U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Arkona n’est plus à présenter. Les chantres russes d’un folk metal riche et original, tantôt léger et festif, tantôt lourd et intense, nous reviennent cette année avec un album intitulé Yav. Et après près de 12 années de bons et loyaux services (et une floppée de cds), le groupe semble avoir définitivement entériné sa place dans les hautes sphères du pagan metal. Bien qu’imparfait (mais on s'en approche), Yav nous offre plus d’une heure de voyage à travers la culture et les traditions russes, le tout mené par des compositions qui n’ont jamais été aussi recherchées et complexes, mais également par une Masha Scream toujours aussi convaincante. L’un des albums de 2014, pour sûr.
La première chose qui saute aux oreilles, c’est le travail d’Arkona en terme d’arrangements et de compositions tout au long de l’album. Ne vous attendez pas à retrouver le folk/pagan metal champagne que le groupe avait pu produire il y a quelques années avec des Stenka Na Stenku ou autres Yarilo. La musique est ici très riche, variée avec de nombreux changements de rythmes, de tempo et de structures dans des titres souvent relativement longs et épiques. Le groupe propose tout de même quelques titres un peu plus court, mais la part belle est faites aux titres légèrement progressifs et, in fine, bien plus prenants. En tout cas, cet album fait de contrastes n’en perd pas son étonnante fluidité : s’il faut de nombreuses écoutes pour parvenir à apprécier toutes les subtilités des compositions (je continue toutefois de découvrir des choses à chaque écoute), l’album coule comme un ruisseau dans les oreilles de l’auditoire. On est loin du constat de stagnation et de régression qui est parfois invoqué par certains à l’encontre de ce genre. Toutefois, il est évident que pour les non habitués, un tel album va être difficile à digérer. Loin d’être catchy, Yav s’avère être avant tout une ôde à la culture russe dans toute sa complexité et sa richesse.
Une ôde qui passe par des titres aux structures, ambiances et arrangements différents. Même si peu d’entre nous sont capables de comprendre les paroles, il est certain qu’Arkona sait nous raconter des histoires de la plus belle des façons. Masha alterne, comme par le passé des voix chantées, des voix parlées ainsi que des growls sorti d’outre-tombe, sa meilleure prestation étant surement sur le titre Serbia ou sur la pleine d’émotion Gorod Snov. Mais le plus grand travail sur cet album réside dans les instruments et les compositions. De nombreux titres font appel à plusieurs instruments, dont certains traditionnels comme sur Na Strazhe Novyh let, Zov Pustyh Dereven et le surprenant titre d’ouverture Zarozhdeni. Plus encore, des touches de piano/clavecin viendront parfois accompagner les nappes de clavier (Chado indigo et Jav’). Ce dernier trouvant d’ailleurs un équilibre très intéressant en venant teinter tous les titres du groupe sans jamais tomber dans l’écueil d’un son un peu midi et artificiel. Si la basse est toujours un peu en retrait (doux euphémisme), le travail à la batterie est très intéressant sur cet opus. Souvent assez classique et basique, le groupe a fait des efforts sur cet opus, avec des passages parfois enjoués mais surtout des lignes qui tendent vers le black metal par instants. Côté guitare, le groupe alterne powerchords d’ambiance avec quelques riffs plutôt entrainants et efficaces ainsi que de nombreux passages en guitare acoustique (V Ob'jat'jah Kramoly, Ved'ma), témoignage de la volonté du groupe d’ajouter de nombreuses flèches à leur arc.
A noter par ailleurs que l’artwork de l’album est particulièrement réussi. Après quelques pochettes hasardeuses, le groupe a visé juste avec cette atmosphère un peu fantastique et mélancolique. Pour résumer, Yav est un excellent opus mais qui demande un certain temps d’adaptation afin de pouvoir le sonder intégralement. Si quelques petits errements de compositions (quelques longueurs par moment ainsi que quelques passages chantés un peu déroutants et pas forcément bienvenus) continuent de nous faire croire que l’album de la perfection est encore à venir, Arkona vient, à notre sens, de confirmer sa place parmi les grands. Il ne reste plus maintenant qu’à transformer l’essai en live, ce qui ne sera pas évident compte tenu de la richesse des titres de Yav.
1. Zarozhdenie
2. Na strazhe novyh let
3. Serbia
4. Zov pustyh dereven'
5. Gorod snov
6. Ved'ma
7. Chado indigo
8. Jav'
9. V ob'jat'jah kramoly
