Why not ?
Le nom du onzième album des Suédois de Soilwork a un nom bien mystérieux : Verkligheten, ce qui signifie « réalité ». Forcément, on se demande quelle peut être la signification de ce titre : choc de la réalité ? Retour à la réalité ? On ne sait pas mais on voit qu'il aura fallu plus de temps que précédemment pour l'écrire. C'est au milieu de l'année 2018 qu'ils ont décidé de se lancer dans l'enregistrement en Suède. Côté staff, un simple remplacement de batteur et l'arrivée de Bastian Thusgaard qui s'est impliqué dans l'écriture du disque, même si la quasi totalité a été écrite par le guitariste Andersson et « Speed » Strid, le chanteur.
Douze titres, dont une intro, cinquante minutes de musique, une collaboration avec Tomi Joutsen (Amorphis) sur Needles and Kin et avec Dave Sheldon sur You Aquiver, voilà le portrait de Verkligheten. La pochette est plutôt colorée, pastel, proche d'un style assez old school avec les symboles du groupe comme un signe de reconnaissance pour les fans. La longue carrière de Soilwork a connu de véritables tournants, du death mélodique proche de At The Gates au départ, on est arrivé aujourd'hui à une musique plus accessible et encore plus mélodique, avec un son plus consensuel. Le groupe a su conquérir un large public grâce à des hymnes et une promo sans failles (As We Speak, Stabbing The Drama, The Ride Majestic...).
Et ils vont nous convaincre qu'ils maîtrisent encore cette science du hit, du refrain et surtout du chant clair qui nous tartine les oreilles de miel. De ce côté, rien à dire, « Speed » Strid est particulièrement en forme. On visite le panel de ses capacités vocales mélodiques : Full Moon Shoals et son refrain groovy, ou encore The Wolves Are Back In Town, titre très heavy qui fait écho à The Boys Are Back In Town de Thin Lizzy, même si musicalement on en est très loin, on ne joue pas dans la cour de l'hommage.
Ceci dit, on ne doit pas négliger le côté rock, heavy et mélodiques de ce dernier album de Soilwork. Même si l'ensemble reste assez musclé, The Nurturing Glance ou Starfagel se démarquent du côté extrême des Suédois. Mid-tempo, beaucoup de chant clair, des riffs plus heavy, des soli inspirés qui s'envolent, on change forcément de registre. Car l'album avait débuté par Arrival et ses blasts, démonstration que le groupe est capable de bander les muscles et surtout de faire une future place pour le live auprès des fans qui ont besoin de voir jusqu'où le groupe est capable de pousser ses limites.
Soilwork aurait pu facilement appeler cet album « Panorama » tant l'inspiration a touché des rivages variés. On va des blasts évoqués plus haut, mais aussi présents sur When The Universe Spoke, réminiscence d'une période qui contenait moins de compromission, jusqu'aux refrains sirupeux que l'on pourrait taxer d'être « à la mode » ou easy listening comme sur Witan par exemple. Cela ne retire pas grand chose au plaisir d'écouter Verklighetenmême si parfois on n'y retrouve pas forcément son compte.
Car on ne peut pas mettre de côté l'impression que certains titres servent de remplissage, et que le travail de composition n'a pas toujours fait mouche. Sur le titre Bleeder Despoiler, pourtant placé en bonne position, sur la deuxième marche de l'album, certains riffs tournent en rond et lassent rapidement. Dommage car la touche du groupe se ressent fortement sur le refrain. De même, The Ageless Whisper a du mal à décoller : ni rapide, ni lente, un riff qui a du mal à s'emballer et des mélodies un peu faciles. On oublie vite le titre tant Needles and Kin va taper fort juste après, et là tout est juste, du crescendo au refrain en passant par le riff d'entrée puissant et incisif.
Difficile de juger Verklighetende manière tranchée. On côtoie le meilleur de Soilwork, de chacun de ses musiciens et des invités, mais aussi le plus anecdotique. Ce qui me rend optimiste et positif ce sont les très bons titres, les excellents refrains et cette maitrise indéniable de la mélodie. Ils ne se sont pas hissés à cet endroit par hasard et même si j'ai le sentiment que cet album ne fera pas forcément date, on prendra plaisir à aller écouter les titres en live.
Tracklisting
01. Verkligheten
02. Arrival
03. Bleeder Despoiler
04. Full Moon Shoals
05. The Nurturing Glance
06. When The Universe Spoke
07. Stålfågel (feat. Alissa White-gluz)
08. The Wolves Are Back In Town
09. Witan
10. The Ageless Whisper
11. Needles And Kin
12. You Aquiver