirmera au fur et à mesure de la soirée. Qu’importe, les Américains ne sont pas venus pour faire dans le figuratif. Le combo, fondé en 2009 et rendant hommage à un Khan mongol du 13ème siècle nous propose un hardcore grassouillet, qui ne sera pas sans m’évoquer Knuckledust dans l’approche sonore (le coté ultra pêchu et beatdown en moins). Malgré une basse ultra grondante et une caisse claire super baveuse offrant un coté primaire et bestial à leur son, la sauce ne prend pas, la faute à un public encore froid et à une salle probablement trop grande au vu du public clairsemé.

Il faudra attendre le tout dernier titre pour que le pit s’agite enfin, lançant quelques mosh et two-step. La tronche de l’agent de sécurité placé devant la scène fût à ce moment magique, lançant une demande de renfort : « Ca s’excite dans la salle là … ». Le Metronum étant géré par la mairie, les agents de sécurité en costard cravate et oreillette en concert de metal et de hardcore m’ont toujours fait rire, en espérant qu’ils s’y fassent ! Bref, Kublai Khan, qui soutenait ce soir son premier album Balancing Survival and Happiness n’aura pas vraiment convaincu, la faute à un set sans réel surprise, une musique méritant encore un peu de maturité et à une prestation scénique  fade. Dommage.

Setlist Kublai Khan
Eyes Up 
Come Out of Your Room 
The Guilty Dog 
Color Code 
Blossom 
Dropping Plates 
Ghost Pains 
Balancing Survival and Happiness, Part I 

NAPOLEON

Fondé en Angleterre il y a 4 ans et fort de 2 EP, Napoleon fait parti de ces groupes dont on entend beaucoup parler ces derniers temps. Un espoir metalcore de chez Basick Records pour qui le label a semble-t-il tout misé. Le groupe était déjà passé cet automne sur Toulouse en première partie d’Architects et avait visiblement marqué les esprits puisque la formation semble déjà très attendue par le public. Un public dont les rangs ne se sont qu’à peine étoffés depuis l’ouverture des portes. Napoleon, c’est malgré tout le genre de groupe qui arrive à te lancer un circle pit dès le second morceau. Avec leur metalcore très alambiqué, les anglais nous emmènent dans leur univers, aussi saccadé qu’aérien, offrant des rythmiques décousues dans la construction. Le fait est, sur ces groupes particulièrement techniques, qu’il faut souvent un son impeccable, et clairement il ne l’est pas. Certes, ça n’est pas de la bouillie mais de nombreuses nuances notamment sur les lignes de guitare sont perdues dans la masse et l’ensemble perd parfois en cohérence. Néanmoins, le groupe, à l’image de son leader Wes Thompson se donne corps et âme, occupant l’espace et arpentant la scène de long en large. Le public, souvent timide se laissera emporter à nouveau dans un circle pit alors que Napoleon tire sa dernière cartouche.

MALEVOLENCE

On va être clair d’entrée de jeu. Malevolence, c’est le groupe qu’on attendait ce soir-là. La formation originaire de la cité industrielle de Sheffield en Angleterre, était passé sur Toulouse il y a quelques mois en première partie de Dying Fetus et avait marqué les esprits. C’est donc avec un immense plaisir qu’on les a revus annoncés en première partie d’Obey The Brave. Malevolence, donc, fondé en 2010 n’a sorti que très récemment son premier album Reign Of Suffering. Une sortie chez les mastodontes européens de Century Media qui a fait beaucoup de bruits. En effet, Malevolence réussit le magistral tour de force de mêler avec brio un hardcore beatdown avec des influences thrash et même … sludge.

Et clairement, dès les premières notes de Delusions of Fear, on sent que le groupe joue dans la catégorie au-dessus. Tantôt ultra rapide, tantôt lourd et écrasant, la musique de Malevolence alterne les ambiances tout en restant cohérente et efficace. Leur hardcore côtoie les rythmiques typée southern, donnant un coté rond et chaud à une musique déjà particulièrement agressive. Le public l’a bien compris et il n’a pas fallu attendre longtemps pour que le pit s’ouvre, laissant place à de furieux side-to-side ou à de sérieuses parties de mosh sur les passages beatdown. Axant principalement sa setlist autour de Reign Of Suffering, le groupe nous propose néanmoins un nouveau titre dont le nom nous a pour l’instant échappé. Grosse ambiance lorsque Serpent's Chokehold vient clore leur set, avec une rythmique presque southern metal gonflée aux hormones ouvrant vers un riff destructeur propice aux circle pits ardemment réclamés par le vocaliste. Bref, Malevolence nous a confirmé le sentiment de satisfaction qui avait suivi leur passage avec Dying Fetus. Nul doute que le quintet ira loin, une démonstration littérale de l’art de te latter les burnes avec classe et élan.

Setlist Malevolence
Delusions of Fear 
Condemned To Misery 
Reign of Suffering 
Eternal Torment 
In The Face of Death 
(Unknown)(new song)
Serpent's Chokehold 

OBEY THE BRAVE

Après la terreur beatdown de Sheffield, place donc aux canadiens d’Obey The Brave. Le groupe, fondé par Alex Erian suite au split de Despised Icon n’a pas chômé en 3 ans d’existence et nous a sorti pas moins de deux albums et un EP. Le petit dernier Salvation avait par ailleurs enfoncé le clou, confirmant Obey The Brave comme un des groupes à suivre sur cette nouvelle vague metalcore. Peu surprenant donc de les retrouver en tête d’affiche sur cette tournée. Cependant, on peut légitimement se demander où en serait le groupe s’il n’y avait pas eu Alex Erian et sa renommée acquise avec Despised Icon, puisqu’avouons-le, même si Obey The Brave sait offrir des titres pertinent, il ne propose en revanche  rien de foncièrement novateur. On semble parfois avoir affaire à des riffs déjà entendus, cuisinés à toutes les sauces. La question est donc posée …

Cependant, il faut reconnaitre que scéniquement, le groupe sait y faire, s’attirant naturellement la sympathie du public français puisque leur vocaliste québecois s’y exprime dans la langue de Molière. Et malgré le public toujours aussi peu nombreux (à peine plus d’une 100aine de personne au final) dans ce métronum un poil trop grand, Obey The Brave sait motiver son public, demandant à plusieurs reprise à leurs fans d’approcher de la scène, les sollicitant pour circle pit et autres wall of death. Alternant avec équilibre  entre les titres de leurs deux opus, certains morceaux, notamment ceux en français (C'est La Vie et surtout Garde la Tête Froide) y trouveront un très bon accueil. Live and Learn, que le groupe a plaque sur pellicule via un clip recevra également une chaleureuse réception du public.

Setlist Obey The Brave
Raise Your Voice 
Up In Smoke 
C'est La Vie 
Lifestyle 
It Starts Today 
Live and Learn 
Back in the Day 
Short Fuse 
Full Circle 
Garde la Tête Froide 
Grim 
Get Real 

En bref, on n’était pas beaucoup, mais on s’est bien éclatés. Merci à Toulouse Hardcore Shows pour la date, on les retrouvera dès le 20 Avril  avec The Ghost Inside au Saint des Seins. Mention spéciale pour les Malevolence, pour moi le groupe de la soirée.