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Série Noire #16 - Houle, Vígljós, Aetheria Conscientia, Wormwood, Trhä...

samedi 24 août 2024
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Alors que septembre et avec lui, l'automne, pointent doucement le bout de leur nez, on peut vous assurer qu'il n'y a pas meilleur moment pour rattraper les dernières sorties black metal des derniers mois. Petit tour d'horizon du côté de la scène francophone mais pas que avec cette sélection !

Groupes évoqués : Houle | AkhlysVígljós | Aetheria ConscientiaWormwoodTrogneSear Bliss | Trhä x Coffret de bijouxInconcessus Lux Lucis | Seth 

 

Houle – Ciel cendre et misère noire
Black mélodique – France (Les Acteurs de l'Ombre)

Dolorès : Un premier EP qui a plutôt bien conquis, des apparitions live qui ont eu tout autant de succès, suivi d'un premier single au superbe clip pour « Sur les braises du foyer »... Enfin, le premier album de Houle est sorti en mai et il n'y a clairement rien à jeter dessus. Le black mélodique du groupe français, signé chez LADLO, est reconnaissable ici bien que beaucoup mieux produit que sur l'EP précédent. On regretterait presque l'aspect crasseux qu'ils ont pu porter auparavant, qui collait si bien à l'atmosphère poisseuse du front de mer nocturne... Toutefois, on se ravise vite en réalisant que le mix sert simplement à donner une puissance nécessaire aux compositions du groupe.

N'étant pas toujours friande de l'abus de mélodies à ne plus savoir qu'en faire dans le black metal, ici toutes les compositions sonnent justes et entêtantes au possible. Le chant d'Adsagsona, entre hurlements sous toutes leurs formes et déclamations ensorcelantes, est toujours l'atout principal du groupe selon moi. Un chouette mélange entre les influences de certains vieux groupes de black français et des sonorités plus modernes et solides.

 

Akhlys – House of the Black Geminus
Black metal – USA (Debemur Morti Productions)

S.A.D.E : Des titres longs, des riffs tortueux, un certain goût pour la surcharge sonore, tout cela fait d'Akhlys un groupe dans la discographie duquel il pourrait sembler assez difficile de plonger. Signé chez Debemur Morti depuis leur deuxième album, le groupe gagne pourtant en renommée à chaque sortie et celle de House of The Black Geminus ne fait pas exception. Il faut dire qu'avec ce quatrième album, Naas Alcameth, compositeur et tête pensante du projet, pousse encore davantage l'aspect cauchemardesque de sa musique, dénichant des riffs qui suintent d'angoisse et de dissonnances, tout en trouvant le moyen de rendre un peu plus digeste son propos. Et la chose n'est pas facile quand une partie de ce qui est proposé à l'auditeur pourrait être décrit comme un mur de blast recouvert d'un crépi de guitare méchamment saturée et enduite d'effets électroniques bien oppressants. Mais Akhlys donne aussi dans un tempo plus lent qui, bien qu'on n'y respire pas forcément beaucoup aisément (un tapis de double n'est jamais très loin), permet quand même de se préparer à encaisser la prochaine salve.

Vu la nature de la musique, il est bien entendu difficile de faire émerger quelque chose qui pourrait être un single, mais on peut néanmoins souligner que si c'est la pure violence que vous recherchez, « Maze of Phobetor » est là pour vous rassasier, là où « Mask of The Night-Speaking », avec sa longue intro alambiquée peut satisfaire celles et ceux en quête de sinuosité vicieuse. Et si la combinaison des deux vous réjouit, l'album en entier est fait pour vous.

