Baroness + Graveyard + Pallbearer @Paris
Olympia - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Il n'y a pas beaucoup de salles parisiennes plus agréables que l'Olympia - à capacité équivalente, naturellement. Alors forcément, j'étais ravi de m'y rendre pour assister à un concert au programme particulièrement alléchant : Pallbearer, Graveyard et Baroness. Retour sur cette soirée haute en couleurs.
Pallbearer
Difficile pour un groupe de doom comme Pallbearer d'ouvrir la soirée et d'emporter dans son sillage un public venu pour s'enjailler sur du rock assez dynamique. Non pas que les connections soient inexistantes entre les fans de Graveyard, Baroness et Pallbearer, mais la musique des natifs de l'Arkansas ne revêt résolument pas les mêmes caractéristiques, avec le risque évident d'un certain décalage.
Arrivé sur scène sans aucun artifice - fin des balances ou début du concert, personne ne sait vraiment, Pallbearer commence son set sur la pointe des pieds par « Silver Wings », tiré de l'album Forgotten Days. Les lumières sont minimalistes, les mouvements lancinants, mais le son, lui, est massif - comme toujours. Bien que n'étant pas un grand fan de doom, Pallbearer a ce petit je ne sais quoi qui permet l'immersion à ceux qui en prennent la peine. Et la prestation de ce soir n'a pas dérogé à la règle.
Naurellement, avec un set de tout juste 40 minutes, il ne fallait pas arriver en retard car les titres joués sont peu nombreux. Le public était d'ailleurs encore clairsemé - malgré un début de set à 20h ! - ce qui a pu laisser craindre au four absolu. Peu nombreux ne veut toutefois pas dire peu bruyant, puisque le public parisien présent ce soir a répondu chaleureusement à la prestation des Américains en dépit d'une lenteur naturelle du doom qui emporte rarement les foules.
Petit plaisir du jour avec les titres « Signals » et « With Disease », issus du dernier album Mind Burns Alive (sorti en mai dernier chez Nuclear Blast) qui sont plutôt de bon acabit en live. Pas des monstres de vélocité mais des monstres d'intensité ; Joseph D. Rowland (basse) et ses mouvements chaloupés ne sont pas étrangers au charisme que dégage le groupe en dépit d'un Brett Campbell très discret. C'est toujours assez plaisant de voir un groupe qui n'est pas trop « frontman-centré ».
En somme, Pallbearer a fait du Pallbearer. C'était lent, extrêmement lent ; mais, étonnament, cela dégage une force tranquille et un certain charisme naturel qu'il est difficile de contester. Reste qu'il était délicat de pleinement rentrer dans une telle prestation dans une salle aussi grande qui résonnait un peu vide, le gros des troupes attendant patiemment l'arrivée des stars du soir, Baroness. A revoir dans de meilleures conditions, donc.
Setlist (de mémoire):
Silver Wings
Signals
With Disease
Worlds Apart
Baroness
C'est toujours un immense plaisir de voir Baroness en live. Le groupe a cette faculté incroyable - qu'a la plupart des grands groupes - de pouvoir fédérer une fanbase qui va bien au delà des aficionados habituels du genre dans lequel ils évoluent. Il suffit de regarder la popularité du groupe et, notamment, à quel point ils sont capables de rameuter du monde en festival pour se rendre compte de l'« effet Baroness ». Le bouche-à-oreille fait bien son boulot en l'occurence. Hors festival, je n'avais pas revu le groupe sur scène depuis la première partie de Volbeat dans cette même salle de l'Olympia en 2019, donc autant dire que l'attente était forte !
L'attente était d'autant plus forte que Stone, leur dernier album en date (sorti en 2023 chez Abraxan Hymns), trônait fièrement en haut de mon top album de l'année dernière. Grand a été donc mon plaisir de voir que, tournée de promotion oblige, le groupe a profité de ce set d'une petite heure pour jouer trois titres : « Beneath the Rose », « Last Word » et « Under The Wheel ». Même si j'ai regretté de ne pas avoir entendu « Shine », que j'aime beaucoup, force est de constater que les titres du nouvel album sonnent très bien en live et viennent transformer l'essai d'un opus mature et maîtrisé. Je pense notamment à « Beneath The Rose » qui prend une toute autre ampleur en live avec un chant plus puissant ; une réussite.
