Post in Paris 2023
Petit Bain / Dame de Canton - Paris
Amateur de post-musique, de breakdowns et de gelée de groseilles.
Rappelez-vous il y a cinq ans, Horns Up était au Bus Palladium pour la deuxième édition d'un festival alors émergent, le Post in Paris. Cinq ans plus tard, l'édition 2023 est sold out et le constat est évident : le festival a fait plus que trouver sa place, il a su s'affirmer comme un carrefour des musiques aventureuses underground. Déplacé depuis 2019 à Petit Bain, il a accueilli des noms prestigieux comme Toundra, Wang Wen, Bruit ou encore Shy, Low. Aux manettes du projet : Tiffany, aussi programmatrice au Supersonic, et dont on retrouve la grande générosité et l'amour pour la musique spontanée et bien faite.
Pour l'édition 2023, plusieurs changements. Le festival se déroule sur deux jours et désormais entre deux salles, espacées de seulement une centaine de mètres : Petit Bain, l'éternel, et la Dame de Canton, autre bateau des quais de Seine. Aussi l'affiche est plus resserrée : 14 groupes contre 23 l'année dernière. Le line-up réduit n'empêche pourtant pas le Post in Paris de continuer à être un véritable témoin de la vivacité de la scène post-rock et affiliés française avec 12 groupes hexagonaux. Seules exceptions : les Belges de Endless Dive et les têtes d'affiche suédoises de EF.
Niveau ligne éditoriale, le premier jour est surtout consacré au post-rock au sens classique du terme avec quelques incursions math rock et shoegaze. Le second jour va fureter plus loin et s'intéresse à l'expérimentation et à la grosse saturation avec des groupes plus proches du post-metal et du hardcore (les icônes de Birds in Row assurent la cloture du fest), mais aussi un groupe plus drone. Pour vous en parler avec le plus de justesse possible, Mess m'a rejoint le dimanche. Excursion en eaux troubles, illustrée par les images de Clara Griot :
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Samedi 27 juin - Jour 1
Groupes évoqués : Endless Dive | Cosmopaark | Lost in Kiev | Lysistrata | Péniche | EF
Endless Dive
Petit Bain
Il est 17h dans la cale de Petit Bain, la chaleur est déjà pesante et la foule consistante. Il reste encore quelques tickets journaliers, mais plus pour longtemps. Ce sont les Belges de Endless Dive qui ouvrent le bal avec un post-rock instrumental dans la lignée des grands noms des 2000s, façon Explosions in the Sky, We Lost the Sea et autres If These Trees Could Talk.
Avec une formation classique deux guitares - basse - batterie, le groupe use d'un son cristallin sur les guitares dans ses moments apaisés, d'une basse bien mise en avant sur les crescendos et de strumming gonflé de reverb dans les points d'orgue, très réussis avec une véritable intensité. Parfois, on peut entendre du tapping, mais on reste sur une formule résolument post-rock à vagues, même si Endless Dive se laisse parfois aller à des séquences plus entraînantes et rythmées, notamment sur le dernier morceau. Le cahier des charges est pleinement rempli, les Belges rappellent avec talent qu'on a mis les pieds dans le temple de la reverb et du delay pour deux jours de voyages auditifs.
Cosmopaark
La Dame de Canton
Le public dispose de dix minutes pour sortir, faire les quelques mètres qui séparent Petit Bain de la Dame de Canton et arriver à cet étrange trois mâts, réplique d'une authentique jonque chinoise, construite sur des plans du 17e siècle. Bien plus petit que Petit Bain (mais tout aussi chaud), le navire peut accueillir 170 personnes en pleine capacité.
C'est aux Bordelais-es de Cosmopaark d'inaugurer ce cadre assez unique, dans lequel on ressent légèrement le courant de la Seine et où l'ambiance y est entre une cantine sur l'eau et une traversée de l'atlantique au 17e siècle. Un concept. La déconnexion avec le monde réel est en tout cas total avec une immersion dans les années 90s assurée par un groupe de shoegaze avec des t-shirts au dessus de manches longues. Niveau prestation, c'est bien maîtrisée à part quelques faiblesses sur le chant, sans que ce soit dérangeant. A la fin du troisième morceau, la corde grave de la basse casse et le public assiste à des pirouettes impressionnantes pour traverser la salle et la remplacer en moins de quatre minutes.
