Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Ce vendredi 17 novembre 2023, Petit Bain accueillait une tournée à ne manquer sous aucun prétexte : Sylosis, Guilt Trip, Justice for the Damned et, surtout, la tête d'affiche du soir, Malevolence ! Une belle occasion de voir les Anglais délivrer leur metalcore dans une salle - malgré tout - adaptée à la bagarre !

Sylosis

Journée de travail oblige, impossible pour moi d'arriver à temps pour voir les deux premières parties, à savoir Guilt Trip (hardcore - UK) et Justice for the Damned (deathcore - Australie). Un regret, comme toujours, mais on connait les règles du jeu avec ces line-ups pléthoriques et les fins de concert à l'heure où les poules se couchent ! J'entre donc dans Petit Bain pour le deuxième titre de Sylosis.

Je suis le groupe des natifs de Reading depuis un paquet d'années. J'avais d'ailleurs adoré leur premier EP (Casting Shadows) ainsi que leur premier album (Conclusion of An Age) en leur temps ; ils avaient soufflé un vent de fraîcheur sur la scène -core avec ce mélange de death mélo, de metalcore et de thrash. Un soin apporté aux compositions de guitare qui en faisait une sorte de Revocation light.

C'est donc avec une certaine attente que j'ai retrouvé le groupe, dans la mouture 2023 de son line up que je n'avais jamais encore vu sur scène (le bassiste est un petit « nouveau »). Le constat est toujours le même : ce mélange de metalcore et de thrash fonctionne à merveille sur moi en live. Des passages très rapides, des envolées lyriques à la guitare, un jeu de batterie limpide et des moshparts très efficaces. Si j'ai un peu lâché le groupe sur album au fil des dernières sorties (je n'ai d'ailleurs toujours pas écouté le petit dernier, A Sign of Things to Come, sorti en septembre dernier chez Nuclear Blast), je le retrouve exactement là où je l'avais laissé : de la bagarre à tous les étages, mais de la bagarre pas trop bête.

Avec une setlist logiquement tournée vers le dernier album (« Deadwood » est une boucherie !), les Anglais ont chauffé à blanc Petit Bain et parfaitement rempli leur rôle de supporting band. Une franche réussite.

Setlist :
Poison for the Lost
Pariahs
I Sever
Cycle of Suffering
The Blackest Skyline
Sands of Time
A Sign of Things to Come
Worship Decay
Deadwood

Malevolence

Ahhh, quel plaisir de retrouver Malevolence sur scène ! Ce qui est amusant avec ce groupe, c'est qu'il met d'accord des fans de genre différents. Amoureux de hardcore, de beatdown, de sludge, de metalcore et même de death se retrouvent pour venir mosher sur les douces mélodies des Anglais. Ce côté fédérateur se retrouve certes chez d'autres groupes (comme Dying Fetus, par exemple) mais avec Malevolence c'est peut-être un peu plus surprenant car le groupe a de nombreux titres très metalcore, genre dont on sait qu'il est raillé et boudé par une grande partie de la scène metal.

Quoi qu'il en soit, c'est après une prestations très aboutie au Brutal Assault l'été dernier que je retrouve le groupe sur la scène d'un Petit Bain entièrement acquis à leur cause.

Dès les premières notes de « Malicious Intent », c'est le giga bordel dans Petit Bain, qui vibre à tout va. La bière vole dans tous les sens, le moshpit part au quart de tour, quelques départs de rixe ici ou là. Bref, un peu de chaos. Chaos contrôlé, certes, tant le public parisien n'a que peu répondu aux très nombreuses invitations de Alex Taylor à venir sur scène pour slammer. Ce soir, c'était avant tout beaucoup de mosh (euphémisme), un peu de circle pit et un petit wall of death ici ou là.

Avec ce sourire à la François Damiens (impossible de me sortir cette comparaison de la tête), il y a une sorte de sincérité qui sort de la prestation du chanteur et plus largement du groupe. On pourrait gloser pendant des heures sur les ingrédients qui font un bon show, d'autant plus que cela dépend des styles musicaux. Mais il y a des piliers qui sont presque communs : un public investi, une communication idoine, un son excellent, des lights dynamiques et, surtout, cette impression que l'on vit un concert unique et que les musiciens sur scène le savent ; pas d'autopilote. Et avec Malevolence, on a jamais cette impression. L'humilité et le plaisir sont palpables.

Comme Sylosis, Malevolence est toujours en pleine promotion de son dernier bébé, Malicious Intent, sorti en 2022 chez Nuclear Blast. Du coup, forcément, le groupe a mis le paquet avec pas moins de six titres : « Malicious Intent » (branlée d'entrée), « Life Sentence » (avec le recul, le meilleur titre de cet album en live), « Karma » (pour actionner la boite à mandales), « Still Waters Run Deep » (un peu en deça des autres, peut-être), « Higher Place » (linstant émotion avec les lumières de téléphone allumées) et le petit final sur « On Broken Glass ». Ce dernier est peut-être la seule déception du soir : bien que plutôt bon, je trouve qu'il ne se prête pas réellement à une clôture de set.

Quoi qu'il en soit, au final, tout le monde a pu y trouver son compte. Les vieux de la vieille ont quand même eu de quoi se mettre sous les dents avec quelques classiques de leurs premiers LPs, Reign of Suffering et Self Supremacy, et les fans récents qui ont même pu entendre « Waste of Myself » tiré du split avec Thy Art is Murder et Fit For An Autopsy sorti cette année.

Et c'est devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, mais surtout de bleus, de traces en tous genres et un appareil photo qui aura péniblement survécu au bordel ambiant, que je quitte Petit Bain. C'était encore bien bête ce soir, Malevolence, comme toujours. Une musique qui fait ressortir nos instincts primitifs - voire primates. Un bonheur absolu, en somme.

Setlist :
Malicious Intent
Life Sentence
Waste of Myself
Still Waters Run Deep
Slave to Satisfaction
Self Supremacy
Higher Place
Serpent's Chokehold
Condemned to Misery
Remain Unbeaten
Turn to Stone / Wasted Breath
Karma
(Solo de batterie)
Keep Your Distance
On Broken Glass

Un grand merci à Veryshow Productions, au Petit Bain et aux groupes.