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Au premier coup d'oeil sur les titres, on voit qu'un seul passe sous la barre des 6 minutes, que deux sont au delà des 10 et que l'on a une chanson en 2 parties, et déjà on se sent dans un album de prog dans sa probable complexité. Alors pour être honnête, je n'avais été que peu enthousiaste à l'écoute d' "Octavarium", et de nombreux doutes hantaient mon esprit alors que je découvrais la dernière production des Américains. Comme d'habitude, la première approche est visuelle, et entre mes mains se trouve l'édition spéciale en fourreau, agrémentée d'un DVD bonus, filmé par l'hyperactif Mike Portnoy, et qui contient le making-of de l'album ainsi que deux chansons en mix 5.1 (un pur gadget à mon goût). L'artwork est bien foutu, et on s'imagine fort bien le chaos qui reigne dans cette civilisation où les routes partent dans tous les sens sans qu'on en voit la fin et où les feux sont de toutes les couleurs en même temps. Même le peuple le plus organisé du monde animal, la fourmi, semble égaré sur cette pochette. Tout à l'extérieur met l'auditeur prêt à faire face aux sombres messages contenus à l'intérieur.
Tout commence très mid-tempo, pas trop rentre dedans, il faudra attendre « Contant Motion » pour que tout se mette en mouvement, avec son riff un peu thrashou, sauce Dream Theater bien sûr, avec ses vocaux qui se répondent entre James Labrie et Mike Portnoy. Après un départ fort moyen, il faut bien que ce titre met la patate, avec quelques soli bien sentis, un refrain un peu convenu mais qui rentre bien, des passages progressifs où Mike Portnoy laisse exprimer ses finesses à la batterie, et où Jordan Rudess se lâche. Un choix judicieux pour un single.
J'ai parlé de départ fort moyen car le moins que l'on puisse dire c'est que « Forsaken » m'a laissé froid, trop mainstream, quant à la première partie de « In the presence of my enemies » pas de de quoi fouetter un chat, tout est trop timoré. On doit attendre que le Dream que l'on apprécie ressorte dans un titre comme « Dark Eternal Night » et ses changements de tempo, de sonorités, ses constructions tordues, le mélange des styles: un coup Manowar, un coup jazzy, et surtout prog! Là aussi le refrain rentre bien, tout est bien dosé, je me suis un peu rassuré sur ce titre.
Lors des précédents albums, l'influence de Muse avait été discutée et là encore, on pourrait en ressentir quelques effets collatéraux. A chacun d'apprécier comme il le voudra, mais je trouve que dans certains plans de « Prophets of War », la comparaison ne serait pas incongrue et la place de ce titre dans un album de Dream est contestable!
Un des effets aigre-doux que m'a fait cet album est le fait que les parties chantées, couplets et refrains sont globalement en dessous de ce que l'on peut attendre d'un tel groupe, un peu soupesque pour être clair, mais dès que les musiciens reprennent le dessus, on ne se trouve plus trop dans la même configuration, on repart de plus belle vers des choses plus intéressantes. Alors loin de moi l'idée de coller la responsabilité de cette impression sur le dos de James Labrie, je parle du groupe dans sa totalité, l'ensemble est bien trop convenu. Ce commentaire exclut la chanson finale, qui élève un peu le niveau côté cohésion de groupe, même si je me demande: pourquoi ces voix de bêtes? Alors soit on parle de démons, sombres ennemis en tous genres, ça sent l'épique (pas trop quand même) mais je trouve qu'ils poussent le bouchon un peu loin!
Le groupe a choisi de scinder leur titre épique en deux, et je trouve que les deux parties ne sont pas égales, autant on s'ennuie un peu lors de la première, autant on en redemande lors de la deuxième, qui concentre tout ce que l'on aime et ce que l'on veut entendre chez les Dream: précision, imagination, grandiloquence, variété; ça laisse sur le cul. Cette chanson à elle seule remonte la note de l'album! L'inspiration du thème semble tiré d'une bande dessinée qui se nomme « Priest », d'où la majeure partie des textes ont été pompés, aux dires certains fans qui cherchent la petite bête
Autre détail intéressant à signaler: le titre « Repentance », parle de la relation Portnoy – bibine, qui ne semble pas toujours rose, et se situe en 4e position dans la « Anonymous Alcoholics Suite ». Elle relate les 8è et 9è étapes du programme des alcooliques anonymes pour se sortir de l'alcoolisme. Quelques infos supplémentaires en cliquant ici.
Dans les nombreuses choses à télécharger ou à regarder pour vous faire un avis, on ne pourra que vous conseiller la vidéo de « Constant Motion » et surtout allez faire un tour sur le site officiel pour constater au vu des nombreux objets promo à acheter sur ebay, les goodies en tous genres qui nous remettent devant une réalité qui touche ce groupe: il est vendeur! Et quand on est vendeur, on se doit de rester sur une ligne directrice qui nous a donné ce statut. Alors on ne surprend plus, et la créativité s'en trouve partiellement handicapée (cf le très moyen départ de « Ministry of lost souls »), et on perd l'attention de ceux qui étaient là au début et appréciait un groupe pour lequel composition et originalité allaient de paire. Je me souviens d'une vidéo de Portnoy expliquant qu'au final les plans qu'il utilise dans un albums sont des variations autour de mêmes idées, et bien voilà l'effet que m'a fait cet album.
Cette note finale semble assez pessimiste mais il faut bien avouer que malgré les qualités de cet album on reste un peu sur sa faim, surtout après les concerts où ils ressortent « Images and words », ils se compliquent le travail! Bref on espère que cette impression peu enthousiaste sera balayée par le plaisir évident que les musiciens prennent sur scène...
1.In The Presence of Enemies Pt.1 (Dream Theater ; Petrucci) - 9:00
2.Forsaken (Dream Theater ; Petrucci) - 5:35
3.Constant Motion (Dream Theater ; Portnoy) - 6:55
4.The Dark Eternal Night (Dream Theater ; Petrucci) - 8:53
5.Repentance (Dream Theater ; Portnoy) - 10:43
6.Prophets of War (Dream Theater ; Labrie) - 6:00
7.The Ministry of Lost Souls (Dream Theater ; Petrucci) - 14:57
8.In The Presence of Enemies Pt.2 (Dream Theater ; Petrucci) - 16:38