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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Urfaust

Einsiedler

LabelVán Records
styleBlack Metal ambiant
formatAlbum
paysPays-Bas
sortiejuillet 2009
La note de
U-Zine
8.5/10


U-Zine

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C’est une évidence, Urfaust n’est pas un groupe qui s’amuse à se tourner les pouces, ne laissant jamais une année s’écouler sans qu’un split, un EP ou de rares full-length ne viennent assaillir nos tympans amateurs de leur griffe bien identifiable.

Retournons donc en 2009, et intéressons nous à cet atypique Einsiedler, EP à l’artwork sombre et aux deux seuls morceaux le traversant.
Urfaust, comme à son habitude conserve son identité sonore très particulière, en premier lieu en raison de son parti pris vocal, entre hurlements schizophréniques et psalmodies sinistres. Einsiedler s’inscrit dans la lignée d’un Geist ist Teufeul (petit chef-d’œuvre du groupe) pour ne citer que lui, en en exacerbant la répétition outrancière des riffs et les interventions sporadiques de son vocaliste pour mieux créer l’atmosphère et rendre la traversée des 19 minutes de l’EP hypnotique et mystérieuse.
C’est en deux actes assez distincts que peut se découper cet EP. IX Einsiedler, morceau de bravoure de 12 minutes, mono-riff, mono-rythme, monotone quoi, pourra en décontenancer plus d’un, ou tout simplement faire chier comme un rat mort quiconque n’est pas familier ou réfractaire aux longues plages répétitives. Le clavier, omniprésent, entonne ses premières notes, tout en retenue et en mélancolie, puis la construction avance tout simplement avec l’arrivée prévisible d’un tandem basse/batterie minimaliste mais très complémentaire, la guitare plaque son accord et le répète inlassablement.

Hallucinés, les vocaux interviennent, incompréhensibles, retentissants comme scandés depuis les abysses, entre chant et hurlement, entre incantation et folie contenue. Einsiedler en ira ainsi 12 minutes durant, ne se permettant que très peu de variantes mais qui présente la force de s’enrichir très subtilement au fur et à mesure de son avancée. Ce sera le clavier qui se portera garant de l’imperceptible, mais bien réelle, évolution du morceau, s’autorisant un solo aux sonorités très rétro, s’imposant au détriment d’une guitare qui sait aussi s’effacer complètement, pour mieux resurgir par la suite. On y trouve de la beauté, de l'angoisse, beaucoup, beaucoup de noirceur, et le déroulement sans à-coups de cette marche funéraire façonne le climat étrange et épais au gré de ses nuances microscopiques, mais intelligemment distillées.

En somme, cette entrée en matière impressionne, il n’est pas donné à tout le monde d’écrire des morceaux aussi longs et aussi épurés sans verser dans l’ennui. Urfaust y parvient avec succès, et plonge l’auditeur dans un état contemplatif, malsain mais paradoxalement confortable, et introduit le second titre de l’EP : Verderber.
On reste dans la même veine mais cette fois-ci, ce seront les guitares qui dicteront le rythme et l’atmosphère. Plus agressive et plus courte qu’Einsiedler, quoi que tout de même développée sur près de 7 minutes, cette pièce, peut-être moins percutante que la précédente, laisse davantage exploser la démence inhérente à Urfaust, que l’on retrouve sur toutes ses sorties précédentes. IX abandonne ses psalmodies au profit de ses hurlements à faire frémir les plus aguerris, les guitares suintent l’obscurantisme, tout en conservant farouchement l’atmosphère menaçante et glaciale qui fait la force de cet EP qui, en résumé, réunit en deux morceaux ce qu’Urfaust sait proposer de mieux.

Deux actes, deux morceaux, et 19 minutes d’un Black Metal atmosphérique archi minimaliste mais particulièrement malin, plus soigné qu’il en a l’air, qui fera sans aucun doute écho aux amateurs de sons ténébreux, mais qui laissera sur le carreau ceux qui ne verront là qu’un amas de riffs chiant et de vocaux cacophoniques.
A vous de jauger la bête, en ce qui me concerne et comme de nombreux autres, Urfaust est encore parvenu à me transporter, à défaut de totalement me surprendre et en dépit de sa brièveté qui me laisse un peu sur ma faim.


1. IX : Der Einsiedler
2- Verderber

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