La mixture de Cosmopaark est particulièrement bien assortie avec la chaleur et le contexte nautique. On est sur du shoegaze en formation guitare-chant, basse et batterie, qui me rappelle surtout Ride, avec un petit côté grunge lancinant sur certaines pistes. Parfois, Wanda, qui assure la basse, active des basses électroniques qui permettent de renforcer le caractère hypnotique du set. Les vagues de saturation réverbérées emportent le public sans peine, surtout sur le grand tube qu'est « Mr. BigYellowSun », joué en avant-dernier.
Lost in Kiev
Petit Bain
J'ai découvert Lost in Kiev à l'occasion du Post in Paris 2018 donc je ne pouvais pas louper leur prestation cinq ans plus tard. D'autant plus qu'on avait eu la chance d'interviewer Max, le guitariste-claviériste, dans l'émission Horns Up.
Dans la cale de Petit Bain, le groupe parisien impressionne d'emblée par la maîtrise de son style. Balance impeccable, lights stroboscopiques élégantes et projection de visuels, le post rock cinématique de Lost in Kiev a clairement de quoi jouer dans la cour des grands. Partant pourtant d'un postulat déjà mille fois entendu, le groupe parvient à faire monter sa propre sauce avec finesse et beaucoup de pouvoir évocatif. En live, les membres se permettent davantage d'incursions électroniques avec des synthés nostalgiques façon synthpop / synthwave sur lesquels vient se coucher un solo lointain de guitare.
Lost in Kiev gère impeccablement son intensité, avec des segments vraiment frappants de beauté, et d'autres bien plus agressifs. Un des sommets du concert arrive lorsque Max annonce l'intervention d'un guest un peu spécial. C'est nul autre que Loïc Rossetti, chanteur de The Ocean, qui monte sur scène pour interpréter « Prison of Mind ». La fin du set ne démérite pas avec de très grands moments entre le travail sur les claviers et un solo de guitare triturée particulièrement convaincant. Clairement un des meilleurs groupe de post-rock français en live.
Lysistrata
Petit Bain
Avant l'arrivée de Lysistrata sur scène, c'était au tour des Lyonnais de where mermaids drown de jouer à la Dame de Canton. Malheureusement j'ai choisi ce moment pour me sustenter (délicieux hot-dogs végétariens sur le toit de Petit Bain) et ne pas succomber à la chaleur mordante de la fin d'après midi sur les quais de Seine.
Lysistrata est un power trio qui officie dans un registre post-hardcore un peu noise mais avec des riffs anguleux et un chouette usage du contre temps. Il y a une rugosité très britannique "crank wave" (Fontaines DC, Idles, Shame) mais avec une déconstruction plus américaine (Fugazi, Drive Like Jehu). Ça ne tient pas en place, aucun plan ne dure plus de 30 secondes et les dynamiques sont constamment inversées dans une déstructuration intelligente. Le public sait ce qu'il a à faire et la fosse est de loin la plus animée de la journée.
N'étant jusqu'ici pas familier du groupe, j'ai été agréablement surpris de cette énergie qui sait aussi bien conjuguer la férocité du son (un morceau contient même des panic chords) avec un penchant mélodique accrocheur. En avant-dernier, le groupe joue un vieux morceau beaucoup plus punk, doté d'une longue section instrumentale fiévreuse avec la batterie martelée et la guitare qui s'envole en nuage de piaillements. Grande efficacité, merci les garçons.
Péniche
La Dame de Canton
Alors c'est Péniche sur un bateau...
La Dame de Canton atteint très vite sa capacité maximale, donc malgré mon bracelet de merdia je suis retenu à l'extérieur (censure et atteinte au droit de presse!!). Quand je rentre, j'oublie instantanément le désagrément. Péniche joue un mélange instrumental entre post rock et math rock, diablement énergique et jovial. Deux des membres venant de Tours, difficile de ne pas y percevoir l'influence de Pneu, mais aussi une proximité avec des groupes plus récents comme Piscine ou Grauss Boutique.
Pour seulement trois personnes (guitare basse batterie), c'est un très gros raffut et le public ne s'y trompe pas. L'énergie est folle et les visages arborent de grands sourires. Les premiers rangs sont en sueur et le groupe prendre visiblement un immense plaisir à enchaîner les morceaux sauvages entre math rock et post-rock, notamment issus de leur dernier EP Deuxième Étoile. En milieu de set, le batteur prend le micro pour raconter qu'il se demandait qui de Angers ou de Tours avait le public le plus chaud. Sauf qu'il n'avait pas prévu la frénésie parisienne.
