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dimanche 13 octobre 2024

In Flames + Arch Enemy + Soilwork @Paris

Zénith - Paris

Michael

Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.

Tout juste deux ans après leurs derniers passages respectifs en France (les live reports sont à lire ici et ), les Suédois d'In Flames et d'Arch Enemy étaient de retour ce mardi 8 octobre 2024 pour enflammer le Zénith de Paris de leur mélodeath, en compagnie d'un autre cador du genre, Soilwork. Une tournée avec deux têtes d'affiche qui alternent pour le dernier spot en fonction de la date, étant précisé que c'est Arch Enemy qui jouissait de l'honneur de clore les hostilités ce soir, ce qui n'est guère surprenant vu la popularité de la bande d'Alissa White-Gluz et Michael Amott dans l'Hexagone.

Retour en texte sur cette soirée... contrastée !

 

Soilwork

Sur le papier, Soilwork a absolument tous les ingrédients pour me plaire : un mélodeath bien léché, un sens du riff évident et, surtout, le meilleur chanteur en voix claire de la scène. Mais rien n'y fait ; je n'ai jamais vraiment été convaincu par les compositions du groupe, en dépit de mon amour sans limite pour le mélodeath. Je suis toujours passé à côté de leur travail, bien que je reconnaisse aisément qu'il s'agit d'un ponte de la scène suédoise.

Et de toute évidence, la prestation de ce soir aura été très solide. Avec un son très correct et plutôt dynamique (surtout côté batterie), le groupe a distillé la plupart de ses grands tubes façon setlist de festival (« The Ride Majestic » et, surtout l'excellente « Death Diviner », en tête), ainsi que deux titres du petit dernier sorti en 2022, Övergivenheten. Devant un public globalement réceptif bien qu'assez timide, Björn a de nouveau fait parler la poudre avec une voix claire d'une précision chirurgicale. Si j'ai pu prendre la foudre par le passé en indiquant que, à mon humble avis, les lignes mélodiques de Scar Symmetry sont meilleures que celles de Soilwork dans cette scène mélodeath, impossible de contester que Björn Strid est en revanche clairement au dessus du lot techniquement. Impressionnant à tous égards.

Une première partie comme on peut les aimer donc, même si ce n'est pas cette date qui me fera rentrer dans la musique du groupe...

Setlist :
Stabbing the Drama
Arrival
Exile
Distorsion Sleep
Spirit of No Return
Övergivenheten
Death Diviner
The Ride Majestic
Stålfågel

 

In Flames

Avant de me rendre au Zénith, je me suis amusé à me remémorer combien de fois j'ai vu In Flames sur scène à ce jour ; la réponse est douze (sauf Alzheimer). Je commence donc à avoir un certain recul sur les prestations live de nos amis qui, comme vous l'aurez compris si vous nous lisez dans ces pages ou suivez notre chaîne YouTube, font partie de mon panthéon de la scène metal.

En règle générale, le débat sur les prestations d'In Flames se cristallisent sur la setlist, avec le retour du sempiternel débat old In Flames contre new In Flames. Le groupe compose depuis toujours ses setlists avec un panachage de tous leurs albums, tout en conservant une place prépondérante au petit dernier en date (Foregone, en l'occurence), tournée de promotion oblige. Alors forcément, si vous n'écoutez plus le groupe depuis Clayman, vous devriez avoir quelques difficultés à vous régaler. Et pourtant, le groupe nous a réservé ce soir quelques petites surprises ! Si l'on doit encore se farcir quelques horreurs comme « Paralyzed » - qu'Anders n'arrive d'ailleurs pas à chanter correctement - ou bien encore « Voices », le groupe a décidé de nous (me) faire plaisir ce soir en ressortant du chapeau l'ouverture sur « Cloud Connected » et la clôture du set sur « My Sweet Shadow » qui sont les meilleurs titres possibles. Ce choix avait déjà été opéré par le passé et je suis très heureux de voir qu'ils y sont revenus ! « Take this Life » est en effet bien meilleure en « milieu » de set. Mais surtout, le bonbon du soir provient de l'enchaînement « Food for the Gods », « Coerced Coexistence » et « Trigger » qui a lui seul nous a fait oublier la piètre performance d'Anders.

