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Ce My Arms, Your Hearse est un premier tournant dans la carrière d’Opeth. Il marque en effet le premier changement de line up des suédois. Anders Nordin qui officiait derrière les fûts jusque là, ayant décidé de quitter le groupe. Un remplaçant sera rapidement trouvé puisque c’est l’ancien batteur des Vikings d’Amon Amarth, le génial Martin Lopez qui reprendra le flambeau. Cependant, les vagues de départ ne vont pas s’arrêter car c’est au tour de Johann DeFarfalla de quitter le groupe. Cette fois-ci viré par Mikael Akerfeldt suite à un désaccord quant à la place de la basse dans la musique du groupe. Johann voulait que son instrument fétiche soit plus mis en avant. Chose qui ne semblait pas nécessaire aux yeux du maître à penser d’Opeth et c’est lui-même qui va composer et tenir la basse le temps de cet album en attendant de trouver un nouveau bassiste.
Et pour marquer ce virage dans leur carrière, Mikael fait les choses en grand puisqu’il nous sort un concept album en béton armé (chose qui est une habitude pour lui désormais) et si l’on met toutes les paroles les unes au bout des autres, cela formera un texte. Le dernier mot de chaque chanson se révèle être le titre du morceau suivant. Vous comprendrez tout cela beaucoup mieux le livret dans les mains.
Au rang de nouveauté, Opeth s’est enfin doté d’une bonne production. Fini les productions crades de Dan Swano, c’est désormais la paire Fredrik Nortsrom – Anders Friden qui est à la baguette. Elle intensifie la violence des passages pêchus tout en rendant encore plus beaux les parties calmes. Ce qui renforce le contraste de ce qui sera d’une certaine façon la marque de fabrique des suédois dans le futur. Ce contraste permet également à l’auditeur de ne jamais tomber dans la monotonie.
De plus, les morceaux sont moins longs que dans le passé et aucun ne dépasse les dix minutes (L’époque de Morningrise et de son titre de vingt minutes, « Black Rose Immortal » est définitivement révolue) comme Opeth nous y avait si bien habitué. A tel point que le groupe va se trouver un hymne qu’il joue encore fréquemment lors de leurs concerts, je veux bien sur parler de la très brutale et noire « Demon Of The Fall ». Cependant, qu’on soit clair, cet album même s’il est le plus court après Damnation de leur discographie, contient des morceaux tout de même longs ( 5’30 pour le plus court) et il est loin d’être facile à apprivoiser car avec Opeth, on a toujours le droit à une dose incroyable de richesse à croire que ces deux noms sont synonymes.
La musique des suédois s’éloigne un peu par rapport aux albums précédents de leur amour pour la nature au profit d’un enrichissement conséquent de l’émotion. Mike a, en effet, fait des progrès considérables au niveau de son chant qu’il soit clair ou Death qui sont tous les deux bien mis en avant. La palette d’émotion se voit ainsi décuplée. Tantôt désespéré ( Le formidable final de « When » qui vous mettra la larme à l’œil ), tantôt agressif (« April Ethereal »), parfois extrêmement noir (« Demon Of The Fall » et la conclusion de « Karma ») mais aussi d’une beauté à toute épreuve et rappelant l’atmosphère d’Orchid proche de la nature (Les parties acoustiques de chaque morceau et en particulier « Madrigal », une interlude qui ouvre superbement « The Amen Corner »)
L’album contient deux autres instrumentales avec en intro la bien nommée « Prologue » et son piano sur fond de pluie histoire de bien donner le ton et la toujours bien nommée « Epilogue » en guise de fin ou Mike se la joue Guitar Hero avec un solo de guitare sur fond d’orgue joué par Fredrik Nördstrom nous ramenant trente ans en arrière.
Notez qui si, comme moi, vous mettez la main sur la réédition de 2000, vous aurez la chance de trouver deux titres bonus qui sont des reprises de monstres du Metal : « Circle Of The Tyrants » de Celtic Frost et « Remember Tomorrow » d’un groupe trop peu connu, Iron Maiden. La première est une parfaite remise au goût du jour avec un Mikael (Je n’ai d’yeux que pour lui et alors ?) qui rajoute un peu plus de malsain à un morceau qui pourtant n’en manquait pas. La seconde est particulière puisque la basse a été enregistrée par Martin Mendez qui a rejoint le groupe entre temps. Son exécution est parfaite mais Opeth rajoute cette petite magie qui fait que cette reprise n’est pas une simple copie. Le quatuor se l’est vraiment appropriée à tel point que je ne sais pas laquelle je préfère entre celle là et l’originale. C'est, quand même, autre chose que la version de Metallica.
My Arms, Your Hearse est à mon sens le premier chef d’œuvre d’une discographie qui en contiendra d’autres. Des compositions géniales qui ont chacune leur instant mémorable quand elles n’en ont pas plusieurs, des musiciens en grande forme et une très bonne production. Je ne vois que deux reproches à faire aux suédois, c’est la présence de la ballade « Credence » qui même si elle surprend l’auditeur est tout de même en dessous de tous les autres morceaux. Mais bon ce titre reste du Opeth et donc de haute qualité. Mais également, je me demande pourquoi Opeth repris exactement le même riff de « Nectar » dans « Demon Of The Fall ». Cela sonne vraiment auto-pompé.
Si vous aimez ce groupe et que vous ne connaissez pas encore cet album, il est encore temps de foncer.
1. Prologue
2. April Ethereal
3. When
4. Madrigal
5. The Amen Corner
6. Demon Of The Fall
7. Credence
8. Karma
9. Epilogue
Bonus :
10. Circle Of The Tyrants (Reprise de Celtic Frost)
11. Remember Tomorrow (Reprise d'Iron Maiden)