
Punkach' renégat hellénophile.
Il y a cinq ans, presque jour pour jour et avant que le monde ne s'éteigne pour un temps, Vermilia avait donné son tout premier concert, au Cernunnos Pagan Fest de Noisiel. Elle y est revenue cette année, pour sa première prestation depuis la sortie de son troisième album, Karsikko. Un retour aux sources, en quelque sorte, plutôt flatteur pour le festival d'ailleurs, car c'est la seule date de la mini-tournée de l'artiste finlandaise sous des latitudes aussi australes. Je n'étais toutefois présent à aucun de ces deux concerts, hélas, même si j'ai eu l'occasion de voir Vermilia sur scène - et qu'on vous reparlera bientôt du Cernunnos de cette année.
En attendant, place à l'album. Karsikko ne déroutera qui suit la Finlandaise depuis son apparition sur les réseaux avec une série de singles en 2017, puis un album l'année suivante. Elle professe toujours un pagan/black metal volontiers atmosphérique, parfois enrichi d'instruments traditionnels. Elle se lance par contre, cette fois, dans des envolées plus aériennes qu'à l'accoutumée, jusqu'à donner un certain souffle épique au titre éponyme « Karsikko » qui entame l'album. On s'éloigne d'un registre extrême sur cette première moitié du disque, pour arriver sur des terres empreintes d'un certain lyrisme, assez différent des ballades folk d'un Ruska. Mais pour qui est réceptif, la recette fonctionne, d'autant que la voix de la dame, que viennent sublimer ses textes en langue finnoise, reste convaincante dans ce registre plus éthéré.
Le black metal et les guitares restent présents toutefois, avec des sonorités qui peuvent rappeler un Moonsorrow plus mid tempo et plus folk, et avec un très beau duo entre voix gutturale et chanson traditionnelle du pays des mille lacs sur « Suruhymni ». Mais c'est sur la seconde moitié de l'album que Vermilia retourne vers ses forêts baltes avec le superbe « Veresi » et ses passages folkisants à la fois plus sobres et plus sincères que chez de nombreuses autres formations de pagan, et une instrumentation lourde typique de black finlandais. Une dichotomie qu'on retrouve plus franchement sur les deux dernières pistes de Karsikko, jusqu'à culminer sur un « Kansojen Kaipuu » qui brûle dans le même creuset les riffs très efficaces du black metal national avec des passages vocaux franchement pagan qui, allez, j'ose, ne dénoteraient pas chez un Arkona.
Karsikko est un album moins constant que les précédents, avec une vraie césure (« Koti », très beau passage pagan qui n'est pas non plus sans rappeler certains groupes d'Europe de l'Est), et cela peut faire autant sa faiblesse que sa force. D'un côté, les ballades se font un peu rares à mon goût, mais de l'autre, ce troisième opus offre plus de place à une paire de véritables tubes.
Pas d'horreur primale au fond de la forêt, pas de charge furieuse comme en est familier le black finlandais, avec Vermilia. Mais ça n'est pas pour autant que la chanteuse serait moins « trve » que le reste de la scène. On est ici dans une démarche très personnelle, d'ailleurs toujours créée en solo et sans label derrière. On aime ou on n'aime pas, c'est certain, mais à titre personnel, les compositions de la dame ont toujours su me donner envie de baguenauder sous le ciel gris des tourbières de la Baltique.
Setlist
Karsikko
Vakat
Kivutar
Suruhymni
Koti
Veresi
Talven jälkeen
Kansojen kaipuu