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mercredi 20 novembre 2024

Hell's Balls Belgium J2 @ Courtrai

Kortrjik Xpo - Courtrai

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Matthias: Nous arrivons assez tôt pour cette seconde journée, et Kortrijk Xpo semble vraiment très peu remplie - oui, moins que la veille, alors que la soirée n'était clairement pas sold out non plus. Il faut dire que la programmation sera cette fois très différente, ce qui nous fait nous interroger sur le public que l'on va croiser. La journée restera certes éclectique, mais avec un accent très prononcé du côté du punk et du hardcore – raison pour laquelle j'écris pour Circé quelques lignes par-dessus son épaule.

Dimanche 10 Novembre- Jour 2
 

Report du jour 1

Groupes évoqués : STAB | Murphy's Law | Slomosa | Cro-Mags | Baroness Graveyard | Sodom | Heideroosjes | Agnostic Front |

 

STAB

Matthias : Ce sont les locaux de STAB qui ouvrent les hostilités avec leur hardcore moderne, tendance beatdown, et s'il ne fait pas foule, ils arrivent quand même à faire réagir une petite audience qui semble acquise à leur cause. Il faut dire que le groupe a de la bouteille : actif depuis 2008, il aligne quatre albums et une expérience certaine du live, y compris dans de gros événements comme le Groezrock. Bon, musicalement, on est sur quelque chose d'un peu trop moderne à mon goût, mais qui réveille avec plus d'efficacité que les cafés qui me permettaient de tenir jusqu'ici - pour arriver aussi tôt on a forcément hypothéqué sur nos heures de sommeil. L'humeur est bonne, l'envie de bouger est réelle, et on se sent d'attaque pour la suite.

 

Murphy's Law

Matthias : La suite en question, c'est Murphy's Law, qui n'a visiblement pas l'habitude de jouer si tôt. Parce que Murphy's Law c'est d'abord une légende du punk new-yorkais, active depuis 1982, quand même. Ensuite parce que son chanteur, James Drescher, alias Jimmy G, a visiblement beaucoup profité de sa soirée, après son concert de la veille à Hanovre, et il n'aurait visiblement pas craché sur quelques heures de sommeil en plus. Voire sur du sommeil tout court entre les deux sets, le connaissant.

Si le New-yorkais n'est pas forcément ravi de devoir monter sur scène si tôt et devant une salle aux trois quarts vides, il n'en est pas moins décidé à faire passer un moment inoubliable à celles et ceux qui ont fait le déplacement ; Car Jimmy G adore la Belgique, où il a de nombreux vieux amis qu'il salue d'ailleurs chaleureusement – c'est ça le vrai hardcore – avant de vanter longuement les bières locales. Le fait qu'il carbure à de la bête Jupiler n'y changera rien, ça reste la meilleure manière de se faire bien voir des indigènes. Il faut dire qu'il n'en est sans doute pas à sa première – du long du concert il éclusera plus que nous tous réunis – et qu'il est très motivé à donner de sa personne au plus près du public, à commencer par un « Crucial Bar-B-Q » juché sur la barrière, et repris en chœur par tous les punks dans la force de l'âge présents.

Drescher passera finalement plus de temps dans la fosse que sur scène, tandis que ses musiciens, imperturbables, assurent leur set. Il écluse, cause, blague, et parfois même, il chante ses classiques ; « Quest for Herb », « Don't Bother me », « Attack of the Killer Beers ». Et puis il se fiche gentiment du festival : « Hell's Balls ? » hurle-t-il en montant dans les aigus comme un porteur de spandex. « Why not Hell's Vagina !? I have been in hell's vagina... scary place ! » Bref, rien que du très bon goût avant d’enchaîner sur un « Panty Raid » de circonstance. Ça ne fait pas beaucoup de morceaux de Murphy's Law, d'accord, mais on n'est même plus vraiment là pour ça ; on est là pour déconner avec ce type rigolard qui, en vrai punk, s'assure que tout le monde passe un bon moment, même après s'être essayé au mazout (un tiers bière, deux tiers coca) – probablement le seul truc qu'il n'aime pas en Belgique. Ah, c'était fun.

