Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
Léthé, fleuve des Enfers, fleuve de l'Oubli, illustre et intitule le troisième album de Rolling Through The Universe, combo américain de sludge/doom et plus si affinités.
Peut-être que les quarante degrés au moment de la rédaction de cette chronique y sont pour quelque chose, mais c'est plus le désert qu'évoquent les première notes de Lethe que l'eau. Un son un peu mélancolique, une mélodie douce soutenue par une rythmique simple mais efficace, tempo moyen, l'accueil est plutôt agréable, l'ombre d'un Isis plane, surtout quand vient ce chant bien profond et un peu distant. Ce premier morceau se déroule lentement, une boucle mélodique reprise sur presque toute la durée avec des nuances fébriles, le tout dans une atmosphère plutôt apaisée, surtout sur les passages instrumentaux. Les petits détails sonores font mouche, les riffs un peu plus massifs également, mais quelque chose ne fonctionne pas tout à fait. L'écoute est agréable, mais rien ne se fixe, malgré la répétition et le côté plutôt simple de la compo, elle s'oublie rapidement.
Et ce sera pareil pour à peu près tout les morceaux. Quelques passages bien foutus, quelques bonnes tranches de lourdeur, des trouvailles sonores intéressantes mais rien qui ne reste en tête un fois l'écoute terminée. Là où le précédent album, Machines In The Sky, tapait dru et donnait une bonne grosse dose d'énergie tellurique, ce Lethe peine à se faire une identité marquée. Dans les bons moments, il y a la fin de Fall Of The Corona, tout en lourdeur avec des guitares qui lâchent des petites phrases un peu dissonnantes pendant que la batterie fait tout son possible pour écraser ce qui passe à portée. Egalement réussie, l'intro de Centrifuge où l'atmosphère est menaçante, un écho dans la voix donne un regain de puissance, petite originalité qui se démarque tout de suite dans un album un peu trop banal. Quant aux passages plus dispensables, rien n'est mauvais, mal foutu ou déplacé, ce sont juste des séquences qui remplissent entre deux bons moments, sans saveur particulière, ni bonne, ni mauvaise, simplement présente. Alors de ce fait, après plusieurs écoutes, l'arrivée de chacun des moments marquants, que l'on attend, se fait d'autant plus efficace, mais le reste est un simple habillage, ce qui est un peu triste.
Depuis des quelques années, les musiques lourdes gagnent en visibilité et donc en nombre de production dans la sphère metal. Mais comme toujours, il y a ceux qui arrivent à tirer leur épingle du jeu et ceux qui restent en deuxième division. Et Rolling Through The Universe y reste malheureusement cantonné, en deuxième division, même si leurs idées sont intéressantes, rien n'arrive à les faire sortir de la masse de plus en plus nombreuse des groupes qui explorent la combinaison lenteur/lourdeur. Lethe n'est absolument pas mauvais, juste trop convenu et prévisible. A écouter pour les inconditionnels ; pour les autres, allez plutôt vous taper un bon Isis.
Tracklist de Lethe :
1. Lethe
2. Fall Of The Corona
3. Antithesis
4. Claw Of The Conciliator
5. Centrifuge
6. Subject Of Discord