EF
Petit Bain
La Suède est une terre de post-rock dont les deux plus grands représentants sont pg.lost et EF. Ça tombe bien, ce sont ces derniers qui assurent la tête d'affiche du premier jour de ce Post in Paris 2023. La longue intro donne le temps aux nombreux musiciens de monter sur scène. Ils sont six, quasiment tous multi-instrumentistes, mais dont la formation classique est trois guitares, une basse, une batterie et un violoncelle. Pendant tout le set, les Suédois n'auront de cesse d'amener de nouveaux instruments sur scène : des claviers par ci, un xylophone par là, et même un mélodica sur une piste. Malgré ces atours orchestraux, le groupe utilise beaucoup de samples, de violon, de trompette et de piano notamment, ce qui n'est pas forcément idéal pour l'immersion et peut parfois créer une impression de trop plein.
D'autant plus que cette profusion instrumentale ne sert qu'un post-rock assez classique, typé "crescendocore". Après ne vous y méprenez pas, les compositions de EF sont très belles et apaisantes, mais difficile de passer avec ce style aussi contemplatif et mélancolique après les bourrasques Lysistrata et Péniche. La scénographie avec des lumières tremblotantes façon bougies posées à mi-hauteur, les morceaux longs et texturés, le chant très doux, presque sussuré, perdu derrière quinze couches d'arpèges cotonneux : tout permet de créer une ambiance intimiste mais qui finit par manquer un peu d'âme et de chaleur. Parfois l'intérêt est piqué à nouveau avec des crescendos habiles où les guitares se répondent et où la trompette apporte clairement sa flamme, mais le groupe ne parvient pas vraiment à maintenir cette énergie.
Tant pis, je suis passé à côté et j'aurais préféré que leur position sur le line-up soit inversée avec celle de Lysistrata, mais ça n'en restait pas moins une expérience pertinente dans le cadre de ce festival. La tête pleine de notes et d'effets de guitare, on se rend sur la Dame de Canton pour l'after festif, sur fond de Turnstile et de vieux tubes emo.
Dimanche 28 juin - Jour 2
Groupes évoqués : Death Engine | Bank Myna | SaaR | Maudits | Yarotz | Arhios | Birds in Row
Death Engine
Petit Bain
Mess : Déjà vu quelques mois plus tôt au Cirque Électrique et déjà convaincu par la prestation des Lorientais quand il s’agit de la jouer post-metal musclé, la scène du Petit Bain était toute trouvée et parfaite pour accueillir Death Engine. Un coup bien senti de la part de la programmation du Post in Paris et un vrai test pour le quatuor, pourrait-on dire, alors qu’ils venaient défendre leur nouvel album, Ocean, paru en début d’année devant une foule déjà bien compacte malgré leur statut de groupe d’ouverture de ce dimanche.
Excepté un son parfois approximatif et quelques pains à la batterie, Death Engine a aspiré la salle dans son post metal hypnotique qui s’écarte avec justesse du cliché Cult of Luna pour offrir des compositions qui frappent fort, certes, mais qui grattent plus loin dans l’expansion d’un son frôlant la subtile paisibilité et une forme de contemplation agréablement accueillie par la foule. L’expérience de scène évidente et la quasi-maîtrise de leur set ouvrira à Death Engine la porte à d’encore plus belles opportunités. Affaire à suivre.
Bank Myna
La Dame de Canton
Bank Myna était ma curiosité du festival. Je n'arrivais pas à m'en faire une idée claire avec les descriptions du concert et je ne savais pas si je devais m'attendre à quelque chose avec un pied franc dans le post-rock ou à une atmosphère similaire à celle de Treha Sektori en 2018. Ni l'un ni l'autre, car Bank Myna évolue dans un très curieux mélange de post-rock, de drone et de metal expérimental. Quatre musicien.ne.s sont devant nous : le premier joue de la basse avec un archet et a devant lui une scie musicale et un soundboard, le deuxième est guitariste avec un impressionnant pédalier, le troisième se concentre sur la batterie et la quatrième enchaîne des claviers, un violon électrique et un chant éthéré assez ritualiste, extrêmement convaincant.