Quoi de mieux pour reprendre son souffle qu'une transition radicale avec un concert de doom ? Ce style n'étant en revanche pas du tout la tasse musicale d'aucun d'entre nous, nous n'arriverons malheureusement pas à rentrer dans le concert de Pallbearer, et décidons de nous éloigner après les deux premiers morceaux. Nous vous invitons en revanche à jeter un oeil au live report de notre collègue Michael, qui a pu les voir sur la date parisienne de leur tournée et qui est bien plus à même d'en parler.

 

Slomosa

Matthias : La scène stoner vit bien depuis une paire d'année. De nouveaux fans et de nouveaux groupes remplacent à point nommé les vieilles machines, et Slomosa est un des phénomènes qui plane le plus haut, avec une paire d'albums que les Norvégiens défendent efficacement en étant toujours sur les routes. Pour ma part, je les ai découverts au dernier Rock in Bourlon, où ils ont traversé quelques turbulence avant leur concert, mais le report de Di Sab sur leur date parisienne du 11 novembre dernier me laisse penser que le phénomène Tundra Rock continue à prendre de l'ampleur.

Ici en tout cas, le groupe est attendu de pied ferme par un noyau dur de fans et, si Slomosa commence son set assez lentement, la fatigue peut-être, celui-ci montera progressivement en intensité. À partir de « Monomann » je dirais, le dromadaire est lancé sur sa vitesse de croisière, avant un « There Is Nothing New Under the Sun », sans doute LE tube de la setlist de ce soir, qui vient mettre tout le monde d'accord et qui fait bouger un peu plus que les têtes. Limite, c'est dommage que l'on soit en salle, car cela restreint (sans pour autant l'empêcher...) l'immersion olfactive, habituelle dans cette scène d'enfumés. Berdous fera d'ailleurs quelques blagues sur le fait qu'il espère que le merch' se vendra bien pour assurer les stocks d'aromates du groupe, mais franchement ça n'est pas nécessaire.

Super sympathiques, et talentueux, les Norvégiens font vraiment partie des formations récentes à voir absolument, qu'on aime le stoner ou pas – ils s'éloignent d'ailleurs assez des clichés du genre. Seul regret : un set fort court, mais c'est, hélas, la norme à ce festival.

Setlist:

Cabin Fever

Rice

In My Mind's Desert

Battling Guns

Red Thundra

Monomann

There Is Nothing New Under the Sun

Kevin

Horses

 

Cro-Mags

Matthias : Allez, retour à New York, avec un autre pilier de la scène hardcore locale – qui, d'ailleurs, était à l'Alcatraz cet été et m'avait fort commotionné depuis l'Helldorado. Avec Cro-Mags, on n'est réellement pas là pour rigoler, forcément, mais le temps de jeu est court, donc Harley Flanagan évite les longs discours, nous rappelle vite fait que c'est la merde en Ukraine, puis nous balance en rafales « World Peace » et « No One's Victim ».

Sauf que cette fois, le public n'est pas vraiment au rendez-vous. Par le nombre d'abord ; je n'ai vraiment pas l'impression que nous soyons beaucoup plus qu'en début de journée. Et par le répondant, surtout, alors que la fosse qui s'est formée spontanément reste désespérément vide. Et depuis la scène, ça se remarque, quand on s'appelle Cro-Mags et qu'il n'y a qu'une paire de gladiateurs qui s'évertuent à mouliner pour tenter de créer un cercle vertueux dans l'action au fond d'une arène trop grande.

Je ne réclamais pas que tout le monde participe à la foire à l'empoigne bien sûr, mais faire un peu attention au groupe qui joue, répondre à ses codes et ses injonctions, c'est aussi lui faire preuve d'un peu de respect. Bien sûr, on peut ne pas connaître assez bien Cro-Mags, ou le New York hardcore de manière générale - ce qui m'étonne quand même, vu l'affiche, ainsi qu'aux t-shirts aperçus dans la salle. Mais la grande famille du metal semble davantage préoccupée par s'enjailler au bar.