 

VígljósTome I: Apidae
Black metal apicole – Suisse (Autoproduction)

Rodolphe : Dans les hautes sphères du metal, l’apiculture est tout sauf un objet de fascination répandu. À peine Amorphis a-t-il effleuré le sujet du temps de Queen of Time. Vígljós l’a fait. En mai, Luca Piazzalonga (Gravpel) dévoila le premier chapitre d’un mythe apicole tourmenté, se nourrissant de l’histoire féodale. Dont les bigres, ces gardes vêtus de masques grillagés prélevant le miel – c’est la scène gravée par Pieter Brueghel l'Ancien qu’a choisi L. en guise d’illustration. Mais au-delà de l’aspect « documenté » de son œuvre, le vocaliste crée une esthétique sonore unique et quelquefois dérangeante. Comme ces cris aigus plaintifs à base de « woooh », frôlant le cringe (« Sweet Stings »). Certain⸱es fans font même état d’une musique éminemment dansante. Il peut sembler antinomique d’associer le black metal old school à de telles sonorités. En vérité, Vígljós l’assume sans complexe, allant jusqu’à nommer l’un de ses titres « Dance of the Bumblebee ». Les claviers surannés, primitifs, dont on ne sait exactement s’ils relèvent d’un folk amoindri ou du dungeon synth, offrent de longues mélodies chantantes.

Du miel pour les oreilles ? Le temps se fige à l’écoute d’Apidae. L’album nous immerge dans un paysage médiéval resserré et hallucinogène, prenant le parti des « petites gens », des exploité⸱es vivant à la campagne. Pour mieux dénoncer l’emprise des dominants qui consomment le liquide doré, sur les dominé⸱es (les serfs et les serves – les abeilles ouvrières). Et la mettre en parallèle avec l’eusocialité. Une doctrine en réalité conforme à ce qu’est Vígljós, appartenant à la branche antifasciste du black metal. Car en dépit de ses offenses – nombreuses (le fredonnement adolescent en mi-clair, mi-hurlé du titre éponyme), L. récite un BM traditionnel : voix dépressives et torturées, instrumentation linéaire fleurant le one-man-band…

« Méfait accompli ».

 

Aetheria Conscientia – The Blossoming
Black metal progressif – France (Frozen Records)

S.A.D.E : La chose n'est pas nouvelle, les liens entre la science-fiction et le black metal sont féconds. Et c'est cette alliance que travaille Aetheria Consientia en mettant en musique le récit d'une humanité contrainte de fuire la Terre faute d'avoir su la maintenir habitable. Mais le qunitet nantais propose quelque chose qui va bien au-delà du simple black metal, et développe un black metal progressif d'une richesse exceptionnelle. Si leurs deux premiers albums posaient les premiers jalons d'une identité déjà très marquée, The Blossoming les surpasse sur à peu près tous les points. D'abord, la production, qui était déjà de très bonne facture précédement, parvient à trouver une nouvelle texture, plus rugueuse et plus organique, mais sans perdre en lisibilité et laissant toute la place nécessaire aux instruments « originaux » (claviers, saxophone, percussions, synthés) pour qu'ils puissent offrir leur saveur à l'ensemble. Entre incursions jazzy et approche orientalisante, Aetheria Consientia nourrit sa base black metal de couleurs variées, et ce, jusque dans le riffing des guitares et non pas seulement par juxtaposition de séquences aux instrumentations différentes. Au niveau du chant également, les Nantais font une large place à la variété, avec l'aposition de voix claires féminines sur plusieurs titres (paraît-il que l'une d'entre ces voix serait cachée dans la rédaction d'Horns Up, croyez-le ou non).

Inventif et surprenant, varié et cohérent, soigné dans ses moindres détails, ce troisième album d'Aetheria Consientia est une totale réussite. Et pour tenter un petit name-dropping final : White Ward rencontre Slift pour discuter de l'influence de Fela Kuti dans l'œuvre littéraire d'Ursula K. Le Guin. Et si c'est pas clair, c'est pareil.  

(Si vous voulez en découvrir davantage sur les inspirations SF du groupe, ils nous ont fait le plaisir de participer à notre format « Dans l'oeil de... »)   

 

Wormwood – The Star
Black metal mélodique – Suède (Black Lodge Records)

ZSK : Existant depuis dix ans et jouissant d’une petite cote chez certains diggers du semi-underground, Wormwood a cependant eu du mal à vraiment décoller. Peut-être parce qu’il se cherche encore avec son black un peu atmosphérique, assez mélodique, aux aspirations folk (légèrement héritées de Månegarm, groupe qui voit apparaître en Live à la guitare Tobias Rydsheim la tête pensante du Ver de Bois) qui se sont pourtant tempérées passé le premier album Ghostlands (2017). Peut-être aussi parce que son black metal est encore un peu bancal, notamment au niveau du chant assez quelconque et des guitares au son parfois brouillon. Mais soit et voici son quatrième album qu’est The Star.

