Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Je me rappelle avoir découvert Neaera (bon courage pour prononcer correctement ce nom) lors du Summer Breeze, en Allemagne. A l’époque, j’avais été surpris par un groupe qui, malgré des compositions assez classiques, parvenait à diffuser une énergie incroyable en live. Un collègue allemand m’avait alors confié que c’est le propre du groupe : pas vraiment fans des sessions studios, pas vraiment d’albums mauvais mais pas non plus de coups de génie ; la signature du groupe réside dans une volonté d’en découdre en live. Ce nouvel album éponyme qui, comme à l’accoutumée, fait naviguer le groupe dans un Death metal mélodique à tendance « -core », ne va pas déroger à la règle.
Avant toute chose, un petit historique pour ceux qui ne connaitraient pas le groupe : formé en 2003 en Allemagne, Neaera a sorti six albums studio avant de faire une tournée d’adieu en 2015 et de splitter. En 2018, le même lineup s’est réuni pour faire quelques dates en live puis, la mayonnaise ayant apparemment repris, ils se sont attelés à pondre un nouvel album ensemble. Et c’est dans ce contexte que l’album éponyme a vu le jour.
Autant le dire tout de suite, Neaera fait partie de ces albums que vous allez probablement écouter en boucle pendant quelques jours, peut-être quelques semaines, mais que vous aurez vite oublié. En tout cas, jusqu’à ce que le groupe vienne vous mettre une rouste en live (car, ça, pour le coup, ils le font régulièrement). Non pas que cet album soit mauvais. Loin de là. Il est en effet très bien produit, très bien mixé et il regorge de moments de grande qualité. On pourrait citer, entre autres, la rythmique de Catalyst, les riffs de False Shepherds ou bien encore les nombreux passages qui vous donneront envie de sortir la boite à gifles (breakdowns de Sunset of Mankind, Lifeless ou bien encore Torchbearer). D’une manière générale, certains titres sont particulièrement réussis car ils viennent toujours à trouver ce juste équilibre entre un riffing hyper rapide, des mélodies bien trouvées et une intensité hors norme. Je pense notamment à Lifeless, Torchbearer et la surprenante Deathless.
Beaucoup de compliments, vous me direz, alors pourquoi une note de 6,5/10 ? A vrai dire, cet album manque cruellement d’originalité. D’originalité par rapport à la discographie du groupe, déjà. N’attendez pas ici une quelconque prise de risque, le groupe fait ce qu’il sait faire et se borne à le faire. On aurait aimé que Neaera, pour son retour sur le devant de la scène, envoie du lourd et nous propose quelque chose d’un peu plus novateur. Ensuite, par rapport à la scène dans laquelle ils évoluent. Pas de soli, aucune expérimentation... Tout au plus, le groupe incorpore certains éléments « Blackened » (Eruption in Reverse ; Rid the Earth of the Human Virus). Cela ne fait pas beaucoup de prises de risque. Au fond, on sait très bien que le rendu live de cet album sera très bon. L’intensité, les breakdowns, les compositions… tout est fait pour que le groupe retourne les foules. Mais la scène Death metal mélodique est pléthorique et les Allemands ne risquent pas de sortir de la masse, faute de proposer une musique à tout le moins un peu plus originale. Et si sur plusieurs titres, la filiation parait évidente avec d’autres groupes de la scène comme Heaven Shall Burn (False Shepherds), Downfall of Gaia (Eruption in Reverse) ou bien encore The Black Dahlia Murder (Resurrection of Wrath), l'élève ne dépasse certainement pas ses maîtres.
Vous l’aurez compris, mon avis sur cet album est mitigé. Pour le retour des Allemands sur le devant de la scène, j’aurais aimé qu’ils prennent plus de risques, qu’ils innovent un peu. Et non. Le groupe se cantonne à faire ce qu’il sait faire, ni plus, ni moins. Et c’est bien dommage, car l’on sent que les Allemands en ont sous le pied et qu’ils pouvaient nous offrir un album enfin à la hauteur de leur talent. Reste qu’ils mettront sans doute tout le monde d’accord en live.
Tracklist :
(Un)drowned
Catalyst
False Shepherds
Resurrection of Wrath
Carriers
Rid the Earth of the Human Virus
Sunset of Mankind
Lifeless
Eruption in Reverse
Torchbearer
Deathless