Enfin bref, il en faut plus pour démonter un Flanagan tout en mimique (pour ça, il faudrait taper en mégatonnes), et même si on est trois à l'accompagner, on gueule sur « Don't tread on me » tandis que Dom DiBenedetto, guitariste solide, fait chauffer son manche dans des soli qui font plaisir, trop rares qu'ils sont dans le style. Le groupe sue sang et eau, comme à chaque concert, prêt à faire fi de l’adversité comme de l'indifférence à grands coups de boule s'il le faut, et c'est, comme toujours, une vraie leçon de vie de la part de gens qui savent qu'elle est souvent merdique, mais n'envisageraient jamais de baisser les bras.

 

Baroness

Circé : C'est Baroness qui a la lourde tâche de succéder au set coup de poing de Cro-Mags, un des temps forts du week-end pour moi. J'étais en tout cas curieuse de voir la bande à John Baizeley, que je ne connais que très vaguement en l'écoutant en fond en travaillant. Sauf que la transition fut un peu rude, et on a tous un peu l'impression de se forcer un peu, de retourner dans la salle à reculons pour ce style de musique. Le gros problème de cette journée, c'est en effet qu'elle peine à trouver sa tonalité comme son public, avec deux styles de musiques extrêmement distincts. On le voit dans l'audience, très éclectique, qui ne correspond ni à un public de Roadburn, ni à celui du Ieperfest.

Les longs riffs progressifs et psychédéliques des Américains emplissent bientôt la salle dans une ambiance intimiste, lumières tamisées. Le groupe semble surfer sur une vague de popularité constante depuis un bon nombre d'années, devenu l'un des piliers d'une scène porteuse d'un son au croisement du stoner et du rock progressif à tendance psyché. Et il le prouve encore une fois ce soir : tout est carré sur scène, la moindre note travaillée, un son puissant et clair et un chant milimétré de John. Pourtant, malgré sa belle voix reconnaissable entre mille, je reste un peu de marbre. Ce n'est pas faute d'envie, mais je n'arriverai pas à vraiment rentrer dans le concert. C'est plutôt le genre de musique que je préfère mettre en fond plutôt que de l'écouter sérieusement, et couplé à l'humeur plutôt punk de la journée... Ce sera un petit raté pour moi. Mais au delà de ça, de tout point de vue, Baroness demeure une valeur sûre en live !

Graveyard

Circé : Je ne vous apprends rien, les revivals musicaux de toutes sortes sont à la mode depuis déjà une décennie ou deux. Dans la catégorie hard rock 70's, les suédois de Graveyard sont depuis 2007 une valeur sûre, en particulier depuis leur second album Hissingen Blues qui avait fait grand bruit, avec sa floppée de tubes rétro. Le groupe a sorti son dernier album, sobrement nommé 6, il y a tout juste un peu plus d'un an, et s'il manquait de morceaux vraiment groovy à mon goût, j'étais tout de même curieuse de voir ce qu'il allait en être en live.

Graveyard semble avoir ramené une petite fanbase ce soir, puisque je ne suis pas la seule à bouger gentiment en scandant les refrains dans les premiers rangs. On est loin pourtant d'un gros enthousiasme, lorsque l'on voit les grandes salles dans lesquelles les Suédois tournent en Europe, comme l'Olympia à Paris. Salle pleine ou non, Graveyard confirme en tout cas être un groupe plein d'énergie et de bonne humeur en live, le tout servi par une setlist riche de leurs meilleurs morceaux, comme les très dansants « Cold Love », « Please Don't » ou « Hissingen Blues ». Joakim Nilsson semble mettre un peu de temps à s'échauffer vocalement, puisqu'il faudra attendre « Ain't fit to live here » en fin du set pour l'entendre réellement monter dans les aigus. Mais un final sur un « The Siren » rallongé lui donnera l'occassion de nous donner sa meilleure impression de Robert Plant (après avoir fait le tour de la scène en dansant et en jouant au tambourin).