C’est donc là que Wormwood va franchir un cap, quitte à désormais se tourner vers une aura mélodique bien plus prononcée. C’est bien simple, dès la deuxième piste qu’est « A Distant Glow » on a plus l’impression d’entendre du Slumber voire du October Tide que du black qui descendrait de Dissection (vu qu’on a affaire à des Suédois). Wormwood reste un groupe de black metal (jusque dans le chant criard, qui ne s’est pas spécialement amélioré mais soit aussi), mais les mélodies plus modernes sont ici légion, et les leads se multiplient bien vite. Mais ce n’est pas tout car Wormwood, toujours un peu folk quand c’est nécessaire (« Suffer Existence ») garde aussi son penchant plus atmosphérique…

Et de belle manière vu que dès l’ouverture sur l’enivrant « Sjtärnfall », on retrouve une autre particularité de Wormwood que sont ces somptueux breaks Floydiens que l’on avait jusque là guère aperçus que sur « The Isolationist », morceau de clôture de leur deuxième album Nattarvet (2019). Il y aura plusieurs de ces breaks rafraîchissants sur The Star, même si on aurait aimé en entendre plus (comme ces étonnants passages en chant semi-clair qui ferait limite penser à celui de Travis Ryan de Cattle Decapitation !). Et The Star sera au bout un bien bel album, avec des morceaux plus directs qui fonctionnent bien (« Galactic Blood ») et un magnifique final avec « Ro ». Bon, il faudra aimer que votre black metal suédois soit trèèèèèès mélodique, mais malgré certains défauts subsistants Wormwood capte bien l’attention.

 

Trogne – Ethyloccultisme
Black doom impie – Suisse (Autoproduction)

Rodolphe : Trogne ne fait aucun secret de son obsession envers l’alcool. Son EP en trois actes en est le reflet ; « improvisé lors d’états d’ivresse » peut-on lire sur Bandcamp. Pour compléter son bundle, les Fribourgeois sont même allés jusqu’à concevoir une liqueur de gingembre et de piment habanero – l’Ekpyrosis.

Fidèles à leur second degré, les musiciens délivrent un black metal impie (« I », « III »), établi dans un décor tout au moins confus : une église, une crypte, une forêt… ? Le profanateur singe un Tom Araya d’outre-tombe – celui d’« Iron Gland ». Musicalement, Ethyloccultisme s’apparente à un enchevêtrement de sons décousus, vicieux, à l’image du doom folklo-tribal en fin de partie « I » ou de shreds joués au hasard. L’effet produit est, parfois, similaire au crissement d’une craie sur le tableau noir d’une vieille école. Au reste, si l’on isole le matériel, disons central, des bizarreries ésotériques, qu’obtient-on ? Un black doom fait de fonds de tiroir, incluant une batterie en carton. Mais la déroute que suscite cet essai importe plus.

In nomine trognonas.

 

Sear Bliss – Heavenly Down
Black metal à trombone – Hongrie (Hammerheart Records)

ZSK : La Hongrie, ce n’est pas que Thy Catafalque. C’est aussi, et surtout avant, Sear Bliss, qui a tout de même dépassé les trente années d’existence (et qui prête d’ailleurs un de ses guitaristes pour les concerts de Thy Catafalque). Trente années au service d’un black metal original, résolument atmosphérique mais avec cette particularité toujours très propre qui est l’utilisation de cuivres, le trombone en particulier. En trente-et-un ans de carrière maintenant, Sear Bliss ne nous propose ici que son neuvième album. Qui a la lourde charge de succéder à l’excellent Letters from the Edge (2018), meilleur album de Sear Bliss depuis Forsaken Symphony (2002) voire même meilleur album tout court.

