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Il y a ces groupes qui grandissent tandis que leur taux de popularité auprès des puristes chute en flèche, ces artistes qui, tandis que leur notoriété est à son apogée, déplore une image plus négative que lorsqu’on les voyait encore espoir au pied de l’affiche.
Ceux-ci, bien trop nombreux pour être cités de manière exhaustive, paient souvent un certain manque de clairvoyance musicale ou artistique, expression d’un art se démocratisant au point de plaire à un public large tout en se dénaturalisant de ses origines.
Il n’est ainsi pas rare de voir Soilwork parmi ces groupes que l’on adore détester et fustiger dans le but de descendre une scène death mélodique devenue de plus en plus accessible et mélodique avec le temps, loin de la rage métallique aux harmonies mélodique d’antan. Soilwork est ainsi le parfait exemple d’un artiste ayant emporté énormément de groupes dans son sillage, notamment grâce à une alternance vocale proche de la perfection (Bjorn Strid développant un des registre clair les plus purs et distinctifs du milieu) mais surtout des mélodies si rapidement identifiables que les albums étaient devenus clairement des opus commerciaux de supermarché. Sans exagérer, il est certain que la perte de rage et la mélodicité omniprésente et niaise d’un "Figure Number Five" (dans sa globalité) ou le faux retour agressif masquant les carences créatives de "Sworn to a Great Divine" (tellement « direct » qu’il en devenait simpliste) avaient vu un nombre important des fans de la première heure démissionner en masses…
A l’heure d’un huitième album loin d’être attendu comme le messie, c’est avant tout avec curiosité que l’auditeur découvre le nouvel opus d’un groupe que beaucoup voyait déjà avec un pied dans la tombe à la manière d’un InFlames agonisant (et à l’inverse d’un Dark Tranquillity fringuant).
Néamoins, le retour de Peter Wichers à la guitare ainsi que l’arrivée officielle de Sylvain Coudret à la seconde guitare (ex-Scarve) ravivait l’intérêt envers un groupe vivant probablement un peu trop sur son passé, malgré un "Stabbing the Drama" qui égayait le paysage plus récent des suédois dans ce désert créatif. Et quel oasis que nous livre Soilwork avec ce "The Panic Broadcast"…personne ne s’y serait attendu…personne…surtout pas de se faire agresser d’entrée par ce monstre nommé "Late for The Kill, Early for The Slaughter".
Dirk Verbeuren assomme directement l’auditeur avec un blast purement monstrueux pour une des entrées en matière les plus jouissives jamais entendu chez le groupe, avant cette ouverture vocale de Speed hallucinante de violence et de rage. Le riff est tordu, direct et violent, la double pédale alourdi un rythme mis en valeur par une production écrasante, Dirk multiplie les roulements et les cassures (le groupe utilisant enfin son immense talent) et surtout Bjorn hurle comme un dégénéré tout le long du morceau, ne s’offrant pas un seul encart clair mais une utilisation lumineuse de chœurs entre agression et mélodie. Le break nous laisse un peu respirer grâce à un magnifique solo avant de repartir sur l’entame vocale initiale et ce blast qui va probablement décrocher des nuques en concert. En un instant, les doutes s’envolent…nos oreilles sont grandes ouvertes…Soilwork a peut-être composé son morceau le plus violent avec celui-ci…et ne s’arrêtera pas du disque.
"Two Lives Worth Of Reckoning" continu de nous coller sur orbite avec une agressivité bienvenue et surtout un riff bien plus complexe qu’à l’accoutumé (Peter étant plus inspiré que jamais), mais avec le retour d’un chant clair splendide et très travaillé. Il n’est plus question de clair pour être clair, mais d’une accroche mélodique intégré à la structure du morceau, s’incrustant parfaitement dans la violence vocale du reste, l’ensemble étant subjugué par un solo impérial à la limite du prog. Toujours aussi agressifs, "King Of The Treshold" ou "Deliverance is Mine" abreuvent le fan d’une densité rythmique probablement jamais vue chez les suédois.
Mais loin de s’afficher en album basiquement agressif, Soilwork renoue parfois avec la mélodie qui l’avait fait connaitre mais dans une optique bien plus ambitieuse et musicale. "Let the River Flow" se révèle peut-être le morceau le plus abouti du groupe en ce sens, développant une pureté mélodique impressionnante mais offrant une dualité vocale plus géniale que jamais. Bjorn y chante de sa manière la plus mélodique et pure, tout en growlant de la façon la plus death qu’il est capable de produire, loin de son timbre plus connu de hurleur, le morceau offrant donc un panorama entre le plus violent et mélodique de l’album pour une émotion décuplée. "The Thrill" se veut peut-être plus traditionnelle dans le sens où les échanges vocaux sont connus mais atteignent une nouvelle fois le summum de ce que Bjorn est capable en terme d’excellence (ce refrain magique…) tout en ayant été capable de composer des riffs loin de la niaiserie qui était la leur il y a encore peu. Il ressort une ambition et une grandeur sur la scène death mélodique que peu de groupes peuvent se targuer de posséder à l’écoute d’un tel album.
Soilwork renoue avec la splendeur passée pour se repositionner au sommet de la hiérarchie, tout en haut d’une chaine alimentaire qu’il commençait à contempler tant il s’en détachait. Plus qu’un retour gagnant, c’est la vision d’un groupe ayant réussi à se remettre en question pour retrouver la rage et la ferveur d’une aura que l’on pouvait penser passée. Prouvant qu’il n’en était rien, les suédois livrent une perle qui fera date…probablement même leur meilleur album…un de ceux qui formera un tournant dans leur carrière et dont on parlera encore dans de longues années…
1. Late for the Kill, Early for the Slaughter
2. 2 Lives Worth of Reckoning
3. The Thrill
4. Deliverance Is Mine
5. Night Comes Clean
6. King of the Threshold
7. Let This River Flow
8. Epitome
9. The Akuma Afterglow
10. Enter Dog of Pavlov
11. Sweet Demise