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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Iron Maiden

No Prayer For The Dying

LabelEMI Records
styleHeavy Metal
formatAlbum
paysAngleterre
sortieseptembre 1990
La note de
U-Zine
6.5/10


U-Zine

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La fin d’un règne...d’une ère…le roi est mort…

La sainte décennie a pris fin, voyant l’arrivée d’une nouvelle génération plus extrême, plus punk dans l’esprit ou littéralement plus véhémente. La domination du heavy métal sur le monde n’est plus…la supériorité d’Iron Maiden revue…passant de légendes vivantes à (presque) ancienne gloire, malgré un succès toujours énorme et une popularité jamais démentie en 30 ans de carrière.
Néanmoins, dire que les esprits n’avaient pas changé relèverait de l’hérésie…

Seventh Son of a Seventh Son avait vu le groupe explorer des horizons quasi progressifs, l’ajout de claviers, d’atmosphères synthétiques très travaillées et riches et avaient logiquement amené une immense tournée mondiale, décadente et invraisemblable, aux décors incroyables. Mais, à travers l’hégémonie de la vierge de fer, un certain Adrian Smith, principal artisan avec le maitre à penser Steve Harris, a voulu fonder son projet (ASAP pour Adran Smith And Project), ce qu’il fit en 89 (Silver and Gold) tandis que Steve travaillait déjà sur de nouvelles idées.
C’est alors que les divergences musicales prirent forment. Adrian pensait être sur la bonne voie avec les deux derniers opus, tenait à continuer sur ce chemin. Steve désirait un retour aux sources, prétextant une direction musicale qui tendait à les dépasser et les dénaturer progressivement. Le déchirement fut naturel, et il fut évident qu’Adrian n’avait plus l’esprit à Maiden, ne composant qu’un Hooks in You qui se transformera en l’un des morceaux les plus soporifiques du nouvel album.

Un album marqué également par la discorde, à l’heure où Bruce Dickinson avait à cœur de prouver qu’il pouvait être autre chose que le chanteur d’Iron Maiden, de travailler sur un disque solo avec…Janick Gers ! C’est d’ailleurs sur un de ces morceaux que Steve entendra le fameux Bring Your Daughter to the Slaughter, et réussira à convaincre Bruce de le garder pour le futur album, afin de devenir le premier single numéro un de l’histoire du groupe britannique.
Ce titre met fortement en avant le nouvel aspect plus glauque et rock de l’album. Les mélodies sont simples, les accords fuyant, le chant de Bruce beaucoup plus rauque et agressif tandis que le refrain, sans être immédiat, se veut bien plus vicieux que ce à quoi le groupe nous avait habitué. On plonge avec délectation dans un univers malsain et volontairement très noir et brut de décoffrage, revenant à l’aspect d’un certain Killers. Janick Gers dévoile un jeu complètement différent d’Adrian, beaucoup moins mélodique mais plus fiévreux, plus rock n’roll et déstructuré, presque fou. Il y aura également ce break, presque atmosphérique, où Bruce susurre à l’oreille de l’auditeur un texte gore rédigé en 5min inspiré de la saga des Freddy. Un titre différent mais si excellent que les fans pouvaient attendre l’album sans trop de peur…et pourtant…

L’image d’un Eddie effrayant et purement horrifique, proche du Eddie originel, renvoie lui aussi inévitablement à l’esprit de retour aux sources. No Prayer for the Dying stoppe complètement l’évolution grandiose du groupe, et se tire une balle dans le pied dès Tailgunner.
Un riff très simple, aucune réelle intro, un démarrage haché pour débouler sur une partie vocale rustre, chaude mais si loin des albums précédents. On ressent cette idée de mort du heavy métal, l’arrivée du grunge, la nouvelle domination du thrash et du death…Maiden ne sait plus où il en est, et mis à part un superbe solo en tapping de Dave Murray, ce premier titre n’offre pas grand-chose. Holy Smoke remonte nettement le niveau par son second degré évident (le clip est un modèle de nanar), un Bruce incisif dans un genre lui allant finalement comme un gant, un rythme plus rapide qui permet à Steve de poser une ligne de basse dont lui seul à le secret, et d’insuffler un petit grain bluesy dans les mélodies, comme le groupe le fera plus profondément sur le disque suivant. Les soli sont une nouvelle fois merveilleux quand à eux, tant Dave survole ce disque en règle générale par sa fluidité et son talent.

Puis arrivera un morceau non pas marquant mais magnifique, l’éponyme ballade, superbe et déchirante. Quelques arpèges, un mid tempo et des harmonies sublimes de la paire Gers/Murray ainsi qu’une ligne vocale sensible et viscérale, Bruce démontrant une nouvelle fois que, plus qu’un simple chanteur, il est avant tout un incroyable interprète. Une énorme accélération doublé d’un solo typiquement marqué du sceau de la « danseuse » Gers en fera une chanson souvent oubliée, mais finalement atypique et plus que réussie.

En général, l’album alterne le sympathique avec le dispensable. Public Enema Number One s’incruste complètement dans le paysage musical de ce huitième album, brut, rock, puissant et sans aucune fioritures, peu de subtilités mélodiques, pas de synthés, juste du heavy métal envoyant sauvagement le paté ! Mais pour ce morceau néanmoins très bon, il faudra faire avec un Run Silent Run Deep complètement dispensable et inutile, un Hooks in You soporifique à côté de la plaque ou un The Assassin sauvé uniquement par son refrain scandé par le groupe !
Mother Russia termine ce disque, s’avérant une torture pour celui qui ne s’attendait pas à ça, une nouvelle fois dans une atmosphère brumeuse, mais bien plus proche de l’esprit du disque précédent, notamment du titre éponyme. Les chœurs refont surface, quelques harmonies, des chœurs…avant qu’un riff très rock et étrangement saccadé prenne le dessus sur le reste des éléments. Le chant de Bruce est très martial, découpé, carré, tout comme la batterie de Nicko McBrain, sans fantaisie.

La fin d’un règne...d’une ère…le roi est mort…

Bien des choses ont changé en cette année 1990…une page se tournait définitivement, la plus belle pour beaucoup…Maiden allait passer la décennie la plus difficile de sa carrière, sans réellement faillir mais sans être extraordinaire non plus…Maiden, même à terre, n’abdiquera jamais…sans doute la marque des grands…

1. Tailgunner
2. Holy Smoke
3. No Prayer for the Dying
4. Public Enema Number One
5. Fates Warning
6. The Assassin
7. Run Silent, Run Deep
8. Hooks in You
9. Bring Your Daughter... to the Slaughter
10. Mother Russia

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