Pour essayer de vous représenter ce show envoûtant, visualisez une musique méditative perdue quelque part entre Godspeed You! Black Emperor, Sunn O))) et Cul de Sac. Si la base de leur musique est hautement répétitive et hypnotique, la stupéfiante habileté des membres à créer des ambiances rituelles menaçantes semble convaincre toute la salle. La voix de la chanteuse rappelle la scène witchy à la Darkher, avec des envolées façon Björk et des intonations gothiques à la Katharine Blake. De l'autre côté, Bank Myna fait un gros travail sur les textures, avec une pesanteur quasi-doom par moments. Je ne m'attendais à rien de particulier et je ressors plus que convaincu par les 40 minutes de transe hypnotique que Bank Myna a réalisées.
SaaR
Petit Bain
SaaR poursuit sur la lancée musclée initiée par Death Engine. Au juste milieu entre post-rock et post-metal, une guitare s'adonne a des riffs metal avec un tone lourd mais sec, pendant que l'autre développe les arpèges contemplatifs habituels. Avec une clarté accentuée sur les aigus, le mélange fonctionne particulièrement sur les intros et les climax mais se perd parfois un peu sur les crescendos. Ce choix de composition astucieux permet des parties qui concilient le groove furibond et la patte atmosphérique du post rock.
Cependant, à partir du troisième morceau, le son de batterie me fait tiquer. Pensant au départ à une polyrythmie curieuse, j'en viens à la conclusion qu'il doit y avoir un souci dans le retour ou dans le tempo car j'ai l'impression constante d'un décalage perturbant qui s'accentue même en milieu de set avec un solo de guitare noyé sous la batterie. Je peine à passer outre et c'est dommage car l'épaisseur des riffs est bien dosée et l'énergie indéniable.
Maudits
La Dame de Canton
Mess : Vous voulez un fun fact qui n’en est pas vraiment un ? J’ai tenu exactement 3 minutes de concert. La faute à qui ? Certainement pas à Maudits qui avait l’air visiblement de tabasser la foule présente alors que je tentais d’écouter depuis l’extérieur de la « salle ». Non, la question, c’est plutôt : la faute à quoi ? Au surplus de bière dans mon sang à ce moment précis et mon incapacité à rester debout, concentré, suant mes grands morts, face aux très légères, mais terriblement déstabilisantes secousses provoquées par le fait que nous étions sur UN BATEAU. Alors sur le papier, l’idée est très cool et écouter du post-rock en regardant les bateaux mouches prendre le large sur la Seine, c’est hyper-cinématique mais l’ébriété contrôlée a visiblement ses limites.
Finalement, j'ai retrouvé mes esprits et j'ai pu revenir pour profiter d'une quinzaine de minutes qui confirmaient ce que je pensais déjà à l'extérieur du bateau. Le groupe nous ensorcelle grâce à l'exigence de ses compositions, entre post-metal et lourdeur doom britannique (certains leads rappellent My Dying Bride) et surtout par sa technicité qui ne sacrifie pas les instants magnifiés (on a même le droit à un petit beat trip hop qui évoque Massive Attack). Nous nous retrouverons pour un set complet cette fois-ci, c'est certain.
Yarotz
Petit Bain
Décidément, sur cette journée, Petit Bain ne fait aucun cadeau. Pas encore 60 secondes de passées dans le set de Yarotz qu'un blast beat vient déjà rompre le silence. Avec une formation guitare-chant, basse et batterie, Yarotz fait montre d'un ancrage hardcore autant dans le chant que dans les lignes de basse, tandis que la batterie impétueuse martèle des touka touka façon grind avec une caisse claire bien claquante et des crash baveuse. Loin de la musique de chambre, on sent chez Yarotz un fort héritage de Converge, Gaza ou Baptists. À tel point que sur des morceaux, on dépasse la ligne du Jane Doe-worship avec les descentes de manche dissonantes et les cassures de rythme.
Après c'est loin d'être pour me déplaire. L'équilibre entre la dissonance, agressivité frontale et riffs hardcore entraînants est bien géré et les compositions ont leur lot de passages mémorables. Le frontman livre également une très solide performance avec tantôt un chant saturé façon hardcore métallique 2000s et un chant guttural convaincant. Très impliqué, il harangue la foule à chaque occasion et encourage même un wall of death sans jamais que ça tourne au ridicule. Cette excellente exécution est servie par des lights très expressives, pour lesquelles il convient de féliciter l'ingé lumière de Petit Bain.
