Incantation + Defeated Sanity @ Montpellier
Secret Place - Montpellier
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Sleap : Cette année 2019 démarre vraiment sous les meilleurs auspices à Montpellier. Après son passage remarqué dans cette même salle il y a maintenant six ans, Incantation revient à la Secret Place en ce mois de mars, deux jours après mon anniversaire. Et comme si le cadeau n’était pas déjà parfait, Defeated Sanity nous fait également l’honneur de revenir par chez nous, quelques mois seulement après son dernier passage ici. Que demande le peuple !
Les deux mastodontes sont pour l’occasion accompagnés des Américains de Skinned, mais je n’ai hélas le temps d’assister qu’à leurs derniers morceaux. Cela faisait des années que je passais à côté de ce groupe, éternel second couteau de l’actuelle scène ‘ricaine totalement saturée. Et les quelques minutes de cette fin de set n’auront malheureusement pas suffi à me convaincre. D’une part, les effectifs sont visiblement réduits de moitié. Alors qu’ils me semblaient bien plus nombreux en studio, les musiciens ne sont aujourd’hui que trois sur scène. Et malgré un son correct, les différentes parties de leurs morceaux sonnent trop juxtaposées. Ce manque de travail au niveau des transitions résulte en un enchainement bateau de passages tantôt groovies, tantôt rapides, sans grand intérêt. Après toutes ces années, ce ne sera donc pas aujourd’hui que je choisirai de m’intéresser à Skinned. Un jour peut-être, qui sait…
Defeated Sanity
Sleap : Malgré la très faible affluence lors de leur passage ici-même en tête d’affiche (autour d’une trentaine de fans), le premier concert de Defeated Sanity à Montpellier reste mon préféré à ce jour. La setlist époustouflante et le côté intimiste de cette date en étaient en grande partie responsables. Mais bien que ce second passage des Allemands à la Secret Place n’égale pas le précédent, je vais tout de même passer un excellent moment. Voyez plutôt…
Le quatuor entame le set sur plusieurs titres récents, histoire de faire doucement monter la température. En dépit du peu d’agitation dans la fosse, une bonne partie de l’audience semble apprécier cette déferlante de violence. Je suis d’ailleurs assez surpris du public de ce soir. La majorité des fans – pour la plupart trentenaires et plus – ne sont assurément pas de Montpellier. Le public Death Metal de cette ville semble avoir complètement disparu. Mais l’affluence est tout de même honorable, surtout pour des gens venant de loin.
Bien qu’un peu moins bon que pour Skinned, le son s’améliore au fur et à mesure du show, notamment au niveau des guitares. En revanche, celui de la batterie, et de la caisse claire en particulier, est tout bonnement parfait. Quel plaisir d’entendre ces claquements et roulements ni trop flats ni trop trigués. Et dieu sait que, pour un groupe comme Defeated Sanity, la batterie est l’élément le plus important ! Il n’y a guère que les gravity blasts qui demeurent quasi-inaudibles, mais fort heureusement Lille Grüber n’en abuse pas. Comme je le prévoyais, la fosse commence enfin à bouger lors de l’envoi du missile Engulfed in Excruciation. Je suis presque déçu que ce titre ne figure pas à la toute fin de la setlist tant il s’agit de l’ultime morceau live du groupe. Tout dans cette compo’ est taillé pour le live. La surdose de breaks et de slam parts, les roulements infernaux de Grüber, et le monstrueux final digne d’un Dying Fetus des grands soirs… Tout simplement imparable ! Les gars de Skinned sont d’ailleurs les premiers à bousculer tout ce petit monde massé devant la scène.
D’autre part, le nouveau chanteur a encore plus d’assurance que la dernière fois. Bien plus à l’aise face au timide public entre les morceaux, il est tout aussi convaincant pendant. Ses vocaux sonnent encore plus Rosas-esque qu’auparavant, ce qui colle totalement au Defeated Sanity de la grande époque. Et bien que nous n’ayons pas droit à autant de titres de cette grande époque 2007-2013 que lors du précédent show, la setlist de ce soir reste grandement appréciable. Le retour de Fatal Self-Inflicted Disfigurement et le final sur le classique Engorged with Humiliation finissent de me convaincre. Même si elle n’égale pas le concert de septembre dernier, la prestation de ce soir éclipserait presque celle de la tête d’affiche !
Incantation
Sleap : Toute proportion gardée bien entendu… Incantation reste en effet le maitre incontesté du Death Metal sombre et poisseux si populaire en ce moment. Et la bande à John McEntee va une nouvelle fois nous le prouver en live ce soir.
La messe commence à ma grande surprise sur le culte Christening the Afterbirth. Là où les Ney-yorkais réservent d’ordinaire ce morceau pour le milieu voire la fin de set, celui-ci arrive dès l’ouverture et met d’emblée le public dans de bonnes dispositions. Des poings se lèvent déjà pour scander le refrain. L’entrée en matière continue dans l’old school avec Shadows of the Ancient Empire, lui aussi interprété étonnamment tôt dans la setlist. Mais j’en suis le premier ravi ! Outre les imparables titres de Golgotha dispersés çà et là, la majeure partie du set est ensuite réservées aux trois derniers albums. Pour ma part, après la période 90’s, les années 2010 constituent l’autre point culminant de la carrière d’Incantation. Le groupe est vraiment revenu en force depuis Vanquish in Vengeance, et les titres sont toujours aussi percutants en live. Que ce soit l’énorme Ascent into the Eternal et ses nombreux leads poignants ou le plus récent Omens to the Altar of Onyx et son intro en tapping, j’apprécie tout autant ces nouveaux brûlots que les vieux titres cultes.
Le son est bien meilleur que lors du précédent concert du groupe dans cette salle, mais il subsiste cependant quelques modestes difficultés : larsens désagréables, overlays mal installés, guitare soliste en retrait, etc. Ce dernier point est le plus regrettable tant les nombreux soli et leads sept cordes d’Immortal Cessation, Dominant Ethos et autres sont importants. Le gratte de McEntee, en revanche, possède toujours son plein son si granuleux. Avant le classique final sur Diabolical Conquest, l’ambiance monte encore d’un cran avec l’inévitable Ibex Moon qui met un violent coup de fouet au public. Ce ne sera finalement pas mon meilleur souvenir d’Incantation à ce jour, mais ce concert se place aisément devant celui de 2013 ici-même. Merci encore à la TAF de faire revenir ces valeurs sures du Death Metal malgré le peu de monde qu’elles attirent dans nos contrées !
P.S. : Si Seth Putnam était encore parmi nous, il écrirait probablement un nouveau morceau intitulé John from Incantation has a beard.