Hissingen Blues domine grandement la setlist à notre grand plaisir, mais les suédois parcoureront tout de même la quasi totalité de leur discographie. De trop nombreuses ballades cassent cependant un peu trop à mon goût la dynamique du concert. Certes, certains se plaindront que Graveyard n'a rien inventé. Mais c'est complètement assumé ; lorsque l'hommage est de bonne facture et effectué avec autant d'enthousiasme, on ne peut que s'en réjouir.

Setlist :

Twice

Please Don't

Cold Love

From a Hole in the Wall

Rampant Fields

An Industry of Murder

Hisingen Blues

Goliath

Uncomfortably Numb

Ain't Fit to live Here

The Siren

Sodom

Circé: Sodom est partout, tout le temps, ce sont eux maintenant les vétérans invétérés du bon vieux thrash deutsch qualität. Sans vraiment chercher à les voir, cela m'arrive tout de même assez régulièrement. Et avouons le, je ne m'en plains généralement pas, mais ce soir ne sera malheureusement pas la meilleure prestation du groupe à laquelle j'ai pu assister. Peut ëtre les ai-je d'ailleurs trop vus ces Allemands, car ce n'est pas le type de formation qui se renouvelle fort d'un concert à l'autre. Sodom a une réputation et une solide carrière sur laquelle s'appuyer, et avouons-le, on va les voir en espérant entendre de vieux titres. Ils le savent et nous le rendent bien, mais ne sont donc pas là pour tester de nouvelles choses sur scène.

Le groupe confirme d'ailleurs dès son entrée sur scène être une machine de guerre opérationnelle taillée pour du live. Gros son, bannières partout sur scène qui clament haut et fort « c'est l'heure du gros groupe tête d'affiche » (...qu'ils ne sont pas ce soir). Tout est codé, carré, chorégraphié, répond parfaitement au bingo du gros groupe metal. Un peu trop, même. Il y a une certaine dichotomie entre voir Sodom en live entre 2024, un son propre et massif et l'image d'un groupe vénère, old school et sale, hérité de leurs sorties 80's. La relative apathie du public joue aussi certainement dans mon ressenti : la salle était loin d'être vide, nous étions quelques enthousiastes... Mais le pit est resté, comme tout au long de la journée, quasiment vide, et le public fort stoïque et silencieux. « Agent Orange » et « Sodomy and Lust », sûrement les deux morceaux les plus connus joués ce soir, semblent raviver un peu la flamme dans l'audience, mais j'ai rarement vu un concert de Sodom aussi calme.

 

Heideroosjes

Matthias : Bon, pour le coup, je vais devoir me faire passeur culturel ; derrière ce nom imprononçable pour une bouche francophone se cache un groupe culte aux Pays-Bas, et par extension en Belgique néerlandophone. Fondé par une bande de potes d'école, Heideroosjes est actif depuis 1989 quand même, avec un passage chez Epitaph, ce qui pour du punk de cette génération équivaut à une consécration. Tout ça pour dire que ce groupe, pour les Bataves, c'est un peu l'équivalent de Green Day, l'arôme de fricandelle en plus.

Fort bien me direz-vous, mais de là à voir des quasi-locaux de l'étape en sous-tête d'affiche, et après Sodom, quand-même... Et je comprends votre désarroi, mais bon, les Néerlandais jouent en remplacement de Sick of it All, dont le chanteur Lou Koller fait face à une tumeur à l’œsophage. Ils dépannent, et on pouvait bien les placer au même endroit sur l'affiche, j'imagine. Bref ; ce qui suit tient donc de l'expérience anthropologique, devant une salle... ben toujours à moitié vide, en fait, vu que les vieux qui n'étaient là que pour Sodom sont retournés au bar. Et peut-être acheter au passage les médiators collectors que vendaient les Teutons, à 50 balles la boite de six. C'est qu'il y a une économie à faire tourner outre-Rhin. mais je m'égare.

