"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
4 années se sont écoulées depuis la sortie de The Weight Of Oceans, ce qui peut paraître une durée raisonnable pour la plupart des groupes se mue en longue attente pour un groupe du calibre d’In Mourning (qui d’ailleurs pondait un album tous les deux ans depuis 2008). Les suédois ont montré dès leur première œuvre Shrouded Divine (2008) qu’ils étaient une formation de grande qualité, entre Doom/Death mélodique typiquement « scandinave » et Death progressif raffiné à la Opeth. Entre atmosphères prenantes et riffs couillus, In Mourning avait balancé d’entrée deux brûlots, Shrouded Divine et Monolith (2010) avec notamment les tueries qu’étaient "For You to Know" et "Debris". The Weight Of Oceans (2012) avait alors vu la formation suédoise légèrement évoluer et surtout affirmer sa personnalité. Plus mélodique, plus mélancolique, plus Doom en un sens, In Mourning se posait et devenait assez classieux, sans jamais négliger l’aspect le plus Metal de ses compositions avec des riffs durs et toujours les excellents vocaux de Tobias Netzell. Un bel équilibre pour un Doom/Death progressif à la fois sombre et lumineux. Et Afterglow, quatrième album d’In Mourning et premier à sortir chez le label polonais Agonia Records (le groupe ayant connu quatre labels en autant d’albums), va enfoncer le clou tout en continuant à montrer la classe et le talent des suédois (qui, au passage, ont changé de batteur, Christian Netzell ayant laissé sa place à l’ex-Katatonia Daniel Liljekvist).
In Mourning reste In Mourning pour Afterglow, avec une recette qui ne change pas, entre riffs appuyés et mélodies, entre passages assez incisifs et moments plus atmosphériques, entre growls et voix hurlées, au sein de morceaux plutôt longs. Toutefois, la forme change un peu, et de manière assez étonnante la prod de Afterglow est un peu plus « roots » que par le passé. Rien de bien raw, mais le son est un peu moins moderne que pour Monolith et The Weight Of Oceans, on le sent notamment au niveau des riffs et des vocaux (avec des growls du coup moins profonds que d’habitude), ce qui finalement met plus les mélodies en valeur. Lien de cause à effet ou choix de composition, on remarque ainsi que Afterglow sera l’album le plus mélodique d’In Mourning, lorgnant même à nouveau du côté de Slumber. Dans la lignée de The Weight Of Oceans certes, pour un ensemble finalement classique, mais l’important c’est que In Mourning est en bonne forme et est surtout particulièrement inspiré. On peut regretter cette prod moins puissante et le manque de réelle nouveauté, ainsi que le fait qu’on ne revient pas vraiment à l’époque de Monolith, mais après de menues écoutes on se rend compte qu’avec Afterglow, les suédois ont encore pondu un album de grande classe, qui va même réussir à facilement dépasser The Weight Of Oceans.
Une superbe mélodie épique démarre "Fire and Ocean" et on se dit déjà que In Mourning a de la ressource et va nous pondre un excellent disque comme il sait le faire. Riffs bien rythmés et accrocheurs, growls toujours pesants, refrain fantastique, break enivrant, voilà déjà la classe suédoise à son meilleur niveau, faisant de "Fire and Ocean" un opener digne de "For You to Know" et "Colossus". Charge aux musiciens de continuer leur œuvre sur 54 minutes au total, et ils ne vont pas faillir à leur tâche dans un album plus homogène que son prédécesseur. Cette fois-ci, ce sont donc les mélodies qui sont souvent à l’honneur et l’on s’attardera vite sur certains passages assez sublimes, entre le magnifique "The Grinning Mist", la fin raffinée de "Ashen Crown", ou encore le plus prog et Opethien "The Lighthouse Keeper" (avec de beaux breaks à la clé). Dans l’ensemble, on note aussi que In Mourning a définitivement trouvé son équilibre et les riffs incisifs ne sont pas oubliés (bien mordants sur "The Grinning Mist" et "The Lighthouse Keeper", plus lourds et rythmés sur "Ashen Crown"), notamment pour l’excellent "The Call to Orion" avec une parfaite alchimie au sein d’un morceau qui n’aurait pas dépareillé sur Monolith. Il ne manque plus qu’un véritable hit et si rien n’est à jeter sur Afterglow, sa pièce la plus marquante reste "Below Rise to the Above", morceau résolument épique grâce à son tempo soutenu mais bien évidemment grâce à ses superbes mélodies, porté par des super riffs mais aussi un Tobias Netzell très en verve au niveau des vocaux, livrant sa meilleure performance du disque notamment pour l’inoubliable refrain.
Un Tobias Netzell qui d’ailleurs, multiplie ici les passages en chant clair, ce qui peut faire peur sachant que sa prestation sur "Celestial Tear" sur The Weight Of Oceans était peu convaincante, mais le bougre s’est amélioré et ses vocalises claires bien que pas indispensables passent super bien, laissant entrevoir des perspectives pour une suite de carrière encore plus raffinée pour In Mourning. En attendant, son 4ème album, qui se termine sur un morceau-titre très doomesque et épique, est encore une fois une franche réussite. Shrouded Divine et Monolith restent peut-être inatteignables et In Mourning ne surprend plus vraiment si ce n’est par quelques petits éléments (prod un peu plus crue, plus de chant clair, mélodies plus Slumberiennes), mais Afterglow parvient aisément à faire mieux que The Weight Of Oceans qui était peut-être un peu trop hétérogène. Avec son style à la croisée des chemins entre mélancolie à la finlandaise et Death prog à la suédoise, In Mourning a fini par façonner son style particulièrement enivrant et classieux, bien loin de l’énième Doom/Goth mélodique trop sirupeux, grâce à sa science des riffs mordants toujours présente quand il le faut. Une excellente œuvre à nouveau, pour une formation suédoise de talent quand il s’agit de livrer un Doom/Death mélodique et progressif de haute volée.
Tracklist de Afterglow :
1. Fire and Ocean (6:19)
2. The Grinning Mist (9:47)
3. Ashen Crown (8:08)
4. Below Rise to the Above (7:46)
5. The Lighthouse Keeper (7:29)
6. The Call to Orion (8:24)
7. Afterglow (5:53)