Arhios
La Dame de Canton
Mess :Si on met de côté la prestation impériale de Birds In Row, c’est bien Arhios qui a su kidnapper mon cœur et me rappeler pourquoi j’aime le post-rock. A vrai dire, je n’ai pas regardé la scène une seule fois du concert, préférant fermer mes yeux et me laisser porter par la musique du groupe que je découvrais au même moment que je l’entendais. Mixant le caractère cool et sautillant de Foals pour m’offrir un large smile, Arhios m’a surtout surpris par sa capacité à copier la grandiose puissance live d’un M83 et ce, sans sourciller, sans un seul pain audible pour l’audience.
Si j’ai été impressionné par la performance et la qualité des chansons, je reste néanmoins persuadé que pour enfoncer définitivement le clou dans la bonne direction, l’ajout d’un chanteur offrirait la touche finale d’un son déjà arrivé à maturité et prêt à séduire quiconque s’y frottera.
Birds in Row
Petit Bain
Même s'il fait partie des groupes que j'ai vu le plus de fois dans ma vie, c'est toujours un bonheur vibrant de revoir Birds in Row. D'autant plus que leur dernier album est un petit bijou et que leur performance au Trabendo en novembre 2022 m'avait retourné comme il faut. En revanche, autant briser le suspense tout de suite : si vous étiez au Trabendo, vous n'auriez pas été surpris à Petit Bain car la setlist était absolument identique.
Les Mayennais commencent avec les six premiers morceaux de Gris Klein, leur dernier né. « Water Wings » est un excellent morceau d'ouverture sur lequel le public montre être déjà acquis à la cause du groupe. Sur cette première partie de set, l'interprétation est évidemment impeccable mais je ne peux pas m'empêcher de la trouver un peu plus froide qu'à l'accoutumée, moins poignante. Peut-être est-ce dû à des mois de tournée ou juste à un démarrage un peu lent. Quoiqu'il en soit, le feu sacré revient sur l'immersif « Noah », sur lequel le public fait preuve de sa maîtrise des paroles, et se réinstaure définitivement avec l'arrivée du tube « 15-38 ».
Entre « Cathedrals » et « Nympheas », Bart, le chanteur, prend la parole pour remercier l'équipe du Post in Paris et le public pour lequel il "manque de superlatifs". Il parle aussi des manifestations récentes et des incessantes violences policières, ce à quoi la foule répond par des "Macron démission". Bart temporise avec humour "arrêtez, on va encore nous traiter d'islamogauchistes". Plus loin dans le set, « Fossils » semble venir un peu casser la dynamique et l'énergie accumulée mais son final qui s'étire s'avère être un excellent tremplin vers la déflagration « We vs. Us », magnifiée encore une fois par le brillant travail de l'ingé lumière. Bart reprend le micro pour parler de l'histoire du groupe et ce que ça lui a appris, notamment dans ses relations avec les gens. Le groupe enchaîne avec trois morceaux du dernier disque avec le joli triptyque « Grisaille » / « Trompe l'oeil » / « Rodin ». Ce dernier me bluffe à chaque fois avec ses glitches et son agressivité démesurée. Pour moi, il incarne la somme parfaite des qualités du groupe et son envie de vouloir pousser le hardcore plus loin.
Ensuite, le reste du groupe part et Bart reste seul en scène pour « Last Last Chance », toujours un grand moment. Ce soir à Petit Bain, l'ambiance est quasi religieuse. Bart y étale avec majesté ses talents vocaux, son passage de chant de tête à saturé laisse rêveur. Joris et Quentin reviennent sur scène pour un final explosif sur « I Don't Dance » et un rappel pour « You Me & the Violence ». Bart conclue en disant : "on a écrit cette chanson car on aimait bien dire qu'on détestait tout le monde alors qu'en fait c'était moi que je détestais". Un point final étincelant pour une édition encore formidablement réussie du Post in Paris.
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Des merci sans fin à Tiffany pour l'organisation, le partenariat et l'invitation. Merci aux groupes des deux journées. Merci sans cesse chaleureux à Clara Griot pour son after-movie et son éternelle jovialité. Merci aux équipes de Petit Bain et de la Dame de Canton et au public pour avoir atteint le sold-out et continuer à faire vivre les musiques souterraines.
Crédits photos et vidéo : la seule et unique Clara Griot