T'façon, je préfère Aphex Twin.
Annulations de festivals, organisateurs de concerts en difficulté, salles au bord de la fermeture. Le COVID-19 continue de mettre à genoux l’industrie musicale et forcément, les artistes émergents subissent de plein fouet l’épidémie, retardant leurs possibilités d’expier sur scène un talent qui ne demande qu’à rugir. Les Parisiens de Wolfpack et leur Hardcore/Beatdown allègrement grindé au Death Metal en sont le parfait exemple.
Programmé au, désormais annulé, Hellfest et la suppression pure et simple de leur tournée en compagnie de Get The Shot et Brutality Will Prevail (un tremplin en or pour le groupe), Wolfpack va devoir s’armer d’encore un peu de patience afin de pouvoir confirmer sur scène tout le talent qui transpire sur les productions du groupe.
Et si vous n’aviez pas encore entendu parler de Wolfpack, la sortie de A.D., nouvel EP des frenchies, me laisse penser que c’est peut-être bien le bon moment pour se lancer dans l’aventure viscérale, âpre et sans pitié d’un groupe qui pourrait bien faire la nique aux grosses montures américaines d'ici quelques années et ce, en utilisant les meilleures armes dont disposent déjà des groupes comme Jesus Piece ou Knocked Loose.
Déjà avec Loathe, leur second album sorti en 2018, Wolfpack n’avait pas obtenu le feu des projecteurs tant mérité malgré un disque à la production vertigineuse qui n’avait rien à envier à celle d’un Code Orange. Et dans un pays comme la France où le hardcore peine encore à suivre la marge de progression énorme que les États-Unis et l’Angleterre glanent chaque année, on ne peut être qu’excités à l’idée de voir un groupe français réussir enfin à rattraper le retard pris par notre territoire en proposant une réelle alternative ultra-énervé à l’orgie de violence sonore proposée outre-atlantique.
Wolfpack n’est pas là pour trier les lentilles.
Wolfpack est là pour exploser, écraser et annihiler chaque foutue lentille qu’on osera lui mettre sous le nez.
Ce nouvel EP de 16 minutes continue de paver le chemin du groupe de violents parpaings sonores qui, même s’ils sont prévisibles vu la redondance du style, restent quand même inesquivables tant Wolfpack a compris que le Hardcore, s’il est correctement mixé avec les meilleures idées du death metal et de la musique industrielle, peut offrir ce regain de fraîcheur qui s’est essoufflé dans les années 2000. Si, vous savez, ce moment où tout le monde pensait qu’il suffisait de faire du Terror-like pour justifier son manque de talent.
A.D. s’amuse avec toutes les possibilités offertes par les genres peu subtils qui transpirent sur l’EP. De la batterie qui roule et claque sur nos tympans tel un rouleau compresseur façon Gatecreeper dès le titre d’ouverture Lurk ou l’énergie accrocheuse de Slipknot version 1999 sur Tapeworm, Wolfpack bastonne sans pitié 5 titres aux accélérations et ralentissements maîtrisés qui nous rappelleront les belles heures que nous avons pu vivre en découvrant Laugh Tracks de Knocked Loose, sorti il y a déjà 4 ans !
Enorme point positif du disque ? Une production monumentale qui laisse les inspirations brutal death dicéminées ici et là se percuter avec une froideur millimitrée contre nos esgourdes. Le roi de la production hardcore Kurt Ballou lévèrait son pouce en l'air pour l'ingénieur en charge du boulot monstrueux réalisé et digéré avec précision pour retranscrire la toute puissance de Wolfpack.
On appréciera également les lacérations crispées et récurrentes des guitares pour nous enfoncer un peu plus dans notre torpeur, chatouillant avec timidité mais réussite les élans psychotiques de Dillinger Escape Plan ou de Converge pour ne pas sonner comme un rip-off chiant des (un peu convenus quand même) Get The Shot et consorts. Si le groupe pille sans vergogne dans le ratelier de Code Orange avec ces même petites incartades disonnantes pour intensifier l'agression, Wolfpack le dose à la juste mesure pour ne pas tomber dans le banal copier/coller.
Mais en plus de venir se poser dans les godasses de groupes acclamés et bien installés comme Harms Way ou Incendiary, les Parisiens avec le titre « Prisoner » démontrent une envie de repousser leur hardcore vers des contrées plus exploratrices où le chant, plus aérien, s’envole au milieu d’une orchestration puissante, profonde et éloignée du standard « bourre-pif » de leur musique. Un titre qui ouvre un champ énorme de possibilités pour le groupe afin de se démarquer définitivement de tous les autres concurrents en France en associant avec justesse deux éléments.
D'abord le traditionnel éclatage de boite crânienne hardcore teinté d'un retour en force de l'utilisation du death moderne. Et ensuite une exploration du sentiment de frustration au travers d’atmosphères de fond (et presque cinématiques) bien trop longtemps délaissées par les groupes qui auraient tant à y gagner pourtant ! L'oppression industrielle planante élève définitivement le jeu de Wolfpack dans la cour des très grands avec ce titre qui, comme le veut la tradition, joue sur une surenchère de violence gratuite mais y apporte une profondeur cathartique pour élever son propos au dessus de la foule intéressée uniquement par un hardcore de surface bas du front.
Oubliez Rise Of The North Star, Wolfpack est déjà votre nouveau chouchou français, vous ne le savez juste pas encore.
Tracklist:
1. Lurk
2. Haze
3. Calcine
4. Tapeworm
5. Prisoner