Au moins ceux qui sont restés sont contents d'être là cette fois, et le montrent en reprenant en chœur une bonne partie des morceaux – ce qui m'exclut un peu, je dois bien l'admettre. N'empêche que pour qui garde une nostalgie du punk à roulettes, Heideroosjes flatte efficacement les souvenirs d'adolescence. Les sonorités trouvent la brèche vers notre cerveau reptilien et on s'agite avec un sourire un peu béât aux lèvres. D'autant que des morceaux comme « Scapegoat Revolution »- le groupe ne chante pas qu'en néerlandais – ou « Damclub hooligan » restent du très bon punk du début du siècle, avec des paroles très simples à beugler en levant le poing. Et pour qui est un cran plus bilingue, des petits pépites comme « Blijven Schreeuwen » et son « Ze willen dat we bang zijn bang zijn bang zijn » valent bien de perdre sa série sur Duolingo parce qu'on avait autre chose à faire de la soirée ; c'est de l'immersion, et c'est toujours bon à prendre.

Bon, ça serait mentir de prétendre être resté jusqu'au bout (et j'ai donc manqué la vision de plusieurs centaines de Flamands qui font spontanément « Vroem ! Vroem ! » tous ensemble, shame on me), mais n'empêche que Heideroosjes est un groupe aussi sympathique que vocal sur le fait d'être content de jouer ce soir. Si vous êtes du genre à arpenter les festivals punks de l'encore-plus-Plat-Pays l'été prochain et que ce groupe y joue, prenez le temps d'aller y jeter un œil, ça en vaudra la peine !

Setlist:

Psychic

Break the Public Peace

Scapegoat Revolution

Step Down

(Sick of It All cover)

Fistful of Ideals

Time Is Ticking Away

Damclub hooligan

Homesick for a Place That Does Not Exist

Blijven schreeuwen

Lekker belangrijk

We're All Fucked Up

Ik wil niks!

Ik zie je later

Nothing's Wrong

I'm Not Deaf (I'm Just Ignoring You!)

Sjonnie & Anita / Klapvee / Madammen met een bontjas / Tering tyfus takketrut

United Scum

 

 

Agnostic Front

Circé : Petit encart personnel : si vous suivez ce webzine un peu régulièrement, vous n'avez encore jamais rien lu de ma part sur du hardcore. Mais j'ai beau ne m'y connaître que très peu dans le style, j'ai tout de même grandi en étant exposée à une certaine quantité de punk. Et donc par extension, quand j'entends du hardcore old school, ça me parle. Et donc oui, sans vous prétendre être la plus grosse fan d'Agnostic Front de cette rédac', le groupe fait partie de ce que je peux apprécier. J'avais hâte de voir « the godfathers of hardcore », la légende de New-York sur scène, de scander des refrains fédérateurs (à défaut de pouvoir aller me défouler dans le pit, faute de problèmes de santé), et dde perdre une bonne partie de mes neurones.

Enthousiasme qui s'est transformé en incertitude au fil de la journée au vu du public très peu punk et très stoïque, même sur des groupes metal qui pourraient inviter à bouger. Avoir de si gros noms de la scène East Coast à l'affiche laissait penser que ce second jour attirerait un public adéquat, mais les vieux punks de Belgique ne semblent pas au rendez-vous (préférant sûrement se rendre à Eindhoven quelques jours plus tard pour le Revolution Calling). C'était un pari risqué au niveau de la programmation de ce festival, qui se serait résorbé facilement sur un plus gros événement tel que l'Alcatraz... Mais ici, l'inadéquation se ressent un peu plus.

Ce n'est donc pas la bagarre quand Agnostic Front arrive sur scène. La bagarre se fera attendre toute la journée, et ne viendra jamais vraiment (force à mes deux compères de la soirée qui ont maintenu le pit presque à eux seuls). Le seul dégât à déplorer sera un pauvre festivalier un peu trop ivre, qui tombera raide en essayant de mosher et devra être évacué.

