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Les choses ne seront plus jamais les mêmes...
Imaginez ce qu'il se passe dans la tête d'un jeune garçon de dix sept ans en pleine phase de découverte du Metal, découvrant Dark Tranquillity, Machine Head ou In Flames et fan absolu de Slipknot par dessus tout quand tant de grâces et de perfections s'offrent à ses oreilles pour la première fois. Des frissons lui glacent le corps et sa vie entière en portera le sceau.
Cette personne, c'est moi et avec Deliverance, j'ai vu ma vision de la Musique changée en l'espace d'un morceau, « Wreath » d'une noirceur inégalable. Une telle noirceur jamais il n'en avait autant été
question dans ma recherche du genre auparavant. Ainsi de là, ma passion pour le Metal et pour la Musique en général en est sortie transcendée recherchant par dessus tout la profondeur.
Sixième album d'Opeth, Deliverance est une évolution flagrante dans la carrière des Suédois. Plutôt que de continuer dans une voie royale que lui offrait le succès unanime de Blackwater Park, Opeth délivre ce qui est encore aujourd'hui son album le plus brutal mais également le plus noir de sa carrière où les moments de quiétudes se font bien plus rares que par le passé. Cet album devait avec Damnation former un double album afin de montrer la dualité présente dans Opeth sur chacun d'entre eux. D'un coté un Deliverance violent mais raffiné et de l'autre un Damnation tendre, gracieux mais tout aussi tourmenté. Mais il n'en fut rien et le résultat n'est pas pour nous décevoir non plus.
L'évolution ne se fait pas uniquement dans le fait que Mike Akerfeldt gueule beaucoup plus que et laisse moins la place à son chant clair que par le passé. Ce point est, d'ailleurs, discutable car en plus d'avoir un morceau uniquement composé de chant clair (« A Fair Judgement »), tous les morceaux hormis « Wreath » (quoique sur la fin du morceau, on entend en fond la voix claire de Mike) et « For Absent Friends » en comptent. Mais non, la noirceur passe surtout par ces guitares qui se font bien moins mélodiques et ce même sur les ballades. Pas l'ombre d'un rayon de soleil ou de nature à l'horizon. Juste un homme souffrant le martyr face à une vie qui n'a pas été tendre avec lui. Martin Lopez agresse ses fûts comme il ne l'avait plus fait depuis Once Sent From The Golden Hall enregistré avec les vikings de Amon Amarth, avec des parties de double pédales à la pelle mais garde son jeu divin tout en subtilité sur certains passages (la fin de « Deliverance » ou « A Fair Judgement ») qui fait de lui encore aujourd'hui malgré sa maladie, un des grands batteurs du Metal sous toutes ses formes.
Pour revenir au chant Death de Mikael, il est poussé comme jamais il ne l'a été par le passé lâchant tout pleins de cris glaçant le sang (« Wreath » et surtout le final de « Master's Apprentices). Ses parties claires, si elle ne valent les meilleurs lignes de My Arms, Your Hearse, sont toujours époustouflantes. D'une pureté et d'une sincérité sans nom. Un titre comme « A Fair Judgement » est certainement la meilleure semi ballade qu'a composé Akerfeldt durant sa carrière. Démarrant avec une intro au clavier des plus minimalistes. Puis vient, le chant d'Akerfeldt d'une tendresse déstabilisatrice et également d'une très grande tristesse pour à la manière de « Face Of Melinda » déboucher sur un gross riff Heavy mais mélodique. La fin du morceau verra un long solo qui est surement ce qui se fait de mieux dans la carrière du groupe.
Comme sur le dvd Lamentations, l'arrivée de « Master's Apprentices » est brutal et surprend surtout après l'interlude mélancolique à la guitare sèche qu'est « For Absent Friends ». Ce morceau contient les parties les plus brutales et violentes de la carrière des Suédois, tout en gardant un groove certains mais dans son noyau, il contient également une partie très calme et très touchante (Le « Into Death » me fait toujours décoller une petite larme).
Pour finir Deliverance, il va sans dire que le choix est curieux et que le morceau est un peu oublié aussi bien par le groupe que par les fans. « By The Pain I See In Others » est un espèce d'ovni dans toute la carrière du groupe à la fois parfaitement dans les tons noir et malsain de l'album mais à la fois très psychédélique avec une sorte de boîte à musique qui revient sans cesse et une ambiance un peu arabisante qui annonce ce que sera « The Lotus Eater » sur Watershed.
Je vous ai bien parlé également de « Wreath » mais j'ai involontairement oublié de parler de la chanson éponyme qui est vue par beaucoup comme LE chef d'œuvre du groupe et l'un des moments clé des concerts d'Opeth. S'il n'est pour autant pas mon titre préféré du groupe, il est incontestablement un chef d'œuvre de profondeur et de cohérence comme on en fait beaucoup dans la discographie du groupe.
Mike et Opeth ont fait très fort avec Deliverance. Ne se reposant pas sur ses lauriers, le groupe continue à évoluer vers des contrées qu'il n'avait pas encore exploré. Plus qu'un simple album, Deliverance est le bijou de cette formation majestueuse qui continue toujours à nous suprendre. Tout simplement l'album qui m'a marqué comme aucun autre l'a fait et le début d'une grande histoire d'amour.
Les choses ne sont, désormais, plus les mêmes...
1. Wreath
2. Deliverance
3. A Fair Judgement
4. For Absent Friends
5. Master's Apprentices
6. By the Pain I See in Others