REVUE D'ACTU #61 : Kanonenfieber, Chelsea Grin, Iskandr, Sakis Tolis, Menace Ruine, Host, Darkthrone...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Beaucoup de belles sorties d'albums en ce moment ; mais aussi un florilège de nouveautés en tout genre. On vous a donc préparé une revue d'actu variée, du black/death de Kanonenfieber aux expérimentations de Menace Ruine en passant par le heavy progressif de Threshold. Et vous, quelle actualité musicale vous a le plus marqué cette quinzaine ?
Kanonenfieber
Matthias : Depuis son apparition par surprise sur le front en février 2021 avec Menschenmühle (la chronique ici), le projet solo Kanonenfieber s'est hissé en première ligne des projets musicaux les plus intéressants consacrés à la Grande Guerre. Et l'individu anonyme derrière conserve son élan : après l'annonce d'une formation live il y a tout pile un an, voilà qu'il enchaîne les EPs, le second déjà cette année.
Ce « Der Füsilier I », sur un EP qui comptera une seconde piste, revient donc aux fondamentaux du projet : du black/death de bonne facture avec des accents assez prononcés, qui soulignent à souhait les accents tragiques de ce chant en allemand torturé, ainsi que les désormais classiques extraits de discours de l'époque. Allez, à titre personnel, j'ai préféré « Yankee Division » car ce morceau-là offrait un certain sang neuf de par l'angle choisi, mais ce nouvel EP reste prenant, avec son rythme lancinant, désespéré et transi comme figé dans la boue gelée. Je reste assez enthousiaste envers le projet Kanonenfieber.
Sakis Tolis
Matthias : Ainsi donc Sakis Tolis prend de plus en plus l'envie de travailler sur des projets solo plutôt que sur Rotting Christ, Thou Art Lord ou les quelques autres groupes helléniques avec lesquels il collabore régulièrement. Après un premier album sorti en son propre nom cette année, intitulé Among the Fires of Hell, voici donc déjà un single supplémentaire. Et c'est plutôt une bonne chose car honnêtement, autant Rotting Christ reste très puissant en live, autant il devenait compliqué pour les fans de se retrouver dans les sorties les plus récentes.
Bon, par contre son style reste fort reconnaissable, et c'est toujours le cas pour ce « Ancestral Whisper » qui n'aurait pas dénoté surr The Heretics. Cela dit le morceau est accrocheur, dans le style très aérien que semble apprécier dorénavant Sakis Tolis. On retrouve d'ailleurs avec plaisir les vocaux des soeurs Suzana et Eleni Vougioukli, qu'on a pu déjà entendre sur divers pistes du superbe Κατά τον δαίμονα εαυτού en 2013. Mais aussi de Georgis Nikas qui a officié à la cornemuse sur cet album comme sur Rituals. Bref, Sakis fait ce qui lui plait avec des gens qui lui plaisent en guest, et c'est très bien construit, pas mal du tout dans un style bien particulier. Mais qui n'a plus grand-chose à voir avec du metal, fut-il extrême.
Threshold
Varulven : Threshold reviendra au mois de novembre prochain pour nous présenter son douzième album studio. Ayant retrouvé un certaine fraîcheur depuis le retour de Glynn Morgan au chant, les Anglais poursuivent dans le type de heavy metal progressif qui les a fait connaître. Aucun changement de taille n’est à noter dans ces trois extraits. Le groupe nous balance la recette habituelle, à savoir gros riffs, refrains enlevés catchy et enchevêtrements de leads guitares et de synthés à foison. Une touche plus mélancolique est néanmoins à relever dans le dernier morceau dévoilé, « Silenced », qui cristallise cette teinte non plus nostalgique comme autrefois, mais fataliste quant à l'avenir de notre planète. Une thématique qui semble, à priori, être le fil conducteur de l'abum.
Chelsea Grin
Michaël : Les deathcoreux de Chelsea Grin sortiront un double album via OneRPM respectivement intitulés Suffer In Hell et Suffer In Heaven. Le premier sortira le 11 novembre 2022, tandis que le second ne sera disponible que le 17 mars de l'année prochaine. Afin de faire saliver ses fans, le groupe vient de sortir un clip pour le titre "Forever Bloom" qui, bien que franchement générique, vous donnera la petite larme à l'oeil car il voit la participation du regretté Trevor Strnad, feu chanteur charismatique et talentueux de The Black Dahlia Murder. Malgré tout, on a hâte de voir ce que Chelsea Grin a à nous offrir dans un paysage deathcore qui est bouleversé par des sorties majeures ces dernières mois (Lorna Shore, Shadow of Intent, notamment).
