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Difficile à évaluer fichtre.
Fût une époque pas si lointaine où chroniquer du Drudkh ne me posait aucun problème.
Comme 9 amateurs de black metal sur 10, je suis un inconditionnel des premières offrandes des Ukrainiens, plaçant en tète de liste les irremplaçables Autumn Aurora, Forgotten Legends et autres Blood in Our Wells.
Malgré tout, en ce qui concerne le prolifique orfèvre de l’Est, deux écoles s’opposent. Les insatiables partisans du renouveau, reprochant à Drudkh de sortir depuis 7 ans et jusqu’à Microcosmos le même album, et ils n’auront pas tout à fait tort, et ceux qui savent s’en contenter, voire même qui saluent cette constance qui fait du groupe cette entité si caractéristique, à la patte immédiatement identifiable par le son, la voix et le riffing.
Clamant fièrement mon appartenance à la seconde catégorie, Microcosmos, pour n’évoquer que le dernier album en date, ne m’avait pas déçu. Certes, Drudkh a fait du Drudkh, non sans esquiver une légère redite, mais a su également adopter un regard plus neuf, tourné vers l’avenir, adoptant des structures plus diversifiées tout en remaniant habilement la production, de telle sorte que nous arpentions toujours avec délices les forêts ukrainiennes mais regardions alentours d’un œil plus affûté bien que toujours contemplatif.
Handful of Stars est annoncé, trimballé dans le mange-disque et s’égrainera pendant 40 minutes. Une fois, puis deux, encore et encore, jusqu’à l’assimilation que cet album est réussi en ce qu’il constitue une courageuse prise de risque.
En 40 minutes, Drudkh impose une vision vouée à diviser les fans, ces deux écoles toujours. Le fossé s’approfondit alors entre ceux qui verront en Handful of Stars une nouvelle orientation musicale pleine de promesses pour les sorties à venir, et ceux qui entretiendront anxieusement l’espoir qu’il ne s’agit là que d’une escapade hors des sentiers confortables parcourus par Drudkh.
A l’issue des nombreuses écoutes de cet album qui plus que jamais me laisse dubitatif, que retiendrons-nous ?
Que Drudkh a opéré, vous l’aurez compris, un virage musical conséquent, prenant à contre-pied ou presque les aficionados de leur griffe si racée, en optant pour des choix apparents qui conduisent Handful of Stars à déstabiliser les âmes emplies de certitudes, désireuses pourtant de reprendre la ballade inachevée par Microcosmos.
Car non, Drudkh n’est plus le même. Passée la dispensable introduction, les premières secondes de l’album frappent par cette subtile mais omniprésente modification de la distorsion, plus cristalline et ample qu’auparavant ainsi que par une voix trop flagrante, moins nuancée et moins intégrée, accusant Handful of Stars d’un préjudiciable déséquilibre entre l’ambiance musicale et le texte d’un Thurios pourtant très en voix.
Et ce seront de ces nouveaux choix de traitement sonore que découleront les abondantes évolutions de la musique de Drudkh. Les ukrainiens abandonnent quasiment le Black metal pratiqué par le passé et accouchent d’un album quasi Rock, dont seuls les hurlements de Thurios garantissent un semblant d’extrémisme musical.
Drudkh embrasse sur Handful of Stars une musique plus aérienne, diversifiée, qui plongera l’auditeur, oui, j’ose le dire, dans une écoute d’un Amesoeurs plus énervé et un poil plus folk, heureusement moins cold-wave.
L’architecture de la rondelle n’est pas à décrier. Rafraîchissante, elle témoigne du potentiel des ukrainiens à bâtir une musique solide et cohérente, l’abandon des riffs délicieusement répétitifs n’étant pas ici l’objection à invoquer. L’ensemble est généreux, très (trop ?) chaleureux. Le problème vient d’ailleurs.
Il vient de cette espèce d’alchimie indescriptible qui se produisait à chaque livraison de Drudkh, répondant ici aux abonnés absents. Cette beauté tellurique qui transportait le groupe s’est fanée au profit d’une musique fleurant l’air du temps, moderne et léchée, moins terreuse et donc plus clinique, affaiblissant les bases que nous croyions inébranlables d’un groupe en mal de renouveau.
Pour autant, Handful of Stars n’est pas à maudire, Drudkh est et restera Drudkh. L’instrument domine les voix, se suffit à lui-même, et se développe lentement, avec une force tranquille, somme toute assez agréable.
Ce qui déçoit finalement et qui fait la difficulté de cette chronique, c’est qu’Handful of Stars n’est pas un mauvais album. Il constitue un Drudkh plus accessible, moins émotionnel, qui ‘se laisse écouter’.
C’est alors qu’Handful of Stars devient un album de black / rock de qualité, voire un très bon album.
Mais, pour le vieux fan buté que je suis et d’une manière bien prosaïque, un album en dessous de ce que Drudkh peut m’offrir. Quant à savoir s’il sera la pierre angulaire de leur carrière, illustration de leurs choix de composition à l’avenir, le mystère reste entier...
Reste à effectuer une tâche à laquelle j’aimerais me soustraire. Mais il le faut bien.
Handful of Stars sera noté. Et bien noté.
Ceux qui auront eu la patience de me lire jusque là sans s’empresser de consulter la note sauront que putain… ça me coûte, mais que bordel, ça reste justifié.
Difficile à évaluer que je vous dit...
1. Cold Landscapes
2. Downfall of the Epoch
3. Towards the Light
4. Twilight Aureole
5. The Day Will Come
6. Listening to the Silence