1349 + Kampfar + Afsky @Paris
Petit Bain - Paris
"The sound of falling, when the pictures are moving"
Rien de mieux pour annoncer les prémices de la saison sombre qu’un bon concert de black metal 100% Scandinavie. Trois groupes, de l’ancienne comme de la nouvelle garde, sont là à Petit Bain, et pour trois raisons différentes. Les Danois de Afsky, présents pour l'une de ses premières vraies tournées européennes. Mais aussi et surtout une double d’affiche de prestige, avec les Norvégiens de Kampfar et 1349. Le premier fête ses 30 ans de carrière, tandis que l’autre célèbre la sortie de son nouvel album, intitulé The Wolf and The King. De quoi avoir la certitude d'assister à une soirée riche de différentes émotions.
Afsky
Contrairement à beaucoup de groupes de première partie lors des concerts extrêmes, Afsky est loin d'être un projet qui relève de l'anecdotique. Si le groupe en est à l’une de ses premières vraies tournées sur le continent, cela fait pourtant quelques années qu’il fait parler de lui dans la scène black metal. Grâce à trois albums de bonne facture, qui proposent un black metal typiquement nordique, enrichi par des éléments mélodiques et mélancoliques ancrés dans une atmosphère quasi païenne, tout en restant mesuré et sobre.
C’est exactement ce que le groupe nous propose ce soir. Pendant 40 minutes, nous avons droit à un concentré de ce que le black scandinave typé 90’s a de qualitatif. On est pris dans une succession de nappes de trémolos picking et de riffs tempétueux. Si le rendu demeure beaucoup plus brut et péchu (live oblige), on arrive facilement à percevoir la dimension plus émotionnelle des compositions. Que cela soit à travers les cris désespérés du leader Ole Pedersen Luk, mais surtout par les autres détails instrumentaux. Les mélodies épiques renforcent l’immersion dans le concert, et font ressurgir ce ton nostalgique qui fait office de marque de fabrique pour Afsky. Un court concert (première partie oblige), mais qui nous a prouvé que toutes les qualités de la musique d’Afsky s'adaptent parfaitement à une configuration scénique.
Setlist :
Stormfulde hav
Skær
Vinteren bæres ind
Vættekongen
Tyende Sang
Oh måneløse nat
Kampfar
Neuf ans après ma première rencontre avec Dolk et sa bande, j’ai le plaisir de retrouver Kampfar en live. C’est clairement le groupe que j’attends le plus de la soirée ; l’affection particulière que je porte à leur pagan/black et le long délai entre les deux concerts jouant, bien évidemment. Car si le virage plus grandiose et moderne des derniers albums n’a pas plu à tout le monde, je reste pour ma part convaincu par cette direction. A part peut-être pour le dernier album, qui est vite apparu comme redondant et assez anecdotique par rapport à un Djevelmakt ou un Ofidians Manifest. Dolk s’en amusera d’ailleurs à plusieurs reprises, en s’excusant de jouer des morceaux du dernier album (“Un nouvel extrait du dernier album qui est vraiment naze, oui je sais, je sais”, ou encore “On continue avec un dernier extrait de l’album pour ce soir, promis, c’est bien le dernier”). Mais qu’importe ce choix en vérité. Car à l’occasion de la tournée des 30 ans du groupe, Kampfar profite de cette 1h20 de set pour piocher dans toute sa discographie.
Avec une insistance toute particulière sur la période la plus folkisante de son black metal. Sans avoir recours aux kitscheries de vikings en kilt ou à des instruments traditionnels, Kampfar arrive à évoquer le froid, l’atmosphère et l’immensité des forêts du nord avec des mélodies et des riffs de guitare. Ce constat est aussi à faire en live donc. On est de suite emporté par les rythmes à la fois dansants mais solennels des titres de Fra Underverden ou Heimgang. Et quand l’ensemble est sublimé par un son puissant et par le charisme d’un Dolk possédé au micro, difficile de ne pas s’en donner à cœur joie en se décrochant la nuque. On a aussi droit à des titres plus fédérateurs et scandés, tels que les hymnes « Ravenheart » et « Mylder », avec leurs refrains répétés en boucle. Ainsi qu’à quelques moments plus écorchés (« Ophidian ») ou tragiques (« Tornekratt » et surtout « Det Sorte »), qui concluent le concert de la plus magistrale des manières. Malgré les années qui passent, Kampfar n’a rien perdu de sa superbe et continue d’offrir des prestations dantesques à celles et ceux qui continuent de suivre le groupe.
Setlist :
Feigdavarsel
Ravenheart
Skogens Dyp
Ophidian
Trolldomspakt
Dødens Aperitiff
Mylder
Urkaft
I Ondskapens Kunst
Norse
Tornekratt
Hymne
Det Sorte
1349
Pour la tête d’affiche, c’est un nouveau groupe norvégien qui se présente, mais dans un registre beaucoup plus cru et rigoriste. 1349 est réputé pour cocher toutes les cases du black metal norvégien le plus implacable et brutal, que ce soit dans la musique ou dans l’imagerie à base de cartouchières, clous et corpse paint très typés seconde vague des 90’s. Et si l’avant dernier album The Infernal Pathway était globalement mou du genou, ma précédente expérience live avec le groupe demeurait assez intense et sulfureuse pour que je m’en souvienne encore bien des années après.
A peine le groupe fait-il son entrée que déjà l’austérité et la violence suinte de partout, que ce soit dans l’atmosphère ou sur les expressions corporelles ou faciales des musiciens. L’iconique batteur Frost nous gratifie tout de même d’un moment théâtral en début de set, avec le classique numéro de cracheur de feu, qui renvoie aux grandes heures du black metal des années 90. Mais ce sera le seul moment “fantaisiste” du concert. Comme Kampfar, 1349 aura 1h20 pour nous prouver qu’il est toujours à la hauteur de sa réputation de groupe sans compromis de la vieille scène norvégienne. Qu'ils se rassurent, cela a pu être vérifié. En effet, le groupe nous a déroulé sa setlist tel un char d’assault en marche, enchaînant des titres tous plus violents les uns que autres.
Aucune pause, et aucune fioritures. Juste du blast beat à foison, des riffs typique du BM le plus froid qui nous matraquent la gueule, et les hurlements de sorcière du vocaliste Ravn. Outre la clarté sonore parfois fluctuante en fonction des titres (mais rien de bien méchant), on aura droit à quelques petits éléments qui tireront leur épingle du jeu dans le set. « Slaves » et son côté très rockn’roll et groovy, « Striding The Chasm » et son riffing thrashy et evil à la Slayer. Et le classique « I Am Abomination », qui met davantage en exergue l’aspect machine de guerre qu’est le groupe sur les planches. En résumé, sans faire de chichis et sans aucun artifice, 1349 nous a littéralement roulé dessus, nous laissant à moitié agonisant après tant de haine et de violence. Pour le meilleur, comme pour le pire.
Setlist :
Riders of The Apocalypse
Ash of Ages
Slaves
Through Eyes of Stone
Shadow Point
I Am Abomination
Striding The Chasm
Inferior Pathways
Blood is The Mortal
The God Devourer
Atomic Chapel
Abyssos Antithesis
Un grand merci à l'équipe de Garmonbozia pour l'organisation du concert et pour l'accréditation.