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Le Darkthrone nouveau est arrivé : voyons voir ça ! Tiens une pochette qui ne ressemble plus à la pseudo mascotte punkoïde ! Un signe de changement ? Et bien non, pas encore pour cette fois ...
« The Underground Resistance » propose ce désormais habituel mélange de titres hétéroclites « retro » (parfois au sein d’un même morceau plusieurs styles se chevauchent) finalement assez digeste, ce qui est un peu la marque de fabrique du groupe depuis quelques albums. Depuis que le groupe s’est déclaré comme étant un « simple » groupe de metal, et non plus de black, en fait. Nocturno Culto s’est par ailleurs investi dans les textes de cet album plus qu’à l’habitude, écrivant les paroles de la moitié des titres, lui qui a toujours confessé laisser cette tâche à Fenriz sans regrets, celui-ci étant le plus doué pour mettre des mots sur les ambiances dégagées par les compositions du groupe.
Le duo infernal fait étalage de sa grande maîtrise du sujet : intro très cinématographique, titre de clôture qui est un morceau de bravoure puisqu’il frise les quatorze minutes, un sens du riff reconnaissable entre mille, un plaisir évident de jouer sur des titres bien marqués Old School, dynamiques, parfois surprenants, mais on a quand même l’impression que, sans mauvais jeu de mot, le groupe tourne un peu en rond.
La prod’ est qui plus est à mon goût un peu trop lisse, elle manque même cruellement de rugosité au niveau des guitares. Si Darkthrone n’est pas Deströyer 666, ce qui n’aurait pu être qu’un détail renforce une drôle d’impression à mesure des écoutes. Alors que le son de batterie est impeccable, très pur et que le chant est terrible, parfois volontairement faux («The Ones You Left Behind »), ou plutôt hésitant, et d’autres fois tapant dans les aigus justes et fabuleusement épiques (« Valkyrie »), ce son presque « lisse » ne colle pas vraiment aux styles pratiqués, et renforce le sentiment que la soupe sent un peu trop le réchauffé pour être honnête. On en arrive même à se demander comment ce groupe pionnier, qui a influencé tant de formations, a pu en arriver là : se laisser enfermer dans des clichés. Qu’il se démarque du style qu’il a contribué à fonder, ok, qu’il rende un hommage appuyé aux styles qui ont eux-mêmes conduits à la formation du groupe et ont contribué à son évolution, soit, mais que cette démarche se répète d’albums en albums et que le groupe intitule son petit dernier « The Underground Resistance », là, on peut sérieusement être amenés à se poser des questions. Si seul le groupe a la réponse, les papys donnent plutôt l’impression de faire dans le gâtisme que dans la résistance.
Ce disque est ainsi à l’image de la pochette réalisée par Jim FITZPATRICK : assez maniéré au final, hyper chiadé mais tellement dans la tradition qu’il n’y a en fait aucune prise de risque, aucune vraie surprise malgré tout le talent du groupe. Darkthrone tourne en roue libre et applique une recette parfaitement maîtrisée mais qui manque de piquant. Certains y trouveront certainement leur bonheur, d'autres sauront se tourner vers des groupes plus inventifs. Elle est peut être là, finalement, la résistance : rester fermé à toute évolution.
Darkthrone a-t-il trouvé sa voie ou l’a t-il définitivement perdue ? Pour ma part j’espère que cet album marque l’aboutissement d’une démarche, et de toute façon je vois mal comment ils pourraient faire mieux. Reste donc à faire différent.
1. Dead Early
2. Valkyrie
3. Lesser Men
4. The Ones You Left Behind
5. Come Warfare, the Entire Doom
6. Leave No Cross Unturned