Menace Ruine
Dolorès : Menacer ruine : (Vieilli) Être sur le point de tomber, de s'écrouler.
C'est vrai que, quand j'y pense, j'ai bien cru que le projet québécois n'allait jamais revenir. La pépite Venus Armata, sortie en 2014, nous aurait laissé un sacré dernier effort, mais c'est avec joie que j'ai appris qu'un nouvel album allait sortir le 4 novembre 2022 (chez Union Silence, qui réunit le groupe ainsi que leurs autres sorties insolites des deux membres). Ainsi a été dévoilé le premier titre « Pigeon Rain » il y a quelques jours pour mon plus grand plaisir.
Le chant de Geneviève m'avait clairement manqué. Elle, dont le timbre me fascinait et me faisait vibrer sur Union of Irreconcilables (2010) et dont la voix avait clairement pris de l'importance lors de la composition de Venus Armata (2014). En effet, le groupe a toujours joué sur une facette drone doom aux teintes mystiques et solennelles où le chant clair féminin s'élevait comme une lamentation maîtrisée. Ici, « Pigeon Rain » reprend le côté même plus tubesque, simple et lumineux qu'avait « Red Sulphur » sur le précédent, une nouvelle voie plus simple comparée aux premiers jets du groupe et qui sonne pourtant comme une continuité évidente. Les mélodies grinçantes et obsessives s'appuient sur une rythmique hypnotique pour créer une sorte de drone pop (bien plus que doom !) qui n'est pas sans rappeler ce qu'a pu faire Anna von Hausswolff récemment. Sans le chaos et l'extravagance, bien plus dans une vague de sérénité clairement assumée. Cela me rend bien curieuse de la tournure que le nouvel opus à venir, Nekyia, va prendre.
Carrion Vael
Michaël : les américains de Carrion Vael ont mis en ligne un clip pour le titre « Kentucky Fried Strangulation », tiré de leur dernier album Abhorrent Obsessions sorti en août dernier. Ce n'est toujours pas très fin, ça vient piquer des inspirations ici ou là, ça ne connait pas d'autres vitesses que très rapide avec du blast dans tous les sens, mais c'est un death technique / mélodique assez amusant, avec parfois une vibe à la Arsis, le côté pompeux en moins. Quoi qu'il en soit, on me glisse dans l'oreillette que la dernière galette du groupe devrait être mentionnée dans la prochaine Rubrique Necro'. Dans l'attente, je vous laisse vous délecter de ce nouveau titre. It's finger lickin' good.
Darkthrone
Circé : Bien passée est l'époque milieu 2000-2010s où chaque album de Darkthrone semblait apporter une quelconque surprise dans la direction musicale du groupe (surprise toute relative – on est too old too cold ou on ne l'est pas). Depuis Arctic Thunder, Darkthrone nous sert sa recette du "old metal” : un doom aux accents black 80s/première vague sur lesquels on sent éternellement la marque de Celtic Frost, où se gravent les vocaux rugueux de Nocturno Culto. Certes, vous n'en n'avez sûrement pas fini de vomir ou de vous marrer devant la pochette du prochain album, Astral Fortress, chef d'oeuvre de l'art de l'auto-dérision s'il en est, ou de vous repasser la vidéo promo de l'album que tout chargé.e de comm jalouse, mais il est tout de même temps de parler un peu de musique. Oui. “Caravan of Broken Ghosts” est donc le premier (et sûrement seul) single d'Astral Fortress, et je ne sais vraiment pas que ce vous vous attendez à lire ici, mais non, il n'y a rien de nouveau. Une ambiance caverneuse, des riffs rampants se muant en sacades mid-tempo bien senties tout droites venues de The underground resistance, on a le droit à un mix peut être un peu plus varié que ce qu'on avait sur Eternal Hails...., mais l'esprit reste le même. Et avouez, on crierai à la trahison si ce n'était pas le cas. Bref, je ne sais pas non plus pourquoi vous perdez votre temps à lire ces lignes : cliquez plutôt sur le lecteur ci-dessous pour un tuto randonnée avec Fenriz – et rendez vous le 28 octobre chez Peaceville pour l'album complet !
