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Why not ?
Les états de conscience modifiés ont toujours été une grande passion chez Dream Theater. A travers l'hypnose de Scenes From a Memory, ou même l'alcool de « A Glass Prison », ils explorent le subconscient, thème plutôt porteur pour un groupe de progressif. Alors quand les fans ont appris que Mike Portnoy, le batteur légendaire du groupe, revenait et qu'il se préparait un album sur le thème du sommeil, ils se sont pincés pour savoir s'ils n'étaient pas en train d'halluciner. Et pourtant non, Parasomnia, seizième album studio du groupe allait marquer l'année 2025 avec un combo revenu à ce que les fans aiment à considérer comme ses heures de gloire.
Depuis octobre et la sortie du single « Night Terror », les suppositions allaient bon train sur la couleur que l'album allait prendre. Le titre était plutôt classique pour du Dream Theater et on y reconnaissait bien la patte de tous les musiciens qui rejouaient ensemble : montée musicale, break de batterie et accélération assez heavy avant de rentrer dans un morceau long avec une partie instrumentale qui rappelait de bons moments du groupe sans en faire trop. Sur le premier aspect, la durée des morceaux, on ne peut pas nier que les Américains mettent la barre prog' au bon endroit : on tourne au minimum à sept minutes (sauf « In The Arms Of Morpheus » et « Are We Dreaming ? » deux instrumentales qui lancent et font rebondir l'album). Mention spéciale au dernier titre « The Shadow Man Incident » et ses presque vingt minutes. Donc accrochez-vous au siège, le voyage est conséquent.
Sur la partie conceptuelle, il est vrai qu'on ne s'endort pas vraiment. Les titres sont parlants : « Night Terror », « Are We Dreaming ? », « Dead Asleep ». Certains ont même vu une certaine progression dans l'album qui pousse l'auditeur à l'écouter dans l'ordre proposé par le groupe pour profiter pleinement de l'expérience. L'artwork propose une figure mystérieuse cachée dans une ombre, dans une pièce pas guère plus rassurante et une femme qui marche dans son sommeil comme portée par une force mystérieuse. Ces thèmes restent familiers et on comprend vite qu'ils vont nous guider tout au long de Parasomnia, comme un fil rouge, même si, musicalement, on ne rentre que rarement dans une musique qui va nous pousser dans les bras de Morphée.
Car il faut voir dans les huit titres un catalogue de ce que Dream Theater sait faire de mieux musicalement et conceptuellement. Si l'on s'arrête du « A Broken Man », on y retrouve des traces du titre « Home », avec les notes de clavier mais aussi la folie du solo qui prend des couleurs rock puis jazz, tout en étant soutenu par un certain sens de la dramaturgie. Un autre aspect du fil rouge serait le côté indubitablement metal de l'album. Les riffs sont souvent denses, limite heavy comme le refrain de « Midnight Messiah » dont le riff nous prend au cou, non sans un certain plaisir de se retrouver à secouer la tête. Et les parties musicales comme le solo de « Dead Asleep » ne se perd pas dans des inutiles moments à dormir debout. Et si le groupe rétrograde en vitesse power ballad sur « Bend The Clock », il sait jouer avec l'intensité et l'émotion, une autre marque vraiment rock.
Oui, Dream Theater est passé maître dans l'art de raconter des histoires et le dernier titre « The Shadow Man Incident » en reste un parfait exemple. On se laisse porter par le chant de James Labrie qui est sublimé par les musiciens qui ont compris qu'il ne fallait pas en faire des tonnes pour garder l'auditeur conscient et éveillé mais plutôt jouer sur les ambiances, sur les moments pleins et ceux qui nous tiennent en haleine. Alors, il faut s'accrocher c'est sûr mais on fait le voyage avec émotion.
Bien sûr, on pourra toujours rétorquer que Dream Theater ne sort pas de se zone de confort avec Parasomnia et fait ce qu'ils savent faire par cœur. Mais pour l'album qui sonne le retour d'un membre dont l'identité a marqué et marque toujours le groupe, il fallait rassurer tout le monde. C'est fait, metal, progressif, consistant, lourd, fou, technique, on prend un plaisir renouvelé et on se dit qu'il va se passer de belles choses dans l'avenir du groupe, c'est certain. Et qu'il fallait bien ça pour ouvrir une année 2025 qu'on a envie de voir riche en grandes sorties comme Parasomnia.
01. In The Arms Of Morpheus (5:22)
02. Night Terror (9:55)
03. A Broken Man (8:30)
04. Dead Asleep (11:06)
05. Midnight Messiah (7:58)
06. Are We Dreaming? (1:28)
07. Bend The Clock (7:24)
08. The Shadow Man Incident (19:32)