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Avec6 degrees of Inner Turbulence, l'histoire des légendes du métal progressif Dream Theater prend un nouveau tour. Pour la première fois, un albums est présenté sous la forme de deux cds bien distincts, s'articulant autour de deux « concepts » : sur le premier cd on retrouve une partie des thèmes repris par Dream Theater : comme la mort, les questions de foi, l'éthique et l'alcoolisme. Le second cd est celui vers qui se dirige le titre de l'album. Ces turbulences internes sont des afflictions mentales et elles sont au nombre de six étalées sur huit titres (intro et conclusion inclues). Les sujets abordés dans les chansons ont un impact et une importance prépondérants sur la musique et les ambiances. Après Metropolis Part 2, le groupe voulait encore marquer les esprits comme une formation qui sait jouer sur tous les tableaux : conceptuels et musicaux. On ne peut pas nier qu'il était plus que complexe de passer après un album que tous les fans attendaient et qui approche la perfection de si près.
Et pour mieux plaire, ils ont du se renouveler les bougres et sortir leur boîte à idées. Metropolis est une telle référence en matière de progressif que, pour varier, 6 Degrees contient un certain nombre d'expérimentations techniques et des évolutions musicales. Première prise de risque : le format et le concept : le débat fait rage entre les fans du premier et ceux du second disque. Nous avons deux visages assez différents et deux façons de penser l'écriture assez éloignées, par conséquent deux façons d'apprécier l'album. La première partie est un pari osé : cinq titres, tous assez longs et des paroles remplies d'émotions ou de sentiments. Les textes parlent du débat autour des cellules souches (The Great Debate), du combat de Mike Portnoy contre l'alcoolisme (The Glass Prison), l'absence et le deuil pour n'en citer que quelques-uns. Musicalement parlant, les cinq compositions peuvent être séparées en deux parties : une plutôt homogène au niveau métal et progressif d'un côté et une plutôt rock de l'autre.
Côté métal, toujours cette grosse influence heavy, emmenée par Portnoy et son monster kit ronflant dont on sent les nuances selon les morceaux. On est tout de suite embarqué dans la musique des Américains et on ne se heurte que parfois à des titres plus difficiles d'accès comme The Great Debate et sa technique incroyable et ses samples, la voix de Labrie au vocoder, tout ça avec des explosions au niveau de la musique, c'est rude mais purement jouissif et surtout on sent la tension qui émane des paroles et de ce fameux débat. Côté expérimentation, on notera que la partie centrale de Misunderstood a été enregistrée à l'endroit puis posée sur le cd à l'envers. On en a la tête qui tourne !
Côté rock, les titres plus courts sont plus convenus mais suffisamment denses pour que l'on ne s'ennuie pas. Vous aurez le droit à la chanson grave aux accents mélancoliques : Disappear pour clore ce premier cd dans la joie et la bonne humeur.
En vous préparant à écouter le deuxième cd, vous savez que vous allez vous attaquer à huit titres en un le long du fleuve tortueux des maladies mentales. Quand on possède l'imagination d'un groupe comme Dream Theater, c'est une porte ouverte à toutes les possibilités. Et en premier celle de faire un lien avec leur précédent album dans le thème de Overture, clin d'oeil et finesse artistique sont de mise. Ils présentent aussi les thèmes à venir, effet déjà utilisé dans Metropolis, qui tombe donc un peu à l'eau. Puis c'est le crescendo du rock progressif bien senti de About to Crash aux riffs puissants de The test that stumped them all, titre bluffant et tellement représentatif de ce que le groupe a su faire avec Home sur l'album précédent. Arrivé au sommet de la sinusoïde, on redescend avec Goodnight Kiss pour mieux repartir jusqu'au grandiloquent final qui, à mon goût se donne trop de grands airs : cloches, arrangements, effets de voix, mid tempo dramatique, on frise l'indigestion. On remarque que cette partie est plus rock et contient plus de parties faciles sans pour autant abandonner le côté musclé voire tordu, pour nous rappeler que entre que pour certains malades, il existe une vraie dichotomie entre les aspects intérieur et extérieur, le jour et la nuit, d'un moment à l'autre.
Je vais m'arrêter là pour vous éviter toute indigestion de lecture, mais Six Degrees of Inner Turbulence avait la lourde tâche de succéder à un classique, et Dream Theater a décidé de mener sa barque plus près des influences qu'on lui connaît à mi-chemin entre le prog de Rush et le son heavy de Pantera (par exemple). Reste que la palette est tellement large qu'il vous faudra du temps et une vraie séparation entre les deux cds pour apprécier cette prise de risque et cet énorme chou à la crème sans quoi il vous faudra une bonne dose de pastilles Vichy pour vous aider à digérer et y revenir avec plaisir.
cd 1: (54:15)
1. the glass prison (13:52)
2. blind faith (10:21)
3. misunderstood (9:32)
4. the great debate (13:45)
5. disappear (6:45)
cd 2: (42:02)
6. degrees of inner turbulence (42:02)
i) overture
ii) about to crash
iii) war inside my head
iv) the test that stumped them all
v) goodnight kiss
vi) solitary shell
vii) about to crash (reprise)
viii) losing time / grand finale