Aqme + Headcharger + Ed-Äke
L'Elysée Montmartre - Paris
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Aqme et l’Élysée Montmartre, ou le rapport privilégié d’un groupe et d’une salle parisienne entretenu depuis maintenant quatre années consécutives. Une idylle délicate ayant vu passée rien de moins que les albums Polaroïds et Pornographie, la fin des temps ou encore le récent Hérésie de la formation, récemment salué par la critique.
Un endroit intime pour accueillir par deux fois en mars – après la bouillante date au Nouveau Casino - les revendications du quatrième album du groupe et tenter de faire asseoir à sa cause un public hétéroclite et titillé par cette nouvelle venue. Autant de nostalgiques des débuts du groupe contenus dans la Team Nowhere, ou de jeunes gens élevés aux comptines moins appréciés de La Fin des Temps.
Aqme sait cultiver sa suprématie sur la scène parisienne et tend une nouvelle fois à le démonter avec une nouvelle prestation ardente, accompagné de surcroît par les jeunes pousses montantes de Headharger et de Ed-Äke.
Ces derniers, chargés d’occuper la scène à l’heure des poules (ou du goûter selon les âges), laissant le temps aux groupies d’investir la place et de faire une ovation au chanteur Dimitri, porte-parole du rock énervé de ce quintette politiquement incorrect. Enchaînant avec grâce les morceaux de leur premier album, Ed-Äke se joue de nos sens, à la croisée d’un rock énervé, d’un métal bienfaisant et de mélodies parfois surfaites et clichées.
Peu importe, l’esprit et l’énergie du live sont là, sans compter que les très palpitants « Scratch The Stone » et « My Lady Loves » restent dans les têtes et confirment la croissance du groupe sur l’échelle (parfois glissante) du rock énervé.
Une pente qu’ont également tenté de gravir les membres de Headcharger, à la manière d’une moissonneuse-batteuse lâchée en plein pâturage. Sorte de machine à riffs et à hochement de tête contenue dans l’expression même des mots simplicité, efficacité et rendement.
De véritables bûcherons urbains que l’on a pas l’habitude de croiser dans l’hexagone et s’adonnant à une véritable partie de rock en l’air sur des titres tels que « Every Tick of The Clock » et « Bill Murray's Syndrom ». Durant près d’une heure, ils ont enchaîné sans grandes surprises, et conformément à leur album « Watch The Sun », des titres saccageant la fosse et des rythmiques conventionnées. Malgré une certaine redondance, Headcharger aura eu le mérite d’exploser à la face de l’Élysée Montmartre et de faire perdurer l’esprit Rock n’ Roll, une autre vision du potage servi par les BB Brunes et les Plasticines, qu’aiment à citer le frontman Seb.
Une chose est sûre, ce ne sera pas Aqme qui prétendra le contraire, débarquant quasi-instinctivement sur l’introduction d’Hérésie et passant en revue la majeure partie de son dernier effort électrique à souhait. « Un goût Amer » est d’ailleurs lancé en guise de préambule, titre un tantinet mollasson. Une entrée en matière pénible, mais également la peur irrémédiable de voir le concert marqué par des titres joués à la demi-mesure de leur talent.
Il n’en sera rien, tant Aqme campe dans son « Uniforme », un bien bel accent de rébellion et une énergie à fleur de peau.
Largement meilleurs que lors de leur dernière venue, les Parisiens s’amusent, s’auto-flagellent lors du pain de l’excellent Etienne (Grymt oblige !) et assurent avec une sérénité et une puissance retrouvée, la crème de leur quatre opus accumulés. Bon, il est évident que l’on reste toujours dans une même unité sonore, Aqme n’ayant jusqu’ici pas montré une grande innovation depuis Sombres Efforts. Mais les Parisiens ont démontré ce soir-là que le groupe s’est retrouvé et renaît progressivement autour des tapements retrouvés d’Etienne et du chant plus inspiré de Thomas.
Que ceux qui eussent jusque-là froncé les sourcils sur le doucereux et moins accessible La fin des temps se rassurent, Aqme n’est pas mort. Il se pourrait même que leur digne hérésie hante l’Élysée Montmartre jusqu’à leur prochaine venue.