En plus de trente ans, Sear Bliss s’est peu renouvelé et a même connu quelques légers accrocs en route (Eternal Recurrence (2012), les deux premiers albums qui ont mal vieilli). Mais Letters from the Edge lui permettait de revenir en force en étant plus atmosphérique et plus « cuivré » que jamais. Malgré un delta discographique de six ans, Heavenly Down (avec sa fort jolie pochette) va continuer dans cette lignée. Avec toujours autant de cuivres, renforçant la singularité de la formation en se montrant parfois très épique (« The Upper World », « The Winding Path »), mais en étant toutefois moins enivrant que son prédécesseur qui avait de grands moments, en dépit d’un morceau ambiant très gracieux en milieu de course (« Forgotten Deities »).

Force est d’avouer que Sear Bliss a ici un peu moins d’inspiration, malgré un bon départ sur « Infinite Grey » et quelques belles pièces, efficaces ou raffinées (« Chasm », « Feathers in Ashes »). Le chant grogné et traînard d’András Nagy a toujours été à la fois une des particularités et un des points de crispation de la musique de Sear Bliss, mais force est de reconnaître qu’après trente-et-un ans de métier, ça commence à être sérieusement chiche. Au bout, Heavenly Down est quand même un bon album de Sear Bliss, mais sans surprise et sans plus même par rapport à des albums juste bons comme Glory and Perdition et The Arcane Odyssey. On lui préfèrera encore Letters from the Edge, et on s’incline de respect devant la longévité de Sear Bliss avec son style si particulier… à condition d’aimer entendre du trombone dans son metal, toujours.

 

Trhä / Coffret de bijoux – di najb tu nat​á​lja ibajnma ëct / l​ä​m​è​à​en'th
Black atmo lo-fi – USA / Québec (Autoproduction)

Raton : Dans la rédaction de Horns Up, il y a des goûts qui sont plus universels que d’autres et même si le black metal nous réunit tous et toutes plus ou moins, certains projets agacent plus qu’ils ne fédèrent. C’est notamment le cas de Trhä et de Coffret de bijoux, déjà chroniqués par mes soins (ici et ) et qui viennent de sortir un split ensemble. Les deux projets se ressemblent : menés par une seule personne, dans un black metal atmosphérique fricotant avec le blackgaze ou le dungeon synth, mystérieux avec l’utilisation de langues inventées ou de graphies curieuses, et volontairement hermétiques dans leur démarche lo-fi. Ce n’est pas vraiment un hasard, car Coffret de bijoux a toujours assumé faire du Trhä-worship dès sa création, il y a moins d’un an.

Trhä inaugure le disque, avec un morceau unique de 13 minutes. Damián Antón Ojeda, cerveau du projet (et aussi derrière Sadness et Life), livre un morceau puissant, dense et parmi les plus mélodiques qu’il ait produit. De nombreuses fulgurances traversent le titre, comme le riff principal qui commence à 2:08 et fait à nouveau preuve d’une grande intelligence et maturité de composition.

Alice Simard, cheffe d’orchestre de Coffret de bijoux, n’est pas en reste avec un unique morceau de près de seize minutes et qui m’a soufflé de talent en ce qu’il arrive à se hisser au niveau de son mentor (voire au-dessus ?). Le titre est extrêmement riche, se renouvelle constamment et maintient ce fin équilibre entre ambiance ouatée et agressivité latente (le riff à 4:30), avec notamment un piano d’une finesse rare dans le style. Avec deux morceaux aussi incroyables, parmi les meilleurs que les deux artistes aient produits, ce split est une excellente porte d’entrée vers leurs deux univers et témoigne brillamment de leurs complémentarités et différences.

 

Inconcessus Lux Lucis – Temples Colliding in Fire
Black/heavy mélodique – Angleterre (I, Voidhanger Records)

ZSK : Je présenterai bien Inconcessus Lux Lucis (un nom idéal pour tester votre élocution) comme nouvelle trouvaille de I, Voidhanger mais en fait, c’est un groupe qu’il ont piqué à Invictus Productions, les petits malins. Groupe mancunien formé à la suite de Whorethorn, le duo traîne ses guêtres dans la scène anglaise depuis 2009 même si son premier album, Disintegration: Psalms of Veneration for the Nefarious Elite, remonte à 10 ans. Après The Crowning Quietus déniché par Invictus en 2017 (donc), voilà le troisième album d’Inconcessus Lux Lucis qu’est Temples Colliding in Fire, fort bien illustré par Teitan Arts.

