Throne Fest 2014
Kubox - Kuurne
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Les live-reporters d'Uzine "S." et "Schifeul" sont allés faire un tour en Belgique du côté du Throne Fest, retour en texte et en vidéos.
S. :
Le Throne Fest est un événement incontournable pour tout fan de la scène metal extrême. Il se déroule à Kuurne en Belgique depuis une bonne paire d’années déjà. Les affiches se bonifient au fil du temps. Pour cette cuvée 2014, les organisateurs belges nous ont concocté un programme de haute volée, qui m’aura convaincu de faire 1500 km aller-retour pour m’abreuver de musique diabolique. Car oui, cette année nous avons affaire à du brutal du début à la fin et chaque groupe ou presque a le calibre d’une tête d’affiche.
Sur les coups de midi trente, nous pénétrons dans cette grande antre qu’est Kubox, un bel et imposant endroit, bien conçu. Après le hall d’entrée, la salle est divisée en deux, séparant l’enceinte principale par des stores roulants, les groupes pouvant régler leurs balances dans l’intimité. Au fond de la pièce, plusieurs stands de merchandising occupent l’espace. Je m’affaire à quelques achats de rigueur avant que ne débutent les hostilités.
Treize heures passées de quinze minutes, les volets s’ouvrent, les dizaines de die-hard venus tôt s’empressent de rejoindre le devant de la scène pour accueillir comme il se doit le premier groupe de la soirée, les italiens de Kult. J’avais eu le plaisir de les découvrir au minuscule bar du Dock à Grenoble en février dernier, leur prestation m’avait scotchée, un Black Metal percutant et revanchard. J’étais donc impatient de les voir se produire sur une scène digne de ce nom. On peut dire que je n’ai pas été déçu. C’est toujours aussi bon, avec cette basse mise en avant qui donne une consistance et une force bienvenues. Un set d’un peu moins d’une demi-heure, convaincant, où les quatre transalpins ont pu s’exprimer avec cinq morceaux tirés de leurs albums “Winds of War” et "Unleashed from dismal Light”. Une bonne entrée en matière !
Setlist : Winds of War // Guerriero di un Tempo Perduto // Exercitus Mortorum // Raging Curse upon Man // Specter's Recurrence
S. :
C’est ensuite à leurs compatriotes de Fides Inversa d’enchaîner. C’est à vrai dire le seul groupe que je ne connaisse pas de la soirée. Peut être parce qu’ils n’ont sorti qu’un seul album il y a déjà cinq ans, ou tout simplement parce que la scène italienne du Black Metal ne m’intéresse guère ? Quoiqu’il en soit, ma curiosité reste en éveil. Les membres entrent sur scène, habillés tels des moines, du déjà-vu mais visuellement ça fonctionne toujours. L’autre élément qui m’interpelle est l’absence de micro sur le plateau, il faut en fait porter son regard en arrière-plan. Chose peu commune en effet, c’est le batteur qui assure la partie vocale. Déjà que la performance demande une certaine habileté, sa prestation va être entâchée de quelques soucis techniques au niveau du micro. Près du tiers du set va se dérouler sans chant, malgré la réaction rapide des ingénieurs du son à tenter de réparer l’incident. Vraiment dommage, puisque le coffre du bonhomme est assez impressionnant, un timbre à la fois incantatoire et un brin démentiel. Musicalement, ça tient bien la route, pas très loin d’un Watain, Funeral Mist ou encore Deathspell Omega, à la fois mélodique et direct, alternant les passages violents et les interludes plus mid-tempo, voire carrément des samples dignes d’une messe noire. Les romains sont venus nous jouer quatre morceaux, dont deux nouveaux, à paraître sur leur prochain opus. Une bonne découverte pour ma part.
Setlist : Decollatio // New track // New track // Homicidium
S. :
Au tour maintenant d’Arkona. Pour beaucoup ce nom évoque le groupe de pagan/folk russe, mais les fins connaisseurs savent que les polonais étaient là bien avant, et font même partie de ces groupes légendaires de Pologne, au même titre que Behemoth ou Graveland, malgré des destins (et succès) très différents. Pourtant, de la formation originelle, il ne reste aujourd’hui plus que le guitariste et leader Khorzon. Après des années de silence, le quatuor a sorti son nouvel album l’année dernière (“Chaos.Ice.Fire”). J’étais donc plutôt impatient d’assister à leur set, moi qui me suis écouté un nombre incalculable de fois les “Imperium”, “An Eternal Curse of the Pagan Godz” ou encore “Nocturnal Arkonial Hordes”. Et quel fut mon plaisir de pouvoir entendre ces vieux titres joués en live, que ce soit “Skrajna nienawisc…”, “Epidemia…” ou “Przyszły…”. Même les nouveaux morceaux passent très bien, comme le mid-tempo “Zasypiając w strachu”, un des rares moments de répit dans ce fest’. Le son est impeccable et le vocaliste impose sa présence sur scène, côtoyé de part et d’autre du guitariste et du bassiste, encagoulés dans leur sweat blanc. Que du bon une fois de plus pour ce set.
