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Dans le monde du metal, les années passent et ne se ressemblent pas. Cependant, depuis quelques temps, force est de constater que le folk metal tend à intensifier son emprise. Qui aurait pu prédire il y a encore quelques années qu'Equilibrium ou Eluveitie seraient des têtes d'affiche de festivals ? Si cette mouvance "folk" ne fait que s'intensifier, certains groupes quant à eux n'ont pas profité d'un effet d'aubaine mais sont bel et bien présent sur cette scène depuis longtemps, comme Arkona. Fondé en 2002, ce groupe russe aime s'inspirer de la mythologie slave et du folklore local. D'ailleurs, Goi, Rode, Goi!, leur cinquième album, signifie "Hail, Rod, Hail!" en anglais, en référence à Rod, dieu slave de l'Univers.
Aujourd'hui, bon nombre de groupes pondent deux trois riffs rapides et funs, un peu d'accordéon dessus et roulez jeunesse. Comme tout genre à "la mode", on finit par se retrouver avec un nombre pléthorique de groupes dont bien peu valent réellement le détour. C'est donc toujours avec une certaine appréhension que je me lance dans l'écoute d'un groupe qui arbore une telle étiquette. En réalité, nul besoin de tergiverser, Arkona vient de confirmer avec cet opus qu'ils font partie du petit carré de groupes respectables dans le folk au même titre qu'Ensiferum et Eluveitie pour ne citer qu'eux.
Quels sont les clés de ce succès ? Arkona n'a pas oublié que dans folk metal il y a... "Metal". Au delà de l'orchestration de qualité du groupe (flûtes, accordéon, violons, etc.), le groupe ne lésine pas avec la double pédale, les blasts beats mais également avec ces riffs agressifs et cette voix si gutturale. Cette juste dose aboutit parfois à la mise en avant du folk (Yarilo) ou des élements death metal (Kolo Nav, Tropoiu Nevedannoi) selon les chansons. Néanmoins, chaque titre n'est jamais entièrement dévoué à l'un ou l'autre mais aboutit toujours à un subtile mélange.
Si Masha est capable de chanter avec une voix claire mais chaude (Na Moey Zemle et Liki Bessmertnykh Bogov (Faces of Immortal Gods) notamment), elle peut tout balayer par une voix criée. Cette dernière manque certes parfois de puissance mais vient teinter la musique du groupe. Contrairement à l'impression que m'a laissée l'ultime album des suisses d'Eluveitie, Arkona nous gratifie d'un album solide, sans impression de répétition ou de redondance. Goi Rode Goi! est un très bon album du genre. Petit bémol, l'album dure près de 80 minutes. On est souvent amené à faire la constatation inverse (et à s'en plaindre !) mais il faut reconnaître que certaines chansons, multi structurelles, et durant près de 8 minutes ne maintiennent pas toujours notre attention. Il faut écouter de nombreuses fois cet opus avant de s'imprégner de toutes les nuances.
Néanmoins, tout ceci n'est que de l'ordre du détail puisque la copie rendue par les russes est vraiment satisfaisante, tant du point de vue de la composition que de l'écriture. A ce sujet, Na Moey Zemle est probalement l'une des pièces-maitresse de cet album. Signifiant "Dans mon pays", on y retrouve la participation de membres d'Heidevolk, de Menhir, Skyforger ou encore Månegarm. Durant plus de quinze minutes, le groupe fait l'apologie de sa terre natale dans une composition en plusieurs temps nous dévoilant l'étendu de leur talent de composition. La voix de Masha y est plus aigüe mais toujours aussi douce. Jouant habilement de gammes mineures pour renforcer le caractère mélancolique, ce titre est surprenant.
Si le reste de l'album n'est peut-être pas aussi riche en rebondissements, de très bons titres valent le détour. Yarilo et son rythme entrainant est extrêmement efficace. Pilier du groupe en live, son effet est tout aussi remarquable sur cd. La plus sombre Tropoiu Nevedannoi (On The Unknown Trail) est probablement la plus puissante de cet opus avec des blasts beats renversants qui nous rapproche de l'univers fantastique de Finntroll. Le groupe alterne vraiment ce folk festif avec un folk bien plus violent qui va réveiller le wisigoth qui est en vous.
Un album à plusieurs souffle dont on regrette juste la légère mise en retrait des guitares qui manquent parfois cruellement de punch. Là où Eluveitie a réussi à gagner en puissance, Arkona rend une copie encore un peu trop pâle. Du reste, Arkona confirme que l'on peut faire du folk metal "sérieux" sans sombrer dans la musique "à boire". Toujours est-il que les fans de Korpiklaani et consorts trouveront leur compte dans Nevidal, bien plus festive.
S'il ne fallait en retenir qu'une, je choisirai probablement Goi Rode, Goi! dans laquelle Masha domine de main de maître la performance du groupe. Toutefois, il est difficile d'opérer un choix tant chaque chanson a quelque chose à nous offrir.
Goi, Rode, Goi! est un travail ambitieux, sincère. Le groupe nous convainc aisément de la fierté de leur histoire, de leur terre, des charmes de leur peuple. Certes et comme l'a dit, l'album a quelques faiblesses, mais "Rod" que c'est bon !
Tracklist :
01 - Goi, Rode, Goi ! (6.14)
02 - Tropoiu Nevedannoi (On the Unknown Trail ) (2.30)
03 - Nevidal (The Wonder) (4.40)
04 - Na Moey Zemle (In My Land) (15.08)
05 - Pritcha (The Parable) (0.55)
06 - V Tsepiakh Drevney Tainy (In Chains of Ancient Mystery) (6.30)
07 - Yarilo (6.24)
08 - Liki Bessmertnykh Bogov (Faces of Immortal Gods) (5.17)
09 - Kolo Navi (Kolo of Nav) (4.17)
10 - Korochun (2.12)
11 - Pamiat (The Memory) (5.46)
12 - Kupalets (2.51)
13 - Arkona (6.36)
14 - Nebo Hmuroe, Tuchi Mrachniye (Sullen Sky Lurid Clouds) (10.26)