
Cernunnos Pagan Fest 2025 - Jour 2
La Ferme du Buisson - Noisiel

"The sound of falling, when the pictures are moving"
Me revoici pour suivre ce deuxième et dernier jour du Cernunnos Pagan Fest version 2025. Les concerts commençant un peu plus tôt que la veille, il vaut mieux en profiter pour flâner une dernière fois parmi les stands et échoppes d’artisans. C’est d’ailleurs toujours agréable d’échanger avec les personnes responsables autour de leur activité, de leur art et en n’hésitant pas à leur poser des questions autour de leur technique. Afin de vous donner un aperçu des joyeusetés que l’on peut y trouver, voici quelques photos montrant toute la vie artisanale que valorise le festival le temps d’un week-end. Et maintenant, après ce petit aparté sur les à-côtés, recentrons-nous sur le compte rendu des concerts du dimanche. Une journée qui, bien que moins chargée, aura connu elle aussi son lot de concerts intéressants.
Retrouvez notre compte rendu du jour 1 par ici
Crédits photos : Deuskin Photography et Nicolas Chaigneau
Dimanche 23 février - Jour 2
Groupes évoqués : Deos | Det Var | Irdorath | Grift | Kvaen | Moonsorrow|
Deos
l'Abreuvoir
Pour ouvrir cette dernière journée, nous retrouvons les Français de Deos et leur "Roman Extreme Metal", comme ils aiment l'appeler. J'avoue que j'assiste à leur set avec un mélange de curiosité et de crainte. Crainte d'avoir à faire à un Ex Deo bis, avec cette vision très Péplum de la Rome antique. Et il y a un peu de cela, il faut le reconnaître. Notamment avec les costumes de légionnaires romains et l'attitude très tough guy et virile des musiciens. Mais musicalement, on oublie la surenchère de grosses orchestrations des Québécois pour une approche plus riffue, très carrée et martiale. Et si quelques riffs galopants font leur petit effet, je reste malgré tout peu réceptif à cet aspect très rythmique et brut, qui n'arrive pas à contenter mon appétence prononcée pour les mélodies subtiles et les atmosphères sombres. Mais le public a l'air très enthousiasmé par la belle énergie déployée par le quatuor, qui a clairement montré son envie de tout donner en sortant ses tripes. Et c'est sans doute bien plus important que mon petit avis de chroniqueur blasé, un brin exigeant et élitiste.
Setlist :
Decimatio
Caput Mundi
Primu Pilus
Cerberus
Sapere Aude
Ppost Tenebras Lux
Lupa Mater
Britania
Song for Courage
Det Var
la Halle
Changement radical d'ambiance sur la grande scène. Après la testostérone de Deos, Det Var nous convie avec subtilité au coeur de ses incantations tribales, rythmées avec beaucoup de percussions. Les six musiciens s'efforcent de nous emmener loin dans leur vision onirique des chants néo traditionnels du Nord de l'Europe. Et ils y arrivent plutôt bien, grâce à une très bonne cohésion d'ensemble, aux couleurs chamaniques des rythmes et aux différentes voix qui se marient très bien entre elles. Et même si la formule finit par se répéter un peu sur la fin (car elle reste la même pendant 40 minutes ), c'est au final un voyage folk très épuré et contemplatif qui nous fait du bien à l'esprit et à l'imaginaire. Une bonne parenthèse de calme et de sérénité.
Setlist :
Den Høye
Wyrd
Steinrøtter
Forraeder
Kråke
Stormen
Herlighet
Irdorath
la Halle
Décidément, dimanche aura été ma journée musique folk et apaisement. Afin de tenir jusqu'à ce soir, je décide de faire sciemment l'impasse sur Mourning Wood et Morgarten. Comme hier, le peu que j'en ai entendu au loin me confirme que ce type de folk metal pouet pouet trop festif, ce n'est de nouveau pas pour moi sur album, mais aussi sur scène. On ne se refait pas, que voulez-vous.
Quitte à profiter d'une instrumentation folk, je préfère me pencher sur les artistes 100% acoustiques. Je profite donc de quelques minutes des Compagnons du Gras Jambon en dehors de la salle, histoire de constater que l’ambiance festive est toujours au rendez-vous avec eux. Un peu comme pour Irdorath. Sextet d’origine biélorusse, c’est un nouveau bol d’air frais après celui pris en compagnie de Det Var. Mais à l’inverse des Français, Irdorath nous propose une version plus lumineuse et colorée de sa musique folk. Sur fond d’un habillage sonore et d’une esthétique medieval fantasy rappelant des pointures du néo trad comme Faun, les musiciens nous délivrent des compositions aux teintes slaves, parfois festives ou plus graves. Tout cela en proposant des histoires véhiculant un discours de paix, d’amour et de lutte contre l’oppression pour aspirer à la liberté. Et c’est non sans une pointe d’émotion liée à la situation dans leur pays d’origine qu’Irdorath nous transmet tout cela. Avec une sincérité et un humanisme qui font plaisir à voir.