Setlist : Skrajna nienawisc egoistycznej egzystencji // Epidemia rozczarowania i nedza duchowa // Istnienie moje przeniknie ziemie // Zasypiajac w strachu // Przyszly zdrajca chrzescijanskiej masy // Pluje na twa marnosc psie
S. :
Encore des polonais pour enchaîner, et pas des moindres. Mgla, avec seulement deux albums et plusieurs EP, se sont forgés une énorme réputation dans le milieu, grâce à leur musique hautement addictive et leur imagerie sur scène relevant d’une expérience pour le public. Les natifs de Cracovie apparaissent sur les planches eux aussi encapuchonnés, mais avec le visage enrobé d’un tissu noir. Avec la machine à fumée tournant à plein régime, c’est comme si nous avions quatre Nazgul devant nous. Visuellement, cela ne laisse pas indifférent. Ajoutez à cela leurs morceaux tous aussi bon les uns que les autres, nous avons affaire ici à un set de haute volée. Mention spéciale au dernier titre “With Hearts Toward None VII” tenant en haleine pendant environ dix minutes, montant crescendo, la sensation d’avoir un bouquet final qui se répète. Complètement jouissif. Décidément ce Throne Fest ne déçoit pas !
Schifeul :
J’en aurai entendu parler de Mgla ces derniers temps, et toujours de façon dithyrambique, c’est donc avec curiosité que je vais voir les polonais, et j’ai pas été déçu du voyage ! Servi par un son niquel chrome (fort juste ce qu’il faut pour permettre d’enlever les protections et se faire enivrer par le son sans se péter les oreilles) le quatuor au visage dissimilé sous une cagoule envoie un black metal prenant aux tripes, au riffing propice à nous laisser nous emporter et à ce chant qui nous enveloppe d’une aura obscure. Mon Throne Fest démarre de la meilleure des façons et il me tarde de revoir le groupe, mais cette fois en m’étant réellement penché sur leur discographie !
Setlist : Further Down The Nest I // With Hearts Toward None IV // Mdlosci I // Mdlosci II // With Hearts Toward None I // Groza III // With Hearts Toward None III // With Hearts Toward None VI
S. :
Depuis le début je suis au premier rang, au milieu, gardant jalousement ma place avec cette salle qui commence à bien se remplir, quitte à ne pas manger et de résister à l’assaut des vautours voulant s’incruster. A l’approche du set suivant, je m’attends à solliciter grandement mes appuis. En effet, c’est au tour d’Aura Noir de prendre le relais, les légendaires norvégiens officiant dans le Black/Thrash. Les vieux briscards de la scène vont nous balancer onze titres de leur répertoire, dès les premières secondes on reconnaît la griffe des scandinaves, impulsif, direct, alcoolisé et puisant résolument dans les racines thrash.
Derrière moi, le public s’agite, ça devient vite folklorique à filmer/photographier quand les pogos font des assauts dans le dos ou, mieux, lorsqu’un slammeur passe juste au-dessus de soi avant d’être récupéré par la sécu. Quoiqu’il en soit, la horde emmenée par Apollyon maîtrise son sujet et démontre toute son expérience, leur musique respire le old-school, avec ces riffs assassins et les soli de Blasphemer bien emmenés. Les trois quarts d’heure de prestation sont convaincantes.
Schifeul :
Changement radical d’ambiance avec le Black Thrash d’Aura Noir, qui ne seront que 3 ce soir, Aggressor étant entré à l’hôpital la veille. Mais cela les importe peu ! C’est donc Apollyon qui se charge du chant tout du long d’un set balancé à l’arrache. Et l’arrache est justement ce qu’il faut à Aura Noir qui a transformé une situation handicapante en concert bien bas du front mais au combien jouissif !
Setlist : Upon The Dark Throne // Blood Unity // Wretched Face of Evil // Fighting for Hell // Released Damnation // Hell's Fire // Mirage // Gaping Grave Awaits // Conqueror // Condor // Abbadon
S. :
Place maintenant aux régionaux de l’étape, probablement le groupe le plus culte de la scène Black Metal belge, j’ai nommé Enthroned, avec vingt ans d’expérience au compteur, même si les remaniements ont été nombreux. J’avoue avoir suivi leur discographie de façon inconstante, mais appréciant globalement tout ce que j’ai pu écouter d’eux. Les cinq membres ne sont pas venus ici pour faire dans la dentelle, leur musique se veut agressive et blasphématoire. Surtout, le leader et chanteur Nornagest jouit d’un charisme impressionnant (au même titre que sa corpulence), c’est lui qui anime les débats sur scène avec ses sermons sataniques et ses gestes d’incantation du Grand Cornu. La majeure partie des titres joués est issue des albums récents du combo, avec une part belle pour "Sovereigns", dernier méfait en date. Enthroned nous a probablement délivré une des prestations les plus malsaines de la soirée.
