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Album

09 décembre 2014 - U-Zine

Primordial

Where Greater Men Have Fallen

LabelMetal Blade Records
styleBlack/Pagan
formatAlbum
paysIrlande
sortienovembre 2014
La note de
U-Zine
9/10


U-Zine

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« For those who buried their sons… »

Si le démon de la guerre vit encore dans les mémoires, le souvenir des sacrifices faits et l’espoir de jours meilleurs hantent et inondent notre culture commune depuis toujours. C’est ce terreau de la nostalgie et du souvenir qui a amené Primordial à voir le jour à Dublin en 1987. To the Nameless Dead, chef d’œuvre de ce XXIème siècle, avait définitivement révélé le groupe aux oreilles d’un public bien plus vaste et si Redemption At the Puritan’s Hand, que je trouve également excellent, n’avait peut-être pas eu le même succès que son illustre prédécesseur, c’en était suffisant pour que Primordial devienne un grand nom du genre. C’est donc en cette fin d’année 2014 que le très attendu nouvel effort voit enfin le jour, toujours sous la houlette de Metal Blade Records.

« I never spoke the language of your saints and sinners. »

Primordial, mené par son charismatique leader Nemtheanga, porte son fardeau depuis désormais vingt-sept ans. Pourtant, la qualité des textes, un des gros atouts du groupe, prouve que le quintet a encore beaucoup de choses à dire. Poignant, sincère et surtout réaliste, When Greater Men Have Fallen est de ces albums qui s’écoutent avec le livret sous les yeux. A l’image de la magnifique illustration de Miluta Flueras, inspirée d'un monument du cimetière de Bellu à Bucarest, chagrin, tristesse, mélancolie et devoir de mémoire sont encore une fois les maîtres mots de ce huitième album studio. Et si l’ensemble de la discographie des Irlandais a souvent exploré des thématiques similaires, nul doute que ce nouvel opus est le plus sombre et le plus nostalgique.

« The dreadful history we have sired is the black bleached future you have desired. »

L’album s’ouvre avec les trois premiers titres révélés sur le net, à savoir l’excellent titre éponyme, guerrier (ces rythmiques tribales dont seul S. O. Laoghaire a le secret) et envoûtant, exaltant et majestueux à la fois, le lourd Babel’s Tower frôlant parfois le doom dont le final hisse tous les poils du corps à chaque écoute et enfin Come the Flood, construit plus ou moins selon le même schéma que Babel’s Tower. On sort finalement de cette torpeur avec le très black metal The Seed of Tyrants. Plus énergique et plus direct, ce quatrième morceau rompt avec les trois premiers titres très mid tempo et avoine dès les premières secondes, comme sur l’inquiétant et très sombre The Alchemist’s Head. Cependant on retrouve un tempo plus lourd et oppressant avec Ghosts of the Charnel House ainsi qu’avec les deux magnifiques derniers titres de l’opus.

« Charnel fodder for an unmarked grave in the house of the lord. »

Existent-ils des différences donc avec les dernières œuvres des Irlandais ? Outre le tempo évoqué légèrement plus haut, on retrouve moins d’éléments celtiques (souvenez-vous de Sons of the Morrigan ou encore No Grave Deep Enough), hormis sur Born the Night ou sur Wield Lightning to Split the Sun, ces deux titres étant véritablement l'un des gros points forts de l'album. La voix d’Alan est également un peu plus clair et aigu, mais cela ne change en rien l’émotion et l’impact de son chant sur nos pauvres tripes, soyez rassurés ! La principale évolution au sein de ce nouvel album réside pour ma part dans ce petit côté inquiétant et malsain développé dans Babel’s Tower ou The Alchemist’s Head que l’on ne retrouve pas au sein des autres disques de Primordial. Alambiqué et maladif, le style du quintet devient réellement torturé et ouvre à l’auditeur une nouvelle vision de cette entité que l’on a plutôt l’habitude de voir sur des contrées emplies de nostalgie, de chagrin et de mémoire.

« What pale god is this whose robes you wear. »

Le tempo est relativement lent et la musique devient de plus en plus contemplative, mais n’en devient pas moins triste, marquante et surtout vivante. En effet, si les thématiques propres à l’Irlande et plus largement au Royaume-Uni sont toujours exploitées, en témoigne The Alchemist’s Head dédié au poète et peintre anglais William Blake, un texte comme celui du titre éponyme s’apparente au schéma classique de la conquête d’une nation sur une autre et des titres comme Babel’s Tower ou Come the Flood font directement référence à des mythes qui se veulent planétaire. Moins accrocheur aux premiers abords que ses prédécesseurs, ce nouvel album se livre au fil des écoutes pour devenir une nouvelle pierre angulaire d'une discographie sans failles.

« You want your tragedy for your own ends as martyrs we are born to die. »

Là où les grands hommes sont tombés, Primordial se tient fièrement debout, rendant une nouvelle fois un hommage poignant et sincère à Notre Histoire. Tyrans, fantômes, hommes d’églises, soldats et autres poètes aux destins divers se regroupent sur un décor du passé, pour une leçon du présent et dans l’espérance d’une prise de conscience future. Where Greater Men Have Fallen regroupe ainsi nostalgie, désespoir et tristesse, mais également colère et espoir. Incontestablement un des albums de l’année, livré par une entité à son paroxysme.

« What man places faith in his heart
Above the animal that rages deep inside
What man askes forgiveness yet
Lies to himself his whole life. »

1. Where Greater Men Have Fallen
2. Babel's Tower
3. Come the Flood
4. The Seed of Tyrants
5. Ghosts of the Charnel House
6. The Alchemist's Head
7. Born to Night
8. Wield Lightning to Split the Sun

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