Punkach' renégat hellénophile.
32 ans déjà que Septicflesh existe, avec un line-up dont la stabilité peut laisser songeur. Les Athéniens sont aussi très constants dans leurs thèmes musicaux, professant par leur Death Metal tour à tour symphonique et atmosphérique un univers toujours aussi perturbant, où la profession de foi côtoie la science la plus impie. Avec, depuis au moins Revolution DNA, une touche profondément dystopique et une esthétique techno-biologique que n'auraient renié ni H.R. Giger ni les sœurs Wachowski.
Côté musical par contre, il y a eu des évolutions ; au fil des derniers albums, Septicflesh a laissé de plus en plus de place à la part grandiloquente de sa musique, rappelant parfois un certain cinéma nous en mettant plein les yeux et les oreilles. Ce n'est certainement pas un reproche, Titan et Codex Omega restent des oeuvres très solides, mais celui qui, comme moi, a découvert le groupe avec des albums un peu plus anciens y trouvait moins son compte.
Or avec ce Modern Primitive dont le nom n'est peut-être pas un hasard, le groupe grec semble bien être retourné sur ses pas pour reprendre un chemin autrefois négligé : celui de l'époque de Sumerian Deamons et de Communion, deux albums essentiels où la dialectique entre les voix de Sotiris Vayenas et de Spiros Antoniou a pu s'épanouir, sans se retrouver noyée dans des excès de clavier et de chœurs. Le nouvel album commence sur les quelques prémisses orientalisantes d'un "The Collector" au très beau déchainement de malsaine puissance, mais toutefois un peu court. La première moitié de Modern Primitive est portée par les véritables tubes "Hierophant" et "Neuromancer", dans lesquels Septicflesh revient à un Death Metal mélodique et presque sans artifices tandis que le duo des voix, inimitable, fonctionne à plein.
Pour faire la fine bouche, on pourrait arguer que ce n'est là pas une surprise, ces morceaux ayant déjà été révélés en guise d'amuse-gueule mais, contrairement à ce que j'ai craint durant ma première écoute Septicflesh a gardé de côté de quoi rassasier les plus charognards. Les cinq morceaux suivants frôlent le sans-faute. "Coming Storm", morceau le plus symphonique et au plus fort potentiel cinématographique de l'album, démontre que les opus précédents n'ont pas été oubliés et peuvent apporter des éléments intéressants à cet opus plus rétro. "Modern Primitives" et "Psychohistory" apportent eux une certaine puissance qui m'avait manquée, tandis que je retrouve chez "A Dreadful Muse" un joli riff qui pourrait bien provenir de chez Arch Enemy – période Rise of the Tyrant, donc ce n'est pas une critique et il y a prescription.
La note pourra peut-être sembler élevée ; c'est celle de quelqu'un qui apprécie ce retour à un style plus sobre, toute proportion gardée. Le fan de Septicflesh qui ne jure que par les derniers albums aura sans doute plus de mal à trouver ici de quoi se sustenter. Pour ma part, le groupe grec fait la preuve d'un pari osé et intelligent en retournant vers un style plus ancien sans pour autant renier les apports de la décennie précédente.
Setlist :
01. The Collector
02. Hierophant
03. Self-Eater
04. Neuromancer
05. Coming Storm
06. A Desert Throne
07. Modern Primitives
08. Psychohistory
09. A Dreadful Muse