3 albums pour (re)découvrir Kalmah
vendredi 6 mars 2020Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Après Chimaira, j’avais envie de m’attaquer dans cette rubrique à l’un des groupes de Death Metal mélodique qui m’a le plus marqué : Kalmah. Fondé en 1999 en Finlande, le groupe est encore aujourd’hui relativement méconnu. Les tournées sont rares, la publicité quasi inexistante, en dépit d’un talent immense et de désormais 8 albums studios.
Afin de vous faire découvrir (ou redécouvrir, vous l’aurez compris) ce groupe, j’avais envie de vous parler des trois albums qui, selon moi, permettent le plus d’apprécier l’univers musical du groupe ainsi que ses évolutions. Ce ne sont pas forcément ceux que je préfère, ni les meilleurs (cela étant subjectif, de toute façon), mais ceux qui me semblent déterminants pour appréhender les deux grandes phases de la carrière du groupe.
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On commence notre voyage avec le premier album du groupe, Swamplord, sorti en 2000.
Cet album permet d’entrer de plein fouet dans l’univers du groupe : un Death Metal mélodique, riche, très « guitar-driven », inspiré par le froid, les marais et les grandes étendues finlandaises. L’omniprésence des guitares est évidente : les introductions sont la chasse gardée des guitares ; là où le clavier, pourtant très présent, se cantonne régulièrement à un rôle d’accompagnement. Et il en va de même des soli et des leads à la guitare, qui sont pléthoriques. Les frères Kokko rivalisent d’ingéniosité avec des compositions riches et qui ne souffrent que très rarement d’un déficit de raffinement et d’un trop-plein de démonstration. Je pense notamment aux excellentes Heritance of Berija, Black Roija, Hades ou bien encore Withering Away.
Jusque-là, vous me direz qu’il n’y a rien de bien nouveau. Tous les groupes de Death Metal mélodique - ou presque - mettent en avant les guitares et nombre d’entre eux utilise un clavier. Alors, qu’est ce qui fait de Kalmah un groupe si original, et qu’est ce qui fait de Swamplord un album aussi réussi ?
Trois éléments de réponse.
Premièrement, il se dégage de cet album, et de la plupart de la discographie du groupe d'ailleurs, une atmosphère vraiment prenante. Un froid glacial, très mélancolique, que l'on ressent dès la première écoute (Dance of the Water, Black Roija, Evil in You, Using the Word).
Deuxièmement, le groupe réussit le pari – complexe – de produire une musique à la fois accessible et riche. Il n’est pas difficile de se plonger à corps perdu dans l’écoute de cet opus, malgré des compositions pas forcément très catchy. Il est en revanche beaucoup plus difficile d’en sortir indemne.
Le dernier et principal élément tient aux influences du groupe qui viennent enrichir leur son. Les influences de Kalmah sont multiples : du Black metal (la voix, notamment) au Heavy en passant par des riffs Thrash tout droit sorti de la Bay Area. Et c’est là que se situe toute la richesse musicale du groupe. Le groupe va bien plus loin que ses contemporains en mélangeant les genres avec des parties vocales très gutturales et variées d’Antti et des soli de guitare qui semblent tirer certaines influences dans le Heavy, tandis que les riffs vont clairement piocher dans le Thrash. Le résultat est d’une grande richesse, et se manifeste tant par des titres rapides (Heritance of Berija, Alteration), hyper mélodiques (Withering Away) que mid-tempo (Black Roija).
C'est cette combinaison de facteurs qui fait le charme irrésistible de ce premier opus. Certes, le mix n’est pas exceptionnel, le son n’est pas foufou ; mais il permet d’appréhender rapidement le talent de composition des Finlandais et leur capacité à prendre dans d’autres genres des éléments de nature à enrichir leur Death Metal mélodique. Encore aujourd’hui, Swamplord fait office de référence dans le genre.
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Le deuxième album qui me semble incontournable pour découvrir le groupe est Swampsong.
Troisième album des Finlandais sorti en 2003, il est arrivé tout juste un an après l’album They Will Return qui avait soufflé le chaud et le froid. On était logiquement inquiet, à l’époque, sur ce qu’allait devenir le groupe. Et pourtant, Swampsong est venu asseoir les Finlandais sur le toit du Death mélodique national avec cette touche qui est la leur : une voix puissante, des mélodies enivrantes et surtout un son toujours très Thrash.
L’album démarre sur Heroes To Us. Un des titres majeurs du groupe que vous vous devez d’écouter et de réécouter. Tout aussi mélodique - voire mélancolique - que puissant, il donne la tonalité de cet album : un mélange de violence contrôlée, de rage et d’une douceur insoupçonnée lors des passages mélodiques.
On retrouve par la suite le soin du groupe d’alterner les rythmes et les compositions. Kalmah nous offre ainsi des titres très rapides (Tordah et Closed Insanity) avec des titres plus ralentis et alambiqués comme Doubtful About It All. Seul titre réellement mid-tempo, la chanson Moon of My Nights vient clore l’album et fait sortir le groupe des sentiers battus.
