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mardi 6 février 2024

Impiety + Nihilo + Helldrifter @ Montpellier

Secret Place - Montpellier

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Pour ceux qui fréquentent depuis longtemps les salles montpelliéraines – et particulièrement la Secret Place –, cette date a comme un gout de revanche. En effet, nous n’avons pas oublié ce fameux concert d’Incantation. Pas celui de 2022, pas celui de 2019, mais bien celui de 2013, qui devait initialement réunir Ragnarok et… Impiety ! Sauf que, contrairement à ce qu’affiche mon vieux billet ci-dessous, les Singapouriens n’ont finalement pas pu assurer la tournée et furent remplacés par… Forgotten Tomb. Tu parles d’un lot de consolation…

Il aura donc fallu attendre pas moins de dix ans (!!) pour que la bande à Shyaithan puisse enfin fouler les planches de la Secret Place. Tout vient à point à qui sait attendre ! Et c’est en compagnie de deux groupes germanophones que le kaos kommando arrive enfin en terres héraultaises. Même si le public se fait moins dense qu’à d’autres concerts plus populaires, les habitués sont presque tous là. Après une quinzaine d’années à fréquenter cette salle, j’ai l’impression de connaitre tout le monde. C’est donc ça que l’on appelle « faire partie des meubles » ?

Exceptionnellement, ce ne seront pas des photos mais bien des dessins réalisés en live qui viendront illustrer ces quelques palabres. Un grand merci à la talentueuse Flove pour sa participation !

Helldrifter

J’arrive sur les lieux alors que le groupe d’ouverture Helldrifter a déjà entamé son set. Le quintet allemand pratique un melodeath moderne très staccato qui ne me parle pas du tout. Et au vu du peu de gens présents à l’intérieur de la salle, cela n’a malheureusement pas l’air de fédérer grand monde. En même temps, faire jouer un groupe de melodeath moderne en première partie d’un vieux briscard du black death thrash old school, ça ne rend service à personne. Je me demande vraiment comment certaines agences de booking sélectionnent leurs rosters de tournée. Il s’agit certainement de groupes qui viennent en « pay to play » mais quand bien même… Les formations old school un peu plus adaptées à ce genre de plateau, ce n’est pourtant pas ce qui manque !


© Flove (2024)

Heureusement, les cinq gaillards gardent la tête haute en dépit du manque de réaction. Le vocaliste, aux allures de Fenriz, ne cesse de se démener malgré le peu d’espace dont il dispose sur scène. Au final, le groupe a le temps d’interpréter une bonne partie de son seul album Lord of Damnation. Et certains titres comme « Holy Terror » parviennent tout de même à faire remuer quelques têtes, c’est déjà ça…

 

Nihilo


© Flove (2024)

On enchaine avec un groupe un peu plus connu, mais sur lequel je n’avais pourtant jamais jeté une oreille. Je découvre donc en live ce combo suisse qui roule sa bosse depuis plus de vingt ans déjà ! Et même si la formule de Nihilo reste assez impersonnelle, les compositions me parlent déjà un peu plus que celles du groupe précédent. Nous sommes ici dans un death metal typiquement années 2000, ni trop moderne ni trop old school. Cela reste relativement inoffensif mais quelques passages blast beat parviennent à m’accrocher. On note également une forte propension aux soli de guitare, pour le plaisir des uns mais pas des autres… Globalement, les réactions se font plus nombreuses qu’auparavant – il faut dire que la salle se remplit petit à petit au fil de la soirée. Et les cinq Suisses conservent une bonne énergie sur scène, en particulier le vocaliste qui n’hésite pas à faire quelques tours dans la fosse. Même si à mon sens, la musique de Nihilo ne colle toujours pas à celle d’Impiety, je note que le batteur arbore fièrement un t-shirt Blasphemophagher, signe que les musiciens savent tout de même où ils mettent les pieds. Ça fait plaisir !

 

Impiety

Il est enfin temps d’accueillir le groupe pour lequel tout le monde s’est déplacé ce soir. Même si la salle n’est pas aussi blindée que pour d’autres concerts, il n’y a plus personne à l’extérieur lorsque le quatuor foule les planches. En effet, les Singapouriens d’Impiety se font assez rares en Europe. Mes deux seuls concerts d’eux remontent déjà à 2014 et 2017. Et beaucoup les voient d’ailleurs pour la première fois ce soir !


© Flove (2024)

22h pile : début du maelstrom black/death/thrash. Corpsepaint minimaliste 80s, tatouages, cartouchières, cuir, clous, etc. Mis à part les cheveux teints (?) du frontman, tout y est ! Visuellement, les quatre musiciens collent parfaitement à la musique pratiquée. Un ouragan metal extrême au croisement d’AngelCorpse et du early-Sarcofago. Le tout dans des conditions sonores agréablement surprenantes. Nous étions effectivement nombreux à craindre un son horrible pour la venue de la tête d’affiche, mais il n’en est rien. Mis à part quelques titres un peu brouillons en ouverture, la sono est vraiment correcte pour une musique aussi exigeante. Cette attente de dix ans était finalement un mal pour un bien, car le son de ce soir est mille fois supérieur à celui de la tournée avortée de 2013 ! D’autre part, le guitariste et vocaliste Shyaithan semble avoir retrouvé son timbre de voix si agressif. Ses vocaux assez faiblards lors des précédentes tournées sont à nouveau ultra-bestiaux ! Mention spéciale aux nombreux shrieks et éructations diverses qui sont parfaitement restitués. À l’instar d’un Tom G. Warrior et ses « UGH ! », Shyaithan met un point d’honneur à retranscrire chaque détail vocal en live.


© Flove (2024)

En éternel insatisfait, je suis obligé de mentionner ma principale déception du show : la setlist. Moi qui m’attendais à tous les incontournables de la grande période des années 2000 – à commencer par les trois tueries de Dominator –, je reste sur ma faim… Le point d’orgue du concert est atteint avec la doublette « Christfuckingchrist » / « Abominate, Fornicate, Desecrate » issue de l’imparable Kaos Kommand 696. Le « tube » d’ouverture de l’album déclenche d’ailleurs un petit mosh pit du côté gauche de la fosse. Mais au-delà de ça, l’essentiel de la setlist est constitué des deux derniers albums et de quelques très vieux titres comme « Anal Madonna » ou le final sur « Ceremonial Necrochrist Redesecration ». Cela dit, je peux comprendre qu’après quinze ans à jouer les mêmes morceaux, un peu de diversité ne fait pas de mal. En revanche, seulement 45 petites minutes de show, c'est encore trop peu ! On aurait bien repris deux ou trois classiques histoire de finir en beauté, mais j’arrête de râler. Même si Impiety ne fait pas salle comble, les trois quarts des metalheads présents sont tous fans du combo de Singapour. Et le colosse Shyaithan ne manque pas de remercier chaleureusement ce modeste public. 

 

***

Au final, malgré la setlist décevante, je me rends compte que c’est peut-être bien là mon meilleur concert d’Impiety. Ce genre de prestation metal extrême se prête bien plus à la Secret Place qu’à n’importe quel festival (qu’il soit indoor ou open air). En plus du son étonnamment bon, la proximité avec les musiciens et l’intimité du lieu ont totalement éclipsé mes précédents concerts du groupe. Merci à toute l’équipe de la Secret Place de permettre la tenue de dates comme celles-ci. Entre ça et le retour de Napalm Death dans quelques semaines, la TAF nous offre un mois de février ultra-intense !

Dessins par Flove : Instagram