Dvne + My Diligence @ Paris
Petit Bain - Paris
Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse
La Seine et le ciel sont gris, les quais vides, et la péniche du Petit Bain semble presque tristoune dans cet automne au mois de juin. Pas question pour autant de bouder son plaisir : Dvne est de passage par Paris avec un sublime troisième album à défendre et qui a visiblement ravi les fans. La date de ce soir est complète depuis un moment maintenant et elle n'était pas la seule de la tournée dans ce cas-là.
My Diligence
Mais avant la prestation des Franco-Ecossais, les Belges de My Diligence ouvrent le bal. Je découvre le groupe sur scène ce soir et peut-être pas dans les meilleures conditions : arrivé une poignée de minutes après le début du set, je découvre un Petit Bain déjà rempli ras-la-gueule et je me retrouve dans le fond à proximité du bar. Et, à cet emplacement, le son est un peu brouillon, avec une section rythmique qui mange copieusement la guitare. Si les passages qui donnent dans l'écrasant sont efficaces, les moments plus légers sont moins mémorables (et sans doute plus pénalisés par le son). Le groupe est néanmoins chaudement accueilli par le public, dont une partie semble tout à fait conquise. Et assurément, My Diligence a de quoi attirer l'attention, même si pour ma part je n'y trouve pas complètement mon compte (une affaire de goûts, que voulez-vous).
Dvne
Un discret backdrop dessinant, en noir et blanc, les contours d'une ville futuriste est tendu en fond de scène, et il n'en faudra pas plus en terme de décorum pour que Dvne nous plonge dans son univers. Le groupe arrive sur scène sous les acclamations d'un public impatient et nous dégaine la première cartouche de la soirée : « Si-XIV ». Avec sa première partie bien agressive, le titre plonge directement le Petit Bain dans un tourbillon musical dont il ne ressortira plus. Le son est impeccable, chaque instrument s'entend parfaitement et les voix ne sont pas noyées, les growls comme le chant clair. Et vu la richesse sonore et la virtuosité du groupe, cette qualité de son est infiniment appréciable. Ce premier morceau fini, après un rapide et sobre "bonsoir Paris" de la part de Victor Vicart (chant/guitare), Dvne enchaîne sans temps mort avec une longue séquence de titres extraits de Voidkind. Et ce troisième album passe sans accroc le cap du live (je n'en doutais guère).
Comme en studio, il est presque impossible de déterminer un moment plus marquant qu'un autre tant la qualité est constante, dans la composition comme dans l'interprétation. Si le groupe communiquera assez peu avec le public, l'attitude sur scène est parfaite : on sent à la fois la cohésion, le plaisir et la maîtrise, et c'est un pur régal à voir et à vivre. Et comme souvent en live, on remarque des choses qui passent inaperçues en écoute chez soi, comme l'incroyable finesse dont fait preuve le batteur dans son jeu de cymbales et charley : sans démonstration, avec simplement un aigu sens du nécessaire, Dudley Tait propose de petit bijoux de construction dans son jeu, remplissant la musique déjà dense du groupe. Il va presque sans dire que le reste du groupe est tout aussi carré et précis.
L'une des forces de Dvne est cette capacité à être aussi chaleureux que punitif, à nous ouvrir des horizons grandioses et colorés pour mieux nous écraser la seconde qui suit. Peu de groupes m'ont fait cette impression sur scène, si je devais comparer leur talent dans ce domaine le premier groupe qui me vient est Cult Of Luna.Dvne parvient à donner ce caractère inexorable à leur musique, devant laquelle on est obligé de ployer. Une grosse partie de Voidkind nous est donc présentée ce soir (au détriment de Asheran, snif...), avec comme dernier assaut « Sarmatæ », et son chant qui s'aventure dans des aigus parfaitement maîtrisés. Et en petit supplément maison, nous avons le droit à « Of Blade and Carapace », extrait du deuxième EP, période où l'armature sludge de Dvne n'avait pas encore été complètement rehaussée par son approche progressive. Très punk dans l'esprit, ce dernier morceau aura vidé les dernières ressources d'un public qui n'en demandait pas tant.
J'allais à cette date sans craindre d'être déçu et j'en suis revenu en plus conquis par la musique de Dvne. Les mecs ont juste tout compris : comment être efficace sans rien renier de l'exigence dans les compositions, comment être disponible sur scène sans en faire des caisses, comment construire un set sans temps ni trop plein. Que dire de plus ? Vivement la prochaine !
Setlist de Dvne :
01.Sì-XIV
02.Eleonora
03.Reliquary
04.Reaching for Telos
05.Abode of the Perfect Soul
06.Plērōma
07.Cobalt Sun Necropolis
08.Sarmatæ
Encore:
09.Of Blade and Carapace
Un grand merci à The Link Productions pour cette soirée !