Côté instrument, le groupe est déjà au sommet de son art. S’il est vrai que la basse est en retrait et qu’il faut bien tendre l’oreille pour parvenir à l’apprécier (comme souvent dans le Death Mélo’, malheureusement), le travail des guitares, de la batterie et du clavier sont d’une incroyable justesse. Que ce soit dans un rôle de dynamiteur avec des riffs endiablés (Doubtful About It All ; le riff de Tordah après le solo) ou dans un rôle plus mélodique (Heroes To Us ou bien encore Bird of Ill Omen). Et si les claviers sonnent un peu cheesy par moments (le break de Closed Insanity sent bon les films des annéess 80), le résultat global est quand même particulièrement agréable.
Pekka nous sort quant à lui des cris et des growls d’une intensité sans précédent qui, combinés avec l’atmosphère des chansons, nous fait sans trop de mal voyager dans les fameux marais finlandais dont il est si souvent question dans la discographie du groupe. Rien de fondamentalement différent avec ce qui avait été fait auparavant même si le chanteur s’est essayé à quelques variations sur Moon of My Nights pour les besoins de la cause.
En tout cas, avec des titres majeurs de la discographie du groupe comme Heroes to Us, Bird of Ill Omen ou bien encore Doubtful About it All, Swampsong fait office de monument, juste à la droite d’un Swamplord. La production est un peu datée et le résultat peut-être un peu froid, mais il permet d’apprécier pleinement la musique du groupe dans cette première phase de leur carrière.
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Le dernier album que je souhaite évoquer est 12 Gauge, bien que je dois admettre avoir beaucoup hésité avec The Black Waltz.
Il faut en effet bien comprendre que la musique du groupe a commencé à évoluer avec The Black Waltz, sorti en 2006. Initialement, le son du groupe était marqué par des guitares aux tonalités très froides, et par une voix de Pekka assez gutturale et aigue, très orientée Black Metal. The Black Waltz a marqué un tournant à ces deux égards. La voix de Pekka se rapproche désormais d’une voix Death classique, plus grave, plus basse et plus puissante. Ce changement n’est d’ailleurs pas que l’apanage de Kalmah puisque d’autres groupes proches ont vu leur chanteur évoluer légèrement de registre au fil des années (Children of Bodom, notamment). Quant aux guitares, le son se fait également beaucoup plus lourd, saturé et « chaud ». Un changement qui a eu une grosse incidence puisqu’il a renforcé la puissance des compositions du groupe et renforcé les éléments Thrash.
Et dans cette nouvelle période du groupe, amorcée par The Black Waltz et confirmée par le très faible For The Revolution, c’est 12 Gauge qui me semble faire office de référence (bien que Seventh Symphony ait également son mot à dire). En soi, la recette n'est pas si différente de ce qui a fait la renommée de Kalmah par le passé ; mais les évolutions précitées ont tout de même eu un impact sur les compositions du groupe : plus puissantes, plus lourdes. Elles n’ont pas pour autant mis fin à la mise en avant des mélodies. On a pu le craindre, de prime abord. Surtout quand le titre de l’album a été diffusé, lequel fait référence à une cartouche de fusil à pompe. Mais une fois l’album en lecture, pas de doute, on reconnait la patte du groupe et son amour des mélodies. Ce dernier avait juste envie de nous parler de marais (classique), mais surtout de chasse (12 Gauge) et de pêche (Hook The Monster), d’où la référence.
Kalmah nous a ainsi offert sur un plateau des titres toujours aussi bien composés et mélodiques (One of Fail, Sacramentum et 12 Gauge en tête), entremêlés d’éléments typiques de Thrash, dont les refrains scandés en groupe (12 Gauge et Swampwar) et les riffs à vous décoller la plèvre (Rust Never Sleeps, notamment). La musique de Kalmah n'a certainement jamais été aussi intense et rapide que sur cet album. Seule Better not to tell a un rythme plus lent. Tout le reste de l’album se fait avec le pied au plancher, que vos oreilles soient capables de le supporter ou non.
Avec un mix plus équilibré que sur les précédents opus du groupe qui mettaient peut-être un peu trop en avant les guitares au détriment du reste, 12 Gauge est un album puissant, rapide, sans concession, qui ne renie toutefois pas l’ADN du groupe (la mélodie, les mélodies !). Et s’il a quelques points faibles – quelques titres moins bons, une pochette pas terrible et des paroles pas toujours inspirées –, il met clairement l’accent sur tout ce que l’on aime dans la musique de Kalmah : des mélodies entraînantes, un chant puissant et des relents Thrash qui dynamisent les titres.
Je vous laisse d'ailleurs découvrir ci-dessous le titre 12 Gauge et son break/solo délicieux.
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Trois albums pour un tel groupe, c’est difficile. Je pense toutefois que Swamplord, Swampsong et 12 Gauge donnent un aperçu de ce que Kalmah peut faire de mieux et du son si original qu’il est capable de produire. Dans un genre parfois rempli de copycat, Kalmah est original en tous points. Le seul regret que l’on peut avoir est celui de ne pouvoir les voir sur les planches que trop rarement.
J’espère en tout cas que ces quelques lignes vous auront donné envie d’apprécier la musique d’un des groupes les plus sous-cotés de sa génération.