Qui dit I, Voidhanger dit style bien chaotique et inclassable ? Pas cette fois-ci car Inconcessus Lux Lucis est un groupe opérant plutôt dans un style black/thrash/heavy, fier et guerrier, un peu à la Deströyer 666. Et si le très efficace The Crowning Quietus rattrapait le longuet Disintegration, Temples Colliding in Fire va surprendre un tantinet. Parce que comme le groupe est passé sur I, Voidhanger il va virer expérimental… ? Non, non, Inconcessus Lux Lucis va être ici plus mélodique que jamais, bien plus heavy que thrash, mais toujours black (notamment le chant). A tel point que j’ai hésité dans quelle rubrique le mettre parce que c’est limite du mélodeath par moments, ou au moins l’équivalent black d’un groupe death tradi qui aurait viré très mélo comme Evocation.

Mais comme la promo nous présente ça comme du « blackened heavy », soit. En trois quarts d’heure, Temples Colliding in Fire va nous abreuver d’un sacré paquet de mélodies, simples compos, leads endiablés, solos bavards, tout y passe. Le départ sur « I Am the Crooked Blade » nous prouve que l’efficacité de The Crowning Quietus ne s’est pas envolée, mais Inconcessus Lux Lucis a très nettement choisi une voie mélodique et cela ne souffre d’aucune contestation. Même s’il fait un black/heavy bien senti et dynamique (le morceau-titre et « Revenge of the Other God » sont plutôt entraînants), Inconcessus Lux Lucis souffre quand-même d’un trop plein en témoigne l’interminable morceau de clôture qu’est « And His Wounds Shall Devour the Heavens ». Mais Temples Colliding in Fire est plus que sympathique, même s’il faut aimer cette relecture très mélodique d’un genre va-t’en guerre…

 

Seth – La France des Maudits
Black Metal mélodique – France (Season Of Mist)

Malice : Le cas Seth (sans mauvais jeu de mots) divise un peu au sein de la rédaction, entre ceux qui trouvent leur côté kitsch plus gênant qu'intéressant et ceux qui, comme moi, acceptent l'aspect grand-guignolesque de leur musique depuis leur retour aux sources avec l'excellent La Morsure du Christ. Le retour du chant en français, des orchestrations comme à l'époque des Blessures de l'Âme, s'accompagnaient aussi d'une intelligente modernisation de leur son plutôt que d'essayer d'aller rechercher le son « raw » des nineties. La France des Maudits va encore plus loin dans cette voie.

Bien sûr, Seth reste foncièrement du black metal, mais enrobe ses riffs de notes de piano, de claviers, de cordes... et de refrains accrocheurs. Saint Vincent nous chante la « Paris des Maléfices » comme le narrateur théâtral d'une adaptation horrifique de Notre-Dame de Paris, en faisant parfois un peu trop (le larmoyant « Dans le Coeur un Poignard ») mais bien souvent juste assez. On pense aux plus mélodiques des groupes de la scène québécoise, chant en français oblige, mais Seth a une personnalité si forte que les comparaisons se perdent vite. Surtout, ce chant si intelligible permet de véritables hymnes, comme l'était « Métal Noir » (tiens donc...) sur La Morsure du Christ. Ici, c'est à une fantastique « Insurrection » qu'on ne peut s'empêcher de participer, scandant « Plus jamais à genoux, que hurle notre fronde ! Le Diable est avec nous, tous ! Marchons sur le monde !». Saint Vincent livre sa meilleure performance, possédé par son texte crépusculaire. Un titre fabuleux, qui aurait fait une conclusion fantastique et rend un peu trop anecdotique les 8 minutes de « Le Vin du Condamné » (sans même parler de cette reprise un chouia ratée de « Initials B.B. »). 

Qui sait, si les Jeux Olympiques reviennent un jour à Paris, peut-être y verra-t-on Seth, juché sur Notre-Dame et hurlant ses blasphèmes. Si ça peut en faire râler certains...