Dans un épisode récent de Vivement Doomanche, on s'était interrogé sur les ingrédients nécessaires pour un bon live. La question de la setlist est naturellement revenue et on s'était notamment prononcé sur les groupes qui font varier leur setlist d'une date à l'autre. Parfois cela a du bon ; parfois cela fait un peu de mal quand on voit les titres joués dans les dates précédentes et qu'on adore. Ici, le bilan est délicat à faire car le groupe a joué l'excellente « Rays on Pinion » deux jours plus tôt en Italie, dans un set un peu plus long ; de quoi frustrer le public parisien qui n'a pas eu le droit aux mêmes cadeaux... On s'est toutefois vite réconforté avec « Swollen and Halo », que le groupe ne joue pas très régulièrement et qui est solide.
En tous cas, en tant que fan des albums Yellow & Green et du petit dernier, je dois dire que cette setlist condensée avait de quoi me ravir. On en vient juste à regretter que les albums Red et Blue soient au final peu représentés.
Car pour le reste, le groupe a rendu une copie absolument parfaite. Portés par un son excellent, des lights dynamiques et une énergie toujours aussi forte (Gina Gleason est incroyable en live), les Américains ont retourné l'Olympia, comme on pouvait d'ailleurs s'y attendre. Le final sur « Isak » et « Take My Bones Away » (meilleurs titres en live du groupe ?) a fini de remporter le coeur d'un public qui aura mangé dans la main de John Dyer Baizley toute la soirée.
Au fond, le seul regret est de ne pas en avoir eu plus. La faute à une tournée en co-headliner qui, par nature, réduit les temps de passage des têtes d'affiche. Avec la « crise » des tournées et le surenchérissement d'à peu près tout, ce genre de tournée va pulluler, à notre plus grand désarroi. Mais ne boudons pas trop notre plaisir, Baroness est décidement beaucoup trop fort ; savourons !
Setlist :
Last Word
Under the Wheel
March to the Sea
Beneath the Rose
If I Have to Wake Up (Would You Stop The Rain ?)
Shock Me
Swollen and Halo
Tourniquet
Isak
Take My Bones Away
Graveyard
Difficile de prendre la suite de Baroness après une telle claque. Et pourtant, et pourtant... Graveyard a réussi ce pari. Débarquant sur les planches à pas de loup, les Suédois ont embarqué le public parisien dans leur univers hard rock psyché résolument old school, bien aidés par un son très bon et des lights affreuses pour les photographes mais particulièrement immersives pour le public. Assez peu de communication avec le public, assez peu de mouvements sur scène en dehors d'un Joakim Nilsson possédé, mais la recette prend malgré tout assez facilement, les riffs entraînants y étant pour beaucoup.
Côté setlist, aucune grosse surprise : Graveyard aura joué 3 titres de leur petit dernier, 6 (« Rampant Field », « Twice » et « Breathe In Breathe Out ») et fait la part belle à ce qui constitue certainement son meilleur album - tout du moins en live : Hisingen Blues, avec pas moins de quatre titres joués dont l'excellente « The Siren ». Là encore, forcément un peu de frustration pour les fans du groupe qui n'ont pas eu une durée de jeu très longue à se mettre sous la dent. Un peu plus d'une heure de jeu, c'est assez peu au final pour un groupe comme celui-ci, où l'ambiance mise en place sur scène est au moins aussi importante que le reste.
Quoi qu'il en soit, c'est sur ce final « Rampant Fields », « Ain't Fit to Live Here » et « The Siren » que le groupe quitte la scène, sous un tonnerre d'applaudissements. A tous égards, le groupe est venu clore une soirée réussie, en dépit d'un Olympia loin d'être rempli. Vu le nombre de tournées actuellements dans nos contrées et le prix croissant des billets, difficile de blâmer le public de ne pas avoir fait salle comble pour une date pourtant très belle. Quoi qu'il en soit, gageons que nous reverrons prochainement les protagonistes à Paris car tout fut très intense dans cette soirée.
Setlist :
Twice
Please Don't
Breathe in Breathe Out
Cold Love
From a Hole in the Wall
Slow Motion Countdown
Hisingen Blues
Goliath
Uncomfortably Numb
Rampant Fields
Ain't Fit to Live Here
The Siren
Un grand mercy à AEG pour l'accréditation et à l'Olympia pour l'accueil.