Grift
l'Abreuvoir
J’attendais beaucoup de ce concert de Grift. Amateur de son black mélancolique dont les influences dark folk prennent de plus en plus de place, je m’attendais surtout à voir pour la première fois le groupe en configuration électrique. Et donc pour un concert en grande partie metal. Ce fut donc une petite déception lorsque que je vis Erik Gårderfors arriver seul avec sa guitare acoustique. Pour nous jouer de la dark folk éthérée et automnale, comme sur ses dernières sorties. Pour l’avoir déjà vu dans cette configuration, c’est loin d’être inintéressant. Au contraire, seul avec sa guitare, le musicien arrive à nous transmettre des images champêtres très évocatrices, ce qui, allié à la modestie des moyens, est tout de même fort. Mais au fur et à mesure que le concert avance, ce carcan devient trop restrictif et redondant pour que l’on s’y retrouve sur la durée. Surtout lorsque l’on a deux jours entiers de concerts dans les jambes. On a alors plutôt l’impression d’avoir un fond musical un brin endormant, malgré l’indiscutable beauté émotionnelle qui se dégage de ce beau projet. Visiblement, on ne peut pas gagner à tous les coups. Peut-être que la prochaine fois sera meilleure. Et en configuration électrique, qui sait ?
Kvaen
l'Abreuvoir
Alors que j’assiste aux premières minutes du Naheulband par curiosité, le fait d’être passé à côté du Donjon de Naheulbeuk pendant mon adolescence me rend assez peu réceptif à l’univers décalé de la troupe. Après cette longue phase folk plus légère, c'est bien avec du metal pur et dur que j'achève ce Cernunnos. Avant de retourner voir les incontournables Moonsorrow, ce sont les Suédois de Kvaen qui se chargent de terminer le festival avec fureur et engouement. Si leur musique très stéréotypée metal nordique des 90’s ne m’intéresse qu’assez peu en version studio, le live lui offre un nouveau lifting plus neuf et attrayant. On a là un black metal mélodique, tantôt épique et guerrier, tantôt plus sinueux et introspectif. Quelques leads néoclassiques aèrent le tout, et ajoutent cette petite touche spectrale à la Dissection. Rien de bien original ou novateur, mais c’est suffisamment efficace pour que le public se prenne au jeu en répondant avec verve aux diverses sollicitations du chanteur guitariste. Et c’est après une nouvelle invective envers la foule que Kvaen conclu un set de très bonne facture avec un dernier titre très immersif, histoire de nous faire voyager un peu plus dans des paysages sylvestres et brumeux. Une franche réussite que cette prestation, qui fut assurément l’une des meilleurs du week-end.
Moonsorrow
la Halle
On a toujours beaucoup d’attentes lors d’un concert de Moonsorrow. Fers de lance et incontestables leaders des groupes estampillés « pagan », les Finlandais réussissent l’exploit de mélanger des éléments pourtant opposés sur le papier, mais avec une cohérence et une qualité exceptionnelle qui touche au divin. Cet état de grâce est d’ailleurs tout aussi palpable sur les planches. Alliant maîtrise scénique et intensité émotionnelle, Moonsorrow déroule une nouvelle fois une prestation assez bien huilée et rodée, marquée par quelques pics qui sortent du lot dans ces longs morceaux sophistiqués, épiques et progressifs. L’ouverture « Ukkosejumalan Poika » et ses teintes grandiloquentes, la très efficace« Sunden Tunti » et son atmosphère martiale qui fonctionne toujours. De même que l’imposante « Jotunheim », qui vient petit à petit titiller notre corde sensible. Première déception : le final "Sankaritarina", qui clôt habituellement tous les shows, semble depuis un moment écarté.
Quel dommage quand on connait l'immense ferveur que ce titre suscite toujours chez le public. Hormis ce manque aberrant, nous sommes globalement en terrain connu. Un peu trop d’ailleurs. Et c’est peut-être là où le bât blesse un peu. Car après avoir assisté à cinq concerts de Moonsorrow, j’aimerais avoir encore plus de flamboyance et de panache de la part de la bande des cousins Sorvali. Si leur expérience et leur professionnalisme en tant que musiciens sont des qualités qui leur sont unanimement reconnues, on commence à ressentir un manque de surprise évident dans leur setlist et leur façon de nous "vendre" leurs titres. Et les morceaux, bien que très riches en complexité et en reliefs, ont forcément moins de poids quand ils ont été entendus cinq, dix ou vingt fois. Mais, pour finir sur une note positive, le groupe nous a tout de même offert un petit cadeau amusant en guise d'originalité. La reprise du "Non Serviam" de Rotting Christ, qui colle à la dimension solennelle instaurée par des choeurs guerriers et transcendés si chers à Moonsorrow. Malgré, comme d'habitude, un concert (très) qualitatif, c'est un arrière-goût de routine qui reste dans la bouche. C'est assez hors du commun de rester pertinent? même en pilotage automatique. En espérant que cela ne devienne pas une habitude dans les années à venir..
Setlist :
Ukkosenjumalan Poika
Haaska
Suden Tunti
Non Serviam (Rotting Christ cover)
Jotunheim
Ihmisen Aika (Kumarrus pimeyteen)
****
Un grand merci à l'ensemble de l'équipe du Cernunnos pour l'organisation de ce bel événement, ainsi que pour l'accréditation.
On espère être de retour l'année prochaine, avec une affiche 2026 pleine de belles surprises. Pour toujours plus de rêves, de mythes et de légendes, contées sous les prismes du pagan et du folk metal. A très bientôt !