Christ Agony + Witchmaster + Grazed
Secret Place - Montpellier
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Retour à la Secret Place en cette fin de mois de Mars (qui aura été extrêmement riche en concerts) pour assister à LA date Metal extrême polonais de ce début d'année. Les vétérans de Christ Agony et Witchmaster font ce soir escale à Montpellier pour leur unique date française de cette courte tournée. Comme à l'accoutumée, l'affluence est faible (surtout pour une date extrême un dimanche soir), mais le peu de monde présent a l'air enthousiaste, ça fait tout de même plaisir.
Lorsque j'arrive, le set des Nîmois de Grazed est quasiment fini. J'ai juste le temps de constater l'absence de batteur, l'accent du Sud et les paroles douteuses du chanteur. Pas du tout ma came musicalement, mais ça aurait pu être marrant !
Le temps de discuter un peu avec les quelques habitués et c'est Witchmaster qui monte sur les planches. Le set débute sur une courte intro samplée avec, de part et d'autre de la scène, des crânes burlesquement plantés sur des pieds de micros. C'est Antichristus Ex Utero, titre éponyme de leur dernier album, qui ouvre le bal. Sa rythmique résolument Thrash installe d'emblée l'ambiance très ''rentre-dedans'' du groupe, et fait déjà secouer quelques têtes. La petite trentaine de personne présente semble tout de même assez timide et très statique malgré les assauts sonores répétés du quatuor polonais. Mais en dépit de ce peu de mouvement, on devine un engouement global dans l'assemblée, notamment lors de la furieuse doublette Satanic Metal Attack / Infernal Storm issue du premier album Violence and Blasphemy. La folie des soli et les nombreux « UGH ! » Celtic Frostiens du chanteur affirment le coté très ''roots'' des morceaux. Le couple basse / guitare reste assez sobre niveau jeu de scène mais impressionne tout de même lors des refrain, avec de nombreux backing vocals qui viennent renforcer les passages fédérateurs des compos du groupe. L'ambiance retombe légèrement lors de la triplette Blood Bondage Flagellation / Obedience / Masochistic Devil Worship issue de leur second full-length du même nom, mais ça repart bien vite avec les morceaux du premier album (joués en nombre pour mon plus grand plaisir) comme Morbid Death et Witchmaster. C'est le chanteur qui accapare vraisemblablement l'attention de tout le monde avec ses nombreuses mimiques et mouvements énergiques, mais en ce qui me concerne, mes yeux sont rivés sur la batterie. Et pour cause, c'est le grand Inferno que l'on retrouve derrière les fûts (célèbre batteur de Behemoth et Azarath) et son jeu est toujours aussi impressionnant. Moins furieuses que chez Azarath, ses rythmiques sont tout de même très véloces et son touché toujours ultra précis. Les avalanches skank beat qui dirigent véritablement la musique du groupe sont toutes plus entrainantes les unes que les autres, surtout lorsqu'elles sont renforcées par le double kick (bien que beaucoup trop triggué à mon goût). Après un The Eyes of Darkness... qui passe encore mieux en live, le groupe finit son set sur le direct Fuck off and Die qui résume à lui seul le concert : simple et efficace !
Ni trop long, ni trop court, le show des polonais de Witchmaster m'aura confirmé ce que je pensais d'eux en studio, un groupe qui va à l'essentiel tout en ayant des compos relativement travaillées et parfaitement calibrées (surtout pour le live). Un groupe qui gagnerait à être plus reconnu dans la scène extrême actuelle, ou en tout cas moins snobé !
Après ce show intense, je me demande ce que va donner celui de Christ Agony, qui déjà en studio me lasse assez vite. Je reste donc dans la salle pour voir arriver le trio, où l'on retrouve d'ailleurs le bassiste de Witchmaster qui assure donc deux concerts d'affilée, belle performance ! C'est sur l'intro d'Inceremonial, premier morceau du premier album, que débute le show des vétérans polonais, et je constate avec joie que les musiciens sont vraiment à fond dans leur musique, à commencer par le chanteur, headbanguant frénétiquement malgré la relative lenteur des morceaux. Pour ma part, tout comme lors de mes écoutes en studio, je finis inévitablement par me faire chier. Les riffs assez lents et basiques du groupe (rappelant parfois les premiers Samael) ne me touchent pas plus que ça, même lorsqu'ils sont répétés longtemps pour créer une ambiance. Et l'ajout de chœurs comme sur certains titres de Moonlight (joué quasiment en entier ce soir) ne m'aide pas vraiment à rentrer dedans... Bien que la plupart des fans du premier rang semble bien accrocher à la musique, je constate pas mal de désertion dans la salle au fil du show. Pour ma part, je reste jusqu'au bout car l'enthousiasme des musiciens fait plaisir à voir, mais la sauce ne prend malheureusement pas en ce qui me concerne.
Christ Agony m'auront donc eux aussi confirmés ce que je pensais d'eux en studio (mais pas dans le bon sens cette fois-ci), un Black Metal assez old school dans le riffing, mais qui manque clairement de pêche pour faire décoller le tout. Le contraste est d'autant plus flagrant après le passage de Witchmaster, dommage.
Une soirée assez mitigée en fin de compte, mais je retiens surtout le positif (avec en tête la bonne prestation de Witchmaster). Les rares personnes présentes ce soir ont l'air d'avoir passé une bon moment, et c'est l'essentiel !