Host
Varulven : Sept ans déjà que Paradise Lost sont revenus, doucement mais sûrement, vers leurs racines doom/death old school, pour le plus grand bonheur de leurs fans les plus rigoristes. Et si la nouvelle avait suscité beaucoup de surprise à l’époque, elle reste pour ma part moins grande que celle que j’ai ressenti en découvrant ce premier extrait de Host. Nick Holmes et Greg Mackintosh qui sortent un nouveau projet New Wave 23 ans après Host (l’album), cela ne tient plus de la surprise, mais du miracle. « Tomorow’s Sky » semble en effet tout droit sorti des chutes studio de la session de 1999, ayant le même rendu froid et clinique, avec toutefois plus de minimalisme. BAR martiale, boucles de synthés, couplets et refrains mémorisables en une écoute. Tout cela trituré de chorus et de reverb à outrance, dans la grande tradition du Depeche Mode des 80's. Sur ce, je vous laisse écouter, je retourne me le remettre pour la 2500ème fois dans ma batcave imaginaire.
Iskandr
Circé : Vous n'avez certainement pas manqué de voir le nom d'Iskandr circuler dernièrement, vu la productivité de l'entité néerlandaise : un excellent album fin 2021, un EP acoustique plus tôt cet année... Ce nouveau single, “Knagend Zout”, repart sur des terres plus metal, tout en jouant toujours plus avec les codes du black metal. En effet, on nous propose ici une longue ballade dans une ambiance posée au chant clair baigné dans la réverb, tempo et guitares doom. La qualification “Psychedelic doom folk” donnée en présentation du morceau sur les réseaux sociaux est assez représentative et permet à Iskandr de se différencier encore un peu plus du déjà fort éclectique cercle Haeresis Noviomagi (Fluisteraars, Solar Temple, Turia...). Aucune information n'est encore disponible sur un futur album, et si le style porte le risque de tourner en rond sur un temps long, on a tout de même hâte de voir ce que le duo néerlandais va en faire.
Aborted
Quinn : C'était annoncé depuis le début du mois, Aborted a mis fin à son historique collaboration avec Century Media Records, label du groupe depuis 2007, au profit de l'écurie allemande Nuclear Blast. Et c'est donc un single accompagné d'un clip qui ouvre le bal de ce nouveau partenariat. Intitulé “Infinite Terror”, le morceau contient tous les ingrédients habituels d'Aborted et oscille donc entre brutal death, death technique et breaks mid-tempo aux relents deathcore. Si aucun album ni EP n'a pour le moment été annoncé pour succéder à ManiaCult sorti en 2021, ce titre ne semble pas se diriger vers une révolution musicale tant la formule est similaire aux dernières sorties du groupes. Il en va d'ailleurs de même pour le clip. Attention à la redite, donc. Pour autant, difficile de bouder son plaisir tant Aborted sait être efficace et accrocheur. Reste donc à attendre de savoir ce que le groupe va nous concocter. A noter qu'il s'agit de la première sortie officielle avec le nouveau guitariste Daniel Mani Konradsson (Une Misère, Ophidian I) qui remplace Harrison Patuto (ex-Vale Of Pnath), parti en 2021, et amène sa touche de shred. Aborted est actuellement en tournée aux USA avec Lorna Shore, Ingested, Angelmaker et Ov Sulfur.
Rivers of Nihil
Storyteller : The Work, leur dernier album avait créé quelques remous sur la scène death metal prog et partagé les avis des fans, avant de les conquérir. Et c’est avec une autre nouvelle dévastatrice que Rivers of Nihil revient : Jake Dieffenbach, chanteur et membre fondateur quitte le groupe sans préavis. Les raisons sont personnelles et le plus important est de savoir que les fonctions de chanteur seront prises et assurées par le bassiste. Ces changements interviennent avant une tournée aux USA avec Killswitch Engage. Cela ne changera rien dans l’exercice d’écriture et de composition puisqu’ils sont dévolus aux membres restants depuis le début. Alors, pour les curieux qui veulent découvrir le nouveau lineup, une petite session live de Rivers of Nihil