Schifeul :
Arrive ensuite Enthroned, étrange de les voir au-dessus d’Aura Noir sur l’affiche, mais le groupe jouant chez lui, ceci explique forcément cela . En revanche, autant musicalement c’est plutôt bon, autant le chanteur en plus d’en faire des tonnes dans son attitude, à une sale reverbe sur son chant qui fout tout en l’air ! Résultat : je trace manger un truc à la friterie me disant « pendant un groupe ça devrait aller ». Ha, ha …. PUTAIN DE 1H30 de queue ! le genre de truc où on veut tout le temps tracer, mais vu ce qu’on a attendu ça serait trop con. Du coup, je rate le tout début de Tsjuder, la déprime.. La prochaine fois je me ferai des tartines.
Setlist : Intro // Of Shrines & Sovereigns // Baal Maut // Through the Cortex // Ha Shaitan // Horns aflame // Behemiron // Tellvm Scorpionis // The Edge of Agony // Rion Riorrim // Of Feathers & flames
S. :
Encore du culte avec les norvégiens de Tsjuder, eux non plus ne sont pas venus faire de compromis en terres belges. Le trio originaire d’Oslo a littéralement enflammé la salle avec son déluge de blast et de riffs malsains, démontrant toute leur expérience. On remarquera que guitariste et bassiste alternent dans le chant et dans leur positionnement sur scène, accentuant le dynamisme. Là encore rien à reprocher, leur Black Metal violent est maîtrisé. On a le droit aux grands classiques tels que “Ghoul” ou “Kill for Satan”, rendant formidablement bien dans cette enceinte aux son et décor impeccables.
Schifeul :
Compte tenu des péripéties précédentes, je rate les toutes premières minutes de Tsjuder, mais qu’importe ! Ce qui est cool avec les Norvégiens, c’est que dès qu’on entend une note du groupe, même si on se pointe en plein milieu d’un morceau, on est pris dans la frénésie Black metal éclaboussante de rock’n’roll des musiciens ! Quatrième fois pour ma part que j’ai la chance de voir Tsjuder et comme d’habitude le show fut titanesque ! J’hurle, j’headbange,je two-step pendant que ça se fout sur la gueule dans le pit, moment fort du concert, l’énorme enchainement Ghoul/ Mouth Of Madness/ Slakt qui renvoie chez tata toutes les autres prestations de la journée ! La reprise de Bathory en dernier coup de rein avec Sacrifice et Tsjuder nous laisse avec LE concert du fest dans les dents.
Setlist : The Daemon Throne // Helvete // Kill for Satan // Beyond the Grave // Ghoul // Mouth of Madness // Slakt // Intro + Unholy Paragorn // Eriphion epistates // Sacrifice
S. :
Il ne reste plus que deux groupes, les plus connus, à défaut d’être les meilleurs (avis personnel), mais pas question d’en rater une miette. Au tour donc de 1349 de venir répandre son venin. Pour être honnête, je connais bien évidemment ces norvégiens qui ont produit cinq albums en une dizaine d’années, mais aucun des morceaux que j’ai pu écouter d’eux ne m’a transcendé. Pourquoi ? Pour ce sentiment que tout est basé sur le blast, ce qui a tendance à bien m’ennuyer et ce live ne va que confirmer mon impression. Alors certes la mise en scène est très intéressante, pour lancer les hostilités, c’est le batteur Frost qui vient cracher le feu sur scène, tandis que le guitariste a tout l’attirail de la Grande Faucheuse, tant au niveau de l’habillement que du maquillage (même les doigts sont peints pour suggérer le squelette). Visuellement on ne peut qu’approuver. Mais musicalement, si ça passe plutôt bien au début, ça devient vite insupportable, du blast qui martèle à n’en plus en finir. Ajoutez à cela une surabondance de fumée et des lights, que dis-je, des stromboscopes utilisés de façon démesurée, à faire crever un épileptique, vous avez le parfait cocktail de la lassitude. On est à un concert de Black Metal ici, pas à une rave party ! J’étais bien content que ça se termine !
