"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Formé en 2008 du côté de la Haute-Savoie, Hybrid Sheep est un de ces groupes qui ne sont pas faciles à classifier malgré une musique bien codifiée, où la combinaison des termes « Death », « Core », « Metal », « Melodic » et « Modern » peut nous donner beaucoup de possibilités. Contrairement à beaucoup de groupes qui s’étiquètent de manière simpliste « Metal moderne » parce que dire qu’on fait du Metalcore ou du Deathcore c’est un peu la teu-hon, Hybrid Sheep s’assumait comme groupe de Deathcore pour son premier album Free From The Clutches Of Gods sorti en 2014. Mais ceci n’était que temporaire vu que désormais, les Savoyards se revendiquent comme groupe de « Melodic Death Metal » alors que leur musique n’a pas tant évolué que ça. Enfin, on voit bien où le groupe se situe à l’écoute de Hail To The Beast et de ses particularités. On peut aussi le situer dans le catalogue très Deathcore/Metalcore du label Tenacity Music, écurie suisse dont Hybrid Sheep est une des rares formations à ne pas être du pays de Samael, même si le Mouton Hybride n’a pas été conçu très loin du Lac Léman… Au menu, un bon petit groupe de Death-Metalcore mélodique qui s’assume et qui fait le job.
Un nom reviendra bien vite à l’écoute de Hail To The Beast, c’est celui de The Black Dahlia Murder, influence largement revendiquée par le quintette d’ailleurs. Il est vrai que l’alternance des vocaux growlés/criés à la Trevor Strnad joue beaucoup, mais aussi le fond constitué d’un Mélodeath doublé d’un Metalcore très couillu (ou l’inverse). Tout aussi moderne qu’il est, Hybrid Sheep sonne aussi parfois comme un groupe de Deathcore échappé du catalogue de Metal Blade de 2008, ce qui est curieux et est une des caractéristiques des groupes signés chez Tenacity Music aussi. Le groupe savoyard a aussi pour lui un côté technique assez prononcé, donnant un sacré dynamisme voire de la folie à l’ensemble, surtout avec les vocaux endiablés d’Arnaud par-dessus. On pourra y trouver des connivences avec ce que peut faire un Job For A Cowboy voire Aborted sur certains points. Entre deux breakdows ou riffs syncopés, Hybrid Sheep se montre donc très bavard, et efficace même si le commun des mortels aura tendance à trouver que c’est un peu le bordel là-dedans (avec une prod’ un peu trop gonflée artificiellement peut-être, même si Vladimir Cochet a fait du bon boulot). Enfin en 32 minutes, Hail To The Beast n’a pas le temps de lasser, bien au contraire. Sa mission est de transformer l’essai d’un Free From The Clutches Of Gods très prometteur, ce qui pourrait couronner un groupe qui réussirait avec un truc classique et sans chichis mais bien fait et suffisamment entraînant pour retenir l’attention.
Compos virevoltantes, mélodies sympathiques, vocaux bien extrêmes, batterie qui se lâche, incursion discrète de riffs syncopés, solo de rigueur, "Warface" fait déjà le job d’entrée, et Hybrid Sheep confirme sa forme et son inspiration de suite avec le très technique "Towards Ruin and Oblivion" (avec même des mélodies à la Torchbearer). Ensuite, Hybrid Sheep déroule sans surprendre, partant d’un "Following Blind Leaders" bien équilibré en passant par des morceaux bien rythmés ("The World Eater", le plus lourd "Premature Burial", "Harvest of Humans" qui tabasse bien) jusqu’à des pièces plus mélodiques moins convaincantes ("Hail to the Beast", le trop classique "Into the Lion’s Den"). Malheureusement, Hail To The Beast malgré sa courte durée devient rapidement redondant, même si l’efficacité reste au rendez-vous sur la majorité de l’album. Il manque quand même un tube pour porter le tout, ce qui est parfois le jeu de ce genre de disques de « seconde division », pourtant Free From The Clutches Of Gods avait quelques morceaux remarquables comme "From Stupid to Putrid". Bref, Hybrid Sheep n’a pas énormément progressé et ne parvient pas encore à faire mieux que son premier album qui était tout de même une bonne petite surprise. Le groupe savoyard a quelques idées (comme l’instrumental un peu acoustique "The Last Breath of A Dying Earth") et reste en réussite malgré tout, pour un Death-Metalcore mélodique passe-partout qui plaira facilement aux fans de The Black Dahlia Murder et Job For A Cowboy. Un « petit » album correct, qui fait mieux que Right To The Void dans un registre similaire, en attendant que Hybrid Sheep progresse sensiblement pour se hisser un peu plus haut.
Tracklist de Hail To The Beast :
1. Warface (4:11)
2. Towards Ruin and Oblivion (3:08)
3. Following Blind Leaders (2:53)
4. The World Eater (3:54)
5. The Last Breath of A Dying Earth (2:59)
6. Premature Burial (3:49)
7. Hail to the Beast (3:48)
8. Harvest of Humans (4:05)
9. Into the Lion’s Den (3:15)