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Le cap fatidique du dixième album !
On ne peut pas dire qu’Iron Maiden est passé ce cap avec la plus grande des réussites et des cohésions. Symbole d’une époque perdue et décimée pour le heavy métal, Iron Maiden a souffert comme la plupart des groupes de sa génération de l’arrivée d’un métal plus extrême, puis plus urbain et vindicatif, dont Korn, Sepultura et Limp Bizkit furent les investigateurs et les leaders incontestés.
Dans cette période trouble de l’histoire, le géant Maiden eu toutes les peines du monde à survivre, et, suite à deux opus en demi-teinte ayant vu la défection d’Adrian Smith, ce fut le charismatique vocaliste Bruce Dickinson qui décida de quitter le navire, succombant à l’appel du large et d’une carrière solo. Le poids, parfois insupportable, de la vierge de fer et cette sensation avilissante de ne parfois plus être qu’un simple outil du décor, eu raison de lui.
Blaze Bayley eu alors des difficultés absolues et presque logiques à le faire oublier, malgré toute l’admiration que Steve Harris pouvait avoir pour lui.
Un dixième opus, affichant le nouveau leader, une pochette immonde et sans accroche et une production bien terne, marqué par le patronyme énigmatique de The X Factor, acheva des fans inquiets par le départ de leur figure de proue. Et malgré un succès commercial très important (notamment en Amérique du Sud) et quelques pays l’encensant (la France, entre autres…), le constat était sans appel. Maiden ne vivait plus que sur un passé doré et dans les esprits de ce que fut, un jour, le plus grand groupe de heavy métal au monde.
Trois ans après ce premier électrochoc, les britanniques enregistrent leur second opus avec leur quatrième vocaliste, Virtual XI, amalgame de leur passion de la technologie (la création du jeu vidéo Ed Hunter, l’aspect toujours moderne de leurs shows) et du football (onzième album, onze joueurs dans une équipe de football).
Clairement, ce nouvel album dévoile un groupe plus soudé que sur l’opus précédent, volontairement très sombre pour que le timbre ténébreux de Blaze s’acclimate, mais complètement apathique et bien souvent vide (si l’on met de côté un phénoménal Sign of the Cross, néanmoins mille fois mieux interprété par Bruce Dickinson).
Le retour à un réel heavy métal, et donc à une personnalité plus propre à Iron Maiden, fait réellement du bien même si l’on reste encore à des années lumières des standards du groupe.
Futureal ouvre pourtant idéalement album. Trois minutes furieusement heavy, une ligne de basse typique de Harris, des riffs rapides et bruts de décoffrage (tuerie en live à la Wrathchild), un Blaze qui s’acclimate à la musique, dans un registre plus rauque, même si l’on sent irrésistiblement un manque évident de puissance. Néanmoins, le refrain rentre rapidement en tête et les lignes vocales sont très bien composées.
Virtual XI est également l’album où les prémices de l’orientation plus progressive de la vierge de fer apparaissent (on se souvient de l’incroyable Ghost of the Navigator qui avait surpris tout le monde, ainsi que la totalité du magistral A Matter of Life and Death).
Les morceaux, hormis ce titre d’ouverture, sont tous relativement longs, allant de six à dix minutes ; les structures s’allongeant exponentiellement que l’ennuie s’installe, Harris n’étant pas encore maître dans l’entière composition d’un disque entièrement composé de longues pièces musicales. Si The Clansman est un magnifique morceau (neuf minutes), émotionnel et touchant, sur l’indépendance des peuples indigènes (BraveHeart n’était alors pas très vieux, et une illustration d’Eddie incarnant Mel Gibson montrera l’influence du film sur le bassiste), il est l’arbre qui cache la forêt. Face aux « Freedom !!!! » et aux accélérations superbes du morceau suscité, il faudra faire avec un The Angel and the Gambler aux claviers synthétiques ridicules (dix minutes) ou un Don't Look to the Eyes of a Stranger évoquant un Afraid to Shoot Strangers bancal ou une face B de l’album précédent. Certes, les structures sont originales et à tiroir, mais la production encore trop faiblarde, les vocaux linéaires et sans âmes, ainsi qu’une platitude extrême, font de ce Virtual XI un album à posséder plus pour la collection que pour la qualité intrinsèque.
Lightning Strikes Twice reste dans la pure lignée de ce que fait un Maiden épique, et Blaze ne s’en tire pas trop mal, même si l’on préfère finalement la musicalité pure, la mélodie acoustique étant très jolie, et les riffs lourds et heavy. Il reste invariablement cette impression d’apathie, que Blaze n’interprète rien et ne fait que chanter derrière son micro, tant l’émotion est absente. Quand à Como Estais Amigos, hommage aux soldats britanniques et argentins lors de la guerre des Malouines, elle se distingue par un aspect plus atmosphérique et une réelle force émotionnelle, force venant probablement du sujet plus que de la musique. Quelques nappes de claviers font leur réapparition, en s’intégrant parfaitement à la musique cette fois, donnant une couleur presque tragique, à l’instar d’une lamentation.
Néanmoins, le bilan reste le même…Blaze n’avait pas les épaules pour supporter un tel monstre…le groupe s’en rendit définitivement compte lorsqu’il tomba malade sur la tournée suivante…laissant la porte grande ouverte au retour des héros…et d’Iron Maiden…
1. Futureal 02:55
2. The Angel and the Gambler 09:52
3. Lightning Strikes Twice 04:50
4. The Clansman 08:59
5. When Two Worlds Collide 06:17
6. The Educated Fool 06:44
7. Don't Look to the Eyes of a Stranger 08:03
8. Como Estais Amigos 05:30