Car oui, alors que le son était excellent, le décorum de la scène très réussi et les lights encore une fois merveilleuses (vraiment, l'ingé lumière d'In Flames mérite des éloges !), c'était un jour sans pour l'ami Anders. Je l'adore sincèrement, mais ce soir tout était compliqué. Bien que toujours aussi à l'aise pour haranguer la foule et distiller quelques blagues, il a souvent été catastrophique sur les titres en voix claire. « In the Dark » a été massacrée, tout comme le refrain de « Deliver Us » ou bien encore « Paralyzed ». Difficile d'entendre ces approximations après la gifle de précision reçue de Björn dans le set précédent. Anders n'a jamais été très clinique en live, remplaçant usuellement les parties en voix claire par des growls (ce qui améliore souvent les titres, au demeurant), mais là je l'ai trouvé vraiment en dessous. Heureusement que certains choeurs enregistrés étaient là pour l'aider.

Cela vient de nouveau renforcer le questionnement sur le choix de certaines chansons. Ramenez-nous des « System », des « Jotun », des « Clayman »... Pas de problème de voix claire dans ces eaux là ! Pas de quoi gâcher la fête pour autant, tant ce fut un plaisir de revoir sur scène le groupe. Visuellement, In Flames a pris une dimension exceptionnelle ces cinq denières années. Vivement la quatorzième fois.

Setlist :
Cloud Connected
Take This Life
Deliver Us
Paralyzed
In The Dark
Voices
Food for the Gods
Coerced Coexistence
Trigger
Only for the Weak
Meet your Maker
State of Slow Decay
Alias
The Mirror's Truth
I Am Above
My Sweet Shadow

 

Arch Enemy

Arch Enemy c'est une machine de guerre en live. Précision chirurgicale, soli parfaitement réalisés, voix maîtrisée, batterie millimétrée. C'est objectivement plaisant pour les aficionados du groupe - et les curieux, d'ailleurs - de voir un groupe autant maîtriser son sujet sur scène. Et ce soir n'aura pas dérogé à la règle, en dépit d'un jeu de lights fortement handicapé par un souci technique jusque « Liars & Thieves » (présent à côté de la console, j'ai pu constater que les ordinateurs ont crashé à plusieurs reprises, obligeant l'ingé à tout faire en manuel).

Le (gros) revers de la médaille de cette approche quasi militaire est que le groupe n'a absolument aucune spontanéité ; Alissa redit exactement les mêmes phrases d'un concert à l'autre, y compris lorsqu'elle parle en français au public, les guitaristes font les mêmes mouvements aux mêmes moments... Difficile de s'enjailler quand on a vu le groupe plusieurs fois sur scène et qu'on est pas un die-hard fan du groupe. Je m'étais d'ailleurs déjà épanché sur ce que je pense du groupe dans mon live report de leur prestation en 2022... et rien n'a changé. Au delà du visuel qui vous renvoie au collège et qui fait vraiment mauvais goût pour un groupe avec ce bagage (sérieusement, ce combo pentagramme / "Pure Fucking Metal" avec le A de anarchie, c'est quelque chose), le groupe devient presque une parodie de lui même. Alors qu'Angela était un monstre de puissance et de charisme, Alissa est assez pénible à suivre sur scène avec des mouvements cliché qui n'en finissent plus. Alors naturellement, on a toujours énormément de plaisir à réécouter les gros bangers du groupe (« Nemesis », « My Apocalypse » voire « War Eternal ») et à contempler Amott sur scène, qui est d'une précision d'orfèvre. Mais on est quand même en face du seul groupe de mélodeath suédois qui n'apporte aucune réelle émotion. Sauf, manifestement, pour quelques types autour de moi dans la salle qui étaient plus occupés à zoomer sur leur iPhone pour filmer Alissa que pour vraiment suivre le concert.

En somme, Arch Enemy a fait du Arch Enemy : les fans sont très certainement comblés par un show toujours aussi massif et propre, tandis que les sceptiques auront encore du grain à moudre face à une prestation « CTRL + C / CTRL + V » de la dernière.

Setlist:
Deceiver, Deceiver
The World is Yours
House of Mirrors
My Apocalypse
Dream Stealer
War Eternal
Liars & Thieves
The Eagle Flies Alone
First Day in Hell
As the Pages Burn
Sunset Over the Empire
Handshake With Hell
Nemesis
Fields of Desolation