Pourtant, sur scène, Roger Miret est toujours aussi balèze et charismatique. Son chant sent parfois un peu la fatigue – il faut dire que les gars tournent sans répit et n'ont plus vingt ans – mais son attitude à la fois brute de décoffrage et pleine d'enthousiasme fait toute la différence. Malgré un public bien moins énergique que ce qu'il doit en avoir l'habitude, il s'en amuse bien et nous demande d'aller serrer la main de notre voisin de gauche et de droite, avant de nous demander gentiment si on pouvait se bousculer les uns les autres. Fais toi des potes puis mets leur des patates en toute amicalité, c'est peut être un bon résumé de l'attitude des gars. Mais la démarche n'aura que peu d'effet. L'expérience sociale en valait en revanche la chandelle. les regards n'osent pas se croiser, puis chacun.e semble se rendre compte que telle personne le fait... Et mes deux voisins finissent finalement par me serrer la main.

L'ambiance de la soirée bénéficiera tout de même de la présence d'un bon petit nombre nombre de choristes dans le public, à gueuler « Crucified! Crucified for your sins! », ou à chanter les refrains de « Old New York » ou « For My Family ».

« Gotta Go » restera bien sûr le temps fort du concert, qui semble être le seul morceau que beaucoup ici connaissaient tant j'ai l'impression de vivre un réveillement collectif du public. La setlist, qui varie les morceaux coups de poing et les mid-tempo fédérateurs en parcourant une grande partie des 40 ans de carrière du groupe, fera un petit passage humoristique avec « Pauly the Dog » avant de finir sur une reprise des Ramones. Le tout avec une floppée d'apparitions surprises sur scène, quelques gars en tournée avec eux, un de leurs potes locaux du groupe belge Do or Die, ou encore Flannagan de Cro-Mags sur  « Power » .

Bref, on aura perdu moins de neurones que prévu, mais on en ressort tout de même avec le sourire. Et pour l'ambiance, ce ne sera que partie remise.

Setlist :

AF Stomp

The Eliminator

Dead to Me

A Mi Manera

My Life My Way

Only in America

Old New York

For My Family

Friend or Foe

Crucified

Victim in Pain

All is Not Forgotten

Peace

New Jack

Pauly the Dog

Power

Gotta Go

Police State

Addiction

Blitzkrieg Bop

 

***

Conclusion : Merci et bravo à l'Alcatraz pour l'organisation de ces deux belles journées ! C'est la seconde édition du Hells Balls, et la première sur deux jours, et on a déjà là une belle programmation, à la fois éclectique et de niche. Cela a ses inconvénients, bien sûr, comme on l'a vu sur le second jour, où l'on avait du mal à estimer pour qui le public avait fait le déplacement. Mais la demande pour des festivals hivernaux, de taille plus modeste, est réelle, et on espère donc voir celui-ci prospérer. L'organisation est sans reproche, à part peut être un léger manque de places assises, surtout quand on voit le grand espace à disposition que représente la Kortrijk Xpo. La selection des food trucks étaite excellente ; avec peu de stands, on avait là un large choix, dont plusieurs options végé' et vegans, sans oublier d'excellentes frites et croquettes de fromages (qui sont donc les vraies hell's balls).

En fait, ce Hell's Balls Belgium a tout du festival d'été en indoor - ce qui est assez logique, vu sa parenté avec l'Alcatraz. On y retrouve la même orgainsation rodée (aucune file d'attente, nulle part), et une certaine bonne humeur, accueillante, typique de la région. Mais avoir un toit sur la tête, mine de rien, ça change beaucoup de choses. L'espace ne manque pas à Kortrijk Xpo, heureusement, mais le bar et sa sono' prennent beaucoup de place quand même, surtout pour les tympans. Or il est plus difficile, dans une salle, de trouver un endroit où s'asseoir et surtout se parler normalement sans se sentir noyé par le karaoké d'à côté.

Ce qui manque à cet événement, en fait, c'est seulement un peu plus de communication : les informations sont maigres et vites noyées sur les réseaux sociaux au milieu des news de l'Alcatraz. Le festival peut, certes, se reposer sur la réputation locale de son grand frère estival et sur le relai des groupes programmés, mais un peu plus d'information, une page dédiée distincte, etc, pourraient aider le Hells Ball's à s'attirer un public plus nombreux.

Merci à l'Alcatraz pour l'accréditation. Un merci plus personnel à Matthias, Felix et Fab' pour la bonne compagnie et l'aide pour cet article !