Schifeul :
1349 débute, et d’entrée de jeu ça sent le pétard mouillé avec Frost et Archaon qui viennent cracher du feu comme on pointe au taff, bonjour, pfooout, au revoir. Et les voir faire ça en mode « on le fait parce qu’il faut le faire » ça donne pas à rêver pour la suite… Et d’ailleurs c’est pas jojo, avec un son bien pourri qui rend le tout bien brouillon, et quand, en plus, on a un groupe en roue libre, ça donne un concert un peu moisi… Bon ça n’empêchait pas quelques gars de piter, mais, pour le reste le cœur n’y est pas.. Prestation à oublier.
Setlist : Intro // Maggot Fetus...Teeth Like Thorns // Sculptor Of Flesh // I Am Abomination // Chasing Dragons // Uncreation // Riders Of The Apocalypse // Slaves // Serpentine Sibilance // When I Was Flesh // Atomic Chapel
S. :
Place maintenant à la tête d’affiche, les suédois de Marduk. J’avais eu l’occasion de les voir à Lyon il y a quelques mois dans le cadre de leur tournée européenne, où ils avaient joué en intégralité les albums “Panzer Division Marduk” et “Those of the Unlight”. On remet donc le couvert avec la bande à Morgan. Apparemment ils sont censé jouer leurs meilleurs titres et quelques morceaux jamais interprétés en live. Soit, mais j’ai lâché leur discographie depuis pas mal de temps, à partir de “la Grande Danse Macabre”, leur Black Metal est devenu trop quelconque, sans saveur. Cela dit je reste un inconditionnel des vieux albums. Une tripotée de sorties depuis tout ce temps, je risque d’être pas mal largué pour reconnaître les titres du set ! en effet la plupart sont issus de la période récente, cela dit on a le droit aux classiques, un “Glorification of the Black God”, “Christraping Black Metal” ou “Those of the Unlight”, lesquels font toujours leur effet. Niveau prestation, c’est joué avec le professionnalisme qu’on connaît, un Morgan toujours affûté à la guitare malgré le temps, un Lars Broddesson envoyant la purée derrière ses fûts, un Devo faisant le job à la basse et un Mortuus répandant sa haine au micro, même si concernant ce dernier, je le trouve beaucoup plus convaincant dans Funeral Mist. Sans être transcendant (avouons-le), le set de Marduk est plutôt bien passé. Pas bandant mais correct pour conclure ce fest.
Schifeul :
Après 20 minutes de retard (alors que jusque-là les horaires étaient parfaitement respectés), Marduk entre enfin sur scène et je vais tuer le suspense tout de suite, c’était chiant. En même temps avec un groupe qui laisse 2 minutes de flottement entre chaque morceaux, fallait pas demander grand chose ! Bon bien sûr il y a des morceaux cools avec de très bon riffs et on se retrouve parfois à taper du pied, mais on tape du pied comme on gonfle son matelas en camping : au début on y va plein d’entrain, mais c’est vite saoulant. En revanche, mon voisin roux (qui a cousu des patchs sur le backpatch de sa veste à patch porté par-dessus un perfecto à patchs : on l’appellera incepatche) a l’air particulièrement satisfait, y allant de son air drums, de son air guitare voire en hurlant les paroles en se servant de son poing comme micro et lorsqu’il ne sait pas quoi faire, il prend la pose de Satan en pointant l’index et le majeur droit vers le haut, et les gauches vers le bas. Entre lui, les Flamands avec leurs patchs nazis et la petite grosse qui a tourné pour french bukkake ; on est servi sur la faune locale ! Mais bon, le rire ça fait pas tout et Marduk c’est vraiment triste à se coltiner, du coup cassos assez rapidement.
Setlist : Intro // Glorification of the Black God // The Levelling Dust // Serpent Sermon // 502 // Perish In Flames // With Satan and Victorious Weapons // Into Second Death // The Funeral Seemed To Be Endless // Christraping Black Metal // Temple Of Decay // Warschau // Those Of The Unlight // Souls for Belial
S. :
Une programmation sur le papier alléchante qui s’est révélée particulièrement bonne pour ce Throne Fest édition 2014. Onze heures de Black Metal intense, parfois éprouvant pour les organismes (c’est ça aussi de vouloir se cramponner au premier rang).
L’organisation fut bien rôdée, la salle et le décor impeccables, les incidents techniques au final minimes, des horaires respectés et des prestations globalement très bonnes qui ne me font pas regretter d’avoir fait tant de kilomètres. En espérant avoir une affiche du même acabit l’année prochaine !
Schifeul :
Au final un Throne Fest un peu mitigé, avec des têtes d’affiche toutes bancales et des efforts à faire pour la bouffe (un stand géré par UNE personne ? Seriously ?) Mais étant surtout venu pour Tsjuder et Tsjuder ayant comme prévu tout défoncé, on en a eu pour ce qu’on était venu voir.
Galerie photos : http://